"Je m'adresse aux miens et je me lâche et me confesse" Sniper

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Nola trainait depuis quelques semaines avec un groupe de jeunes diplômés qui avaient été dans sa faculté l'année précédente. Elle les avait rencontré au bal facultaire et depuis, elle enchainait les soirées avec eux.

Assise à la cafétéria de la bibliothèque, pour leur quatrième journée d'étude consécutive, buvant leur troisième café de la journée, Aéna l'entendait narrer quelques une de ces soirées avec scepticisme. Ils avaient tout des jeunes adultes refusant de quitter leurs belles années et cela l'inquiétait. Pour son amie du moins.

-T'es sure que c'est une bonne idée de traîner avec ces gens, lança-t-elle sur le ton de la conversation.

- Dixit la meuf absente depuis des semaines qui répond quasi pas aux messages et se retrouve dans un couple sans même m'en parler, lui répondit sèchement Nola.

Aéna haussa un sourcil. Ok. Son amie lui en voulait pour le tournant bazardé que sa vie avait pris depuis l'accident de vélo où elle avait rencontré Evan et découvert tous les tenants et aboutissants de la vie des créatures de la société des Créatures. Évidemment, Nola ne savait pas cela. Elle n'avait pas trop envie de la mêler aux histoires de la Meute ni des Loups Garou qui visiblement rencontraient des conflits de légitimité de manière assez récurrente. Toutes les séries, tous les romans, le montraient bien : la meilleure amie finissait souvent tuée ou utilisée contre son amie dont la vie avait basculé...

- Je t'ai dit que c'était pas facile depuis mon déménagement, soupira Aéna.

- Bah pour moi non plus c'est pas facile ok. Hugo m'a larguée comme une merde et depuis c'est le bordel dans ma tête. Je suis... J'ai besoin de vivre, besoin de me sentir vivre pour aller de l'avant. Et ces gens là que tu critiques sans les connaître bah ils me font vivre, me sentir vivre.

- Ok ok, pardon, j'ai pas été une amie présente ces dernières semaines, mais j'ai le droit de te partager mon feeling, non? grogna Aéna, faisant tournoyer le fond de café dans sa tasse pour ne pas poser un regard plein de colère sur son amie.

- Viens boire un verre avec nous ce soir, et tu verras, il sont géniaux ! Et puis tu trouveras peut être quelqu'un pour te faire oublier ta relation à distance que tu refuses de m'expliquer.

-Tu es vache ! Je t'ai dit que c'était compliqué ! Mais de là à tenter de me caser, c'est culotté ! Surtout que tu sais ce que Jules a fait !

-Bah , justement, si ton mec était un bon, Jules t'aurais jamais touchée.

- Quoi? Mais tu ne penses pas ce que tu dis, Nola...

- Bah quoi? Ça crevait les yeux que Jules avait des vues sur toi.

- Et ça impliquerait quoi?

- Que ton mec aurait dû s'en rendre compte, simplement.

- N'importe quoi, grogna Aéna en claquant sa tasse sur la table, se levant pour retourner étudier, laissant son amie derrière elle. Elle sentait l'indignation de sa Luna, au fond d'elle, qui dans un grondement silencieux exprimait son désaccord face aux propos de son amie. Nola n'avait jamais eut sa langue dans sa poche, mais là... Elle avait vraiment déraillé...

Les deux jeunes filles étudièrent jusque tard, quittant la bibliothèque pour sa fermeture et ne revenant pas sur leur désaccord. Cela fonctionnait souvent comme ça dans leur amitié : Nola dépassait les bornes, un froid se posait quelques semaines, puis leur relation redevenait ce qu'elle était. Parce que Aéna, dans cette amitié et dans ses relations, acceptait les torts de ses proches. Peut-être que la peur d'être seule, isolée, sans personne, l'avait construite ainsi... Mais... Depuis que Evan était entré dans sa vie, de manière certes chaotique et handicapante de par tous les dangers qu'elle rencontrait de par son lien à la Meute, cette peur de l'abandon, cette insécurité qui lui déchirait le coeur avec une douloureuse lenteur à chaque regard désapprobateur, s'effaçait. Elle sentait, il lui faisait comprendre, les membres de la Meute lui faisaient comprendre qu'elle pouvait être elle-même. Qu'elle pouvait être fâchée, déçue, agacée, joyeuse, sans culpabiliser. Elle pouvait vivre mille et une aventures:

-Viens boire un verre avec nous ce soir, et tu verras, il sont géniaux ! Et puis tu trouveras peut être quelqu'un pour te faire oublier ta relation à distance que tu refuses de m'expliquer.

- J'ai vraiment envie de rentrer me reposer, tenta de la contrer Aéna.

- Bah tu dis bonjour à mes potes, tu bois un petit verre, et tu files ! T'es pas obligée de la faire tard ! argua Nola.

- Nola...

- S'il te plaît ! Y a Mike qui au vu de ton compte instagram n'a qu'un hâte : te rencontrer !

Aéna se figea, ses sourcils se fronçant, alors qu'elles étaient sur la rue Marché aux Herbes, descendant vers la place de la Bourse. Elle lança, agacée :

- Comment ton pote pourrait avoir vu ma page alors qu'elle est en privé ?

- Il se peut que j'ai montré ta page à mon groupe de potes pour qu'ils mettent un visage sur ton nom, avoua Nola dans un sourire qui se voulait rédempteur.

- Ils ne savent pas se contenter d'une photo de profil facebook ces gens, et toi tu ne comprends pas la notion de compte privé en fait ? l'attaqua Aéna, peu ravie que ses photos de vacances et de vie quotidienne soient montrées à de parfaits inconnus qu'elle ne sentait déjà pas.

Nola ne faisait que rendre sa fin de semaine de moins en moins agréable alors que de base, elle comptait sur elle pour la faire oublier les bazar du Manoir et sa porte de chambre taguée ! Voilà quatre jours qu'elles étudiaient, papotaient, dans la plus grande douceur. Mais depuis que Nola avait introduit ses amis dans la conversation, un fossé se creusait entre elles.

- Alleeeezz, Mike est super gentil, tu verras, et puis, ça va pas durer, promis ! Ne m'abandonnes pas alors que ça fait des semaines que tu m'abandonnes !

Prise au piège par la culpabilisation vicieuse de son amie, Aéna soupira et accepta. Elle suivit son amie au Irish Pub où le fameux groupe les attendait.

- Je viens pour toi, ok? Pas pour cet inconnu, la corrigea Aéna.

- Si tu veux, roula-t-elle des yeux, ennuyée.

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Au Nom de ma Liberté...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant