HELL

5. Colère

Triggers Warning : This chapter contains scenes of violence, anxiety, but also behavioural problems and drugs.

KIYO GREYSON 

Un doux mensonge, ont-ils dit à la sortie du tribunal.

Je n'ai pas tout de suite compris ce que ces mots signifiaient, mais c'était leur façon de communiquer avec elle. Ma colère n'est rien comparée à la souffrance qui les unis.

Le regard qu'elle pose sur moi à cet instant malmène mon cœur comme jamais il n'a été malmené. Un ouragan semble se déchaîner à même son petit corps crispé face à ce sac plein de vêtements. Et je ne devrai pas ressentir de la peine, mais après cette audience, je suis incapable d'éprouver autre chose que de la colère et de la pitié pour cette femme qui me révulse. Son corps secoué par ma douleur et l'incompréhension qui plongent son cœur dans les abîmes de sa noirceur. Olsen englouti tout sur son passage, les émotions s'emmêlent entre elles, formant des nœuds indéchiffrables. Mais sa fragilité disparaît bien vite derrière le masque qui se forge sur son visage a une vitesse ahurissante. Elle remet ses barrières en place, faisant disparaître cet instant d'incertitude. Sa respiration est hachurée, mais elle s'efforce de reprendre un contrôle total sur elle-même.

- Pour combien de temps, demande la jeune femme en relevant la tête dans ma direction.

- Le temps qu'il faudra pour te rendre dingue, intervient Liam qui lève les yeux au ciel avec un air mauvais.

- Je le suis déjà, Graham. Si tu crois que voir ta sale tête tous les matins va y changer quelque chose, tu te trompes.

- Sale garce...

Liam la fusille du regard alors qu'elle prend un malin plaisir à l'embêter. Plus aucune trace de tourmente n'est visible. Son sac d'affaires est dans ses mains, et elle le serre de toutes ses forces, au point de rendre les jointures de ses mains blanches. Mais son attention se reporte bien vite sur moi, et je me crispe presque automatiquement, alors elle se contente de souffler en le remarquant, détournant aussitôt le regard.

- Pathétique. T'es juste pathétique, Greyson.

Ces mots me font aussi mal que des coups de poignards dans le ventre. Sans réfléchir, j'empoigne le col de son sweat, la surélevant légèrement du sol sans y prêter une réelle attention. Les images des instants précédents tournent en boucle dans ma tête. L'arme collée à son front. Ses paroles pleines d'un venin non dissimulé. Ses prunelles vertes se plongent dans les miennes sans crainte, comme si elle savait que j'étais incapable de tuer. Ses lèvres s'entrouvrent lorsqu'elle s'apprête à parler de nouveau, mais je ne peux m'empêcher de serrer plus fort, incapable de réagir de manière rationnelle.

- Tu es incapable de passer au-dessus de cette douleur qui te ronge, alors tu rejettes toute la faute sur moi.

- Ferme ta gueule, Olsen.

- Si vous ne l'aviez pas laissé venir cette nuit-là, il serait toujours avec vous. Et mieux encore, si vous n'aviez pas accepté un gamin aussi jeune dans vos rangs, il serait toujours en vie.

- Tais-toi, putain.

- Tu sais pertinemment que j'ai raison, Greyson, tu es juste bien trop dans le déni pour l'accepter.

Sa voix m'insupporte. La haine s'insinue jusque dans mes veines, le sang pulse dans mes oreilles, brouillant mes sens avec une facilité déconcertante. Dans un élan impulsif, je repousse la jeune femme avec violence. Ses pieds glissent sur le sol, et encore une fois, son dos heurte le mur avec brutalité. Les garçons ne bougent pas, observant ce déversement de haine restée bien trop longtemps enfouie dans nos cœurs. Sa respiration est saccadée sous l'effet du choc, mais elle s'efforce de se redresser, une colère non dissimulée sur le visage. Mais un rictus moqueur étire ses lèvres tremblantes à cause de cette déferlante d'émotions plus contradictoires que les autres.