"La vraie vie est si souvent celle qu'on ne vit pas. " O.Wilde

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Douleur. C'est ce qui ramena son corps inconscient à la conscience. Elle inspira profondément, se redressant d'un geste brusque alors que son regard hanté revoyait ce coups venir lui broyer les côtes... Elle avait eu si mal. Aucunes de ses chutes à vélo ne l'avaient pas menée à une telle douleur. Elle souffrait comme elle avait souffert deux jours après sa commotion, lorsqu'elle avait été éjectée de son vélo et avait rencontré le sol avec son front...
- Doucement, doucement, tu vas te faire mal ! la calma une voix douce. 


Aéna croisa le regard d'une femme au sourire rassurant qui était assise à son chevet. On l'avait placée sur un lit, dans une chambre sobre.

 La femme qui l'avait rassurée était une dame d'une cinquantaine d'années, aux cheveux d'un argent noble et aux rides profondes. Son visage semblait marqué par le  temps et par les tracas. Elle arborait un léger sourire qui se voulait rassurant. elle dégageait quelque chose d'apaisant et de réconfortant. 

- Je... Où suis-je? Qui êtes - vous ? lança d'une voix rendue rauque par sa gorge sèche, Aéna. 

- Tu es dans le palais de la meute. Tu as été blessée par des hommes de Whyte, expliqua-t-elle en lui offrant un verre d'eau qui était jusque là posé sur la table de chevet. Evan vous a trouvé à temps, Din et toi, lâcha-t-elle si bas que la jeune fille ne l'entendit pas.

Aéna but, sans lâcher des yeux la femme qui était assise à son chevet. Elle lança alors un regard effrayé à l'extérieur, comme frappée par le souvenir de ses tracas quotidiens : sa présentation... 

- Il est quelle heure ? Dites moi qu'il est tôt... supplia-t-elle la femme, anxieuse. 

- Sois apaisée, il n'est que 9h du matin mon enfant, tenta  de la calmer la femme, troublée et inquiète par son ton . 

- Non non non...  

Elle quitta le lit d'un bond, laissant la pauvre femme bouche bée, enfila ses chaussures qui gisaient plus loin, et se précipita hors de la pièce. Elle trouva un escalier descendant, et le prit sans hésiter. Sa panique de ne pas pouvoir passer son oral semblant la guider spontanément vers la sortie. Elle se retrouva dehors sans mal, ravie de constater qu'elle n'était pas au milieu de nulle part. Elle était juste à Place Poelart , mais elle ne prêta aucune attention à cela : elle avait un endroit à rejoindre : l'université ! 

Le groupe n'avait pas présenté leur sujet. Ils n'avaient pas voulu prendre le risque de se faire descendre sans que Aéna soit présente...Elle avait couru pour se retrouver devant le seul membre du groupe qui avait choisi de la confronter, les autres lui ayant envoyé des messages bienveillants espérant qu'elle aille bien.. Evidemment que son ex, ce connard  frustré, allait saisir l'opportunité qui se présentait pour lui cracher sa haine au visage...

Elle était sortie avec ce rustre une seule semaine et n'avait eut à le fréquenter que deux fois pour mettre un terme à cette proto-relation. Forceur, il était très collant et très tactil avec Aéna, ce qui ne lui plaisait guère... De plus le jeune homme était maladivement possessif et avait un besoin constant d'encadrer ses sorties, ses shifts, ses fréquentations... La plupart des amis, les seuls amis, d'Aéna étant des garçons, elle avait subi une semaine de pure et ridicule jalousie. 

Lorsqu'elle avait rompu, par messages, il lui avait dit que leur relation ne pouvait fonctionner si seul lui faisait des concessions,  ce qu'elle n'avait pas relevé, jugeant cela puéril d'argumenter... 

Elle fut tirée de ses pensées en sentant une pression sur son menton. Il le lui avait saisit, disant, agacé : 
- Tu m'écoutes oui? 


Elle se dégagea d'un geste, agacée d'être touchée par cet imbécile, et siffla : 
- J'en ai assez de tes bétises, je pars. 


Elle descendit les marches qui la menaient à la sortie du bâtiment, frustrée de ne pas avoir pu passer son oral, agacée d'avoir subi cet idiot, effrayée par tout ce qu'elle ne saisissait pas et qui s'était joué la veille... 
-Aéna ! Attends ! J'ai quelque chose d'important à te dire ! 


Elle soupira. Il allait encore l'emmerder avec ses états d'âme... 
- Et moi je n'ai rien à te dire, Emer, grogna-t-elle, se massant les côtes, là où elle avait été frappée la veille. Elle n'aurait pas dû courir. Elle se sentait titubante, et la douleur était tellement vivace que c'était comme si ses côtes s'étaient à nouveau cassées... 


Son bras fut saisi si violemment qu'elle tituba en arrière, manquant de tomber. 
- C'est très important, tu ne mesures pas ce que je ressens, Aéna, dit-il, son poing enserrant son avant bras au point où c'en était douloureux. 

- Lâches-moi Emer, c'est la dernière fois que tu te permets de me toucher ! gronda-t-elle, avec moins de prestance qu'elle ne l'aurait voulu, la douleur à ses côtes la déchirant. 

- Je tiens à toi, tu le sais... 

- Tu tiens à me contrôler , nuance, le coupa-t-elle avec froideur.

Il posa une main sur sa hanche pour rapprocher leurs corps, la faisant gémir de douleur : il pressait sur son côté blessé... 
- Tu vois bien que ton corps ne trouve pas déplaisant mon toucher : tu gémis...

- Idiot ! cracha-t-elle en le repoussant de toute la force qu'elle avait, le faisant reculer d'un pas. Tu me fais mal, c'est un gémissement de douleur! 

- Si tu ne me fuyais pas, on pourrait parler sans que j'aie à te tenir, l'accusa-t-il, en colère à présent d'avoir été à nouveau repoussé. 

Elle grommela des insultes, se détournant de lui pour partir. Il tendit le bras pour à nouveau la retenir lorsqu'une poigne de fer l'immobilisa. Il croisa le regard écarlate d'un inconnu, portant un pantalon de tailleur et une chemise et aux cheveux d'un brun noisette ramenés en arrière. 
- N'a-t-elle pas été claire? demanda-t-il d'une voix doucereuse. 
- Qui ?
- Toi ?! s'exclama Anéa, à la fois surprise et étrangement satisfaite de le voir.
- Tu es partie si vite que ma mère a paniqué, lui notifia-t-il en lui adressant un sourire charmeur. 

- Ta... oh... Je ne voulais pas l'inquiéter, se s'entendit-elle naturellement dire, sincèrement soucieuse de cette dame qui l'avait veillée. 

- HA ! Tu as un nouveau compagnon à ce que je vois ! Tu te plaisais à jouer de mon amour, espèce de garce ! aboya Emer en tentant de faire un pas vers la jeune fille. 

- Assez de cette impolitesse, siffla Evan en raffermissant sa prise, faisant flancher le misérable qui insultait Anéa. 

- Tu vas le regretter, gronda Emer, son regard emplit de sombres promesses plongé dans celui fatigué et effrayé d'Anéa. Elle n'avait jamais vu autant de haine en un regard... 

- Puis-je le faire taire à jamais, demanda Isaac, debout non loin, semblant surgir de nulle part. 

- Non, il n'en vaut pas la peine,commenta Evan en repoussant Emer pour aller vers Anéa qui se tenait le côté.  Tu as mal? demanda-t-il, sincèrement soucieux. Je le sens... 

-Je crois que je n'aurais pas dû courir, lâcha-t-elle dans un rire nerveux. Mais je vais rentrer... ça ira... je n'ai pas besoin de ton aide...
-On va te soigner, promit-il en la soutenant.
-Non ! Je vais bien ! Je rentre chez moi!Elle se dirigea vivement vers la sortie, faisant abstraction de son mal-être, du paysage qui vacillait devant ses yeux. Elle voulait juste rentrer et de reposer...


Ses jambes se dérobèrent sous elle, la douleur et l'épuisement ayant raison de ses maigres forces. Elle sentit qu'on la soutenait, alors que ses yeux et ses forces fermaient l'accès à sa conscience...
- Quel bazar, soupira Isaac.
-Elle a besoin de soins, rentrons, se contenta de dire Evan qui avait soulevé la jeune fille avec délicatesse.
- Je n'en ai pas fini avec vous, grognait, rouge de colère, Emer, debout plus loin, agacé d'être ignoré.

Au Nom de ma Liberté...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant