2. Ashley

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Triggers Warning : violence, bad language, mention of assault, blood, prison, panic attack


ASHLEY OLSEN 


Rikers Island, Etats-Unis, 13h15.


Tic... Tac... Tic... Tac...

Les aiguilles avancent avec lenteur, dans une symphonie angoissante. Les battements de mon cœur comblent les instants courts de silence.

Stephen King a dit dans son roman L'Anatomie de l'Horreur : « Nous sommes tous des malades mentaux. »

Il a raison. Nous sommes tous des malades mentaux, et cette révélation a réellement prit forme le jour où j'ai été transférée à Rikers Island. Croyez-le ou non, l'Enfer existe réellement, et il n'est pas dans les entrailles de la Terre, mais sur celle-ci, elle-même.

Cette île fait moins de deux kilomètres carrés de surface. Première prison de New York, deuxième plus importante des États-Unis. De bons chiffres n'est-ce pas ? Dix bâtiments, environ dix mille agents et pouvant incarcérer jusqu'à dix-sept mille détenus. On l'appelle l'île de la torture, rassurant non ? La prison a ouvert en 1932 et s'est taillé une réputation de berceau de la violence. Dans les années 1990, Rikers Island comptait jusqu'à vingt mille détenus, soit un peu moins du tiers de la population carcérale totale en France. On doit être six mille aujourd'hui. La violence y est quotidienne, et je peux vous le prouver, j'y suis actuellement. Ici, c'est celui qui provoque le conflit qui se fait tabasser ensuite.

La loi du plus fort, un peu comme dans les films de gangsters. Tu es faible, tu crèves, aussi simple que ça.

Ce bout de terre sent la mort jusque dans les cellules de vivants. Mes draps sont sales malgré les lavages, tâchés de sang comme le mur qui me fait face. Vous savez ce que je déteste plus que cette prison ? Les hommes. Avec un petit h. Ils ont des couilles alors ils se permettent de faire des choses interdites. Peu importe l'âge. Au moins ici, je ne peux pas tomber plus bas que je ne le suis actuellement.
En fait, il y a tout juste cinq minutes, Joe Peterkins a essayé de rentrer dans ma cellule, et pour sa cinquième tentative, on peut dire que c'est une réussite. Mon uniforme orange est maculé de son propre sang, les tâches allant de ma tenue jusque ma peau terne, alors que je ne lui ai donné que quelques coups. Un sourire à la fois mauvais et satisfait se dessine sur mes lèvres lorsque les gardiens me tirent hors de la pièce alors que ma victime se débat dans leur bras.

- Espèce de salope, je vais te baiser !

- C'est triste de ne connaître que ces sept petits mots Joe, je ricane en crachant un peu de sang sur l'agent de sécurité qui me pousse contre le mur de briques. Eh, là, tu veux que je dise à ta femme que t'aime bien quand c'est violent... Eliott, je demande en regardant l'étiquette de sa chemise bleue.

- Ferme ta gueule Olsen ! Assène-t-il en me tordant le bras dans le dos. Comment tu veux blanchir ton dossier si t'es pas capable de rester tranquille plus de deux petites heures ?

- Gardez vos porcs dans leurs caisses et peut-être que je resterais sage.

- Petite pute ! S'exclame le détenu en se débattant toujours.

- De mieux en mieux. Mais quelle vulgarité mec !

- Emmenez-le en isolement. Quant à toi, tu vas me nettoyer le sol et bien vite.

D'un coup violent et sec, il me pousse à l'intérieur, me laissant me ramasser sur le sol dur et abimé de la cellule. Un hoquet de douleur franchit la barrière de mes lèvres lorsque je sens ma peau s'ouvrir lors de ma chute. Les infirmiers se contentent de mettre de jolis pansements sur des plaies qui auraient besoin de points de sutures. Par chance, échanger des cigarettes et des joints contre du fil médical et une aiguille reste dans mes cordes. Mais je peux vous dire que recoudre son corps seule, est affreusement douloureux. L'anesthésie n'existe pas ici. Mais faut croire que je l'ai mérité. Tuer Damian aura été ma pire erreur.

HELLWhere stories live. Discover now