Chapitre 18

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Retour à Nymphéa :

Ça fait quatre semaines que je m'enferme dans ma chambre sans parler à personne. Je comprends bien que Lucas s'inquiète, mais je ne parviens pas à lui parler... J'entends Natsu pleurer à travers la porte mais je ne bouge pas.

Je me lève, je vais au lycée, sans aucune envie, je ne me nourris plus, je rentre le soir, je n'enlève même pas ma veste, je m'étale dans mon lit et ne bouge plus. Je n'ai même plus la force de lire, ni d'écouter de la musique...

Habituellement, Lucas toque le matin et le soir pour voir si je vais ouvrir, et je fais tout mon possible pour ne pas le croiser. Je n'ai pas envie de m'effondrer à nouveau... Mais bizarrement, aujourd'hui, il ne l'a pas fait.

On est samedi, je n'ai pas cours, et tant mieux. Je ne voulais pas revoir la tête de « mes amis ». Loïc a essayé de venir ma parler à plusieurs reprises, mais comme je ne lui répondais jamais, il a fini par arrêter de venir me voir. Théo, lui, n'est jamais revenu... Même si les moments que nous passions ensemble me manquent, je n'irai pas le voir, je n'ai pas à m'excuser d'avoir dit la vérité.

J'en étais sûre. Plus on s'attache, plus la séparation sera douloureuse. Personne n'aime souffrir, mais à chaque fois on replonge tête la première, les yeux fermés, dans cette douleur...

Ça fait quatre semaines que je m'enferme dans ma chambre et que mon passé et mes pensées tournent en boucle dans ma tête. Je regarde l'heure. Dix heures... Il faudrait peut-être que je me reprenne, rien qu'un peu... Que je m'ouvre à Lucas au moins. D'ailleurs, il toque à la porte, mais ne dis rien. D'habitude, il me demande si je veux manger ou si je suis prête à parler. Mais aujourd'hui, rien...

Je décide donc de me lever et de lui ouvrir la porte. J'évite de le regarder dans les yeux, mais je sens que ce qu'il va me dire, risque de me toucher...

- Je pense... Qu'il faut que tu rentres chez tes parents...

J'ouvre la bouche en grand, mais aucun son ne sort. Il veut se débarrasser de moi ? Il veut m'abandonner comme tous les autres... Je ne veux pas retourner chez mes parents et changer une nouvelle fois d'école. Je ne veux pas revoir les personnes responsables de mon mal-être... Je sens mes larmes me monter aux yeux, mais je n'arrive plus à faire un geste.

- Nymphe, je sais ce que tu penses, et ce n'est pas vrai ! Je ne cherche pas à te jeter d'ici, mais tu ne me parles plus, tu ne manges plus, et tes parents s'inquiètent... Je ne sais plus comment faire pour que tu te confies...

- Lucas, s'il te plait, je ne veux pas retourner là-bas. Je ne veux pas les revoir...

Il soupir et me prend dans ses bras, et je me remets à pleurer une nouvelle fois. Je ne me suis jamais sentie aussi faible qu'à cet instant présent.

- Lucas, je t'en prie, ne m'abandonne pas toi aussi... Je vais tout te raconter, mais s'il te plaît, je n'ai pas la force d'affronter mon passé...

Mes jambes ne parviennent plus à me porter. Je m'écroule au sol la tête dans mes mains.

- Nymphéa, je ne t'abandonne pas, tu pourras toujours compter sur moi, tu peux me croire. Et je t'avoue que ce n'est pas mon idée... Moi si je pouvais je ne te laisserai jamais partir... Petite sœur.

Immédiatement lorsqu'il prononce ces mots « petite sœur », mes sanglots se calment. Je relève mes yeux vers lui, qui s'est accroupi à mes côtés. Je le regarde, étonnée.

- Quoi ? me demande-t-il en souriant.

- « Petite sœur » ? demandé-je.

- Tu ne vas pas me dire que ça t'étonne ?

La coloc de SqueezieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant