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𝕁𝕒𝕞𝕚𝕝𝕒

Un peu plus tard dans la journée, je retourne voir Nex, qui est allongé sur le canapé poussiéreux en train de faire je-ne-sais-quoi sur son téléphone.

- Eh, il faudrait que nous allions acheter des produits ménagers et qu'on fasse le ménage comme tu me l'avais promis il y a déjà pas mal de temps.

- Mmh.

- Je ne parle pas l'ours couramment.

Il dévie son regard de son téléphone et me dévisage.

- Je suis fatigué. J'ai passé la putain de nuit dans les bois au cas où tu aurais oublié, alors pas maintenant.

- Oh.

Je m'éloigne donc de lui, et me dirige vers la cuisine. Là, je m'y sers un verre d'eau, et en bois une gorgée tout en me rapprochant de lui, qui à de nouveau le regard rivé sur son téléphone. Je me rapproche très près de lui et lui balance ensuite mon verre d'eau à la figure.

- Putain ! fait-il en se redressant dans le canapé et en me fusillant du regard.

- C'est bon, tu te sens plus éveillé ?

Il serre la mâchoire et se lève lentement.

- Pourquoi... tu as... fait ça ?? demande-t-il, et je sens la colère à peine dissimuler dans sa voix.

- Disons qu'en plus de te mettre un coup de boost, ce verre d'eau était ma vengeance personnelle. Après tout tu m'as bien dit que tu aurais dû me laisser partir avec ce type qui voulait probablement abuser de moi.

Imperceptiblement, je vois son visage se radoucir.

- Si tu as cru une seconde à ce que je t'ai dit, c'est que t'es encore plus idiote que ton apparence physique ne le laisse penser.

- Eh. Il reste encore de l'eau à la cuisine si t'as encore besoin que je te rafraichisse les idées.

- Ose.

- Ne me tente pas.

Il fait quelques pas vers moi. Puis se retrouve à a peine quelques centimètres de mon corps en une enjambée. Malgré ça, je ne bouge pas d'un poil. Il se penche soudain verre mon oreille, attrape ma nuque de l'une de ses mains et murmure :

- Je te tente déjà à longueur de journée, Jamila.

Puis il recule sa tête de mon oreille et nos visages ne sont plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Nous fixons les yeux dans les yeux pendant une dizaine de secondes sans qu'aucun de nous ne dise quoique ce soit. Soudain, je sens une de ses mains se poser sur ma hanche, et commencer à remonter très lentement sur ma taille, puis mes cotes.

- Qu'est-ce que tu fais, Nex ?

- Ce que j'ai envie de faire.

Non. C'est trop facile pour lui, c'est hors de question. Même s'il a passé la nuit dehors en me cherchant, ça n'efface pas les paroles blessantes qu'il a eu hier à mon égard. Je le repousse donc, de mes deux mains sur son torse.

- Bien essayé, mais tu n'y couperas pas. Ménage.

*****

- On prend ça ?

- J'ai une gueule à m'y connaitre en ménage ?

- Je réponds ce que tu veux entendre ou la vérité ?

- Ta gueule, assène-t-il.

Etant une fille bien née, je n'ai jamais eu besoin de faire le ménage, alors je ne sais pas du tout quoi prendre.

- Prends les trucs les moins chers et puis basta.

Je lève les yeux au ciel. Je ne vois quasiment rien à cause des lunettes de soleil que je porte pour cacher mon identité. A ce propos, je ne sais absolument pas ce que deviennent les recherches pour moi et Nex. Sont-ils toujours en train de nous retrouver aussi ardument ? Où ont-ils déjà commencé à laisser tomber ? Ce qui m'arrangerait fortement, au passage. Si tout va bien et tout se passe comme prévu, je pense aller retrouver mes parents dans quelques mois pour leur dire que tout va bien et que Nex ne m'a surement pas enlever. Bon, c'est très probable qu'ils ne me croient pas et pensent que j'ai déclenché le syndrome de Stockholm, mais peu importe. Je serai majeur et je n'aurai plus de comptes à leur rendre.

- T'apprends les étiquettes par cœur ?

Je me retiens de lever à nouveau les yeux au ciel suite à la remarque de mon très aimable colocataire.

- Non, je les observe pour m'assurer qu'il n'y a pas de mots trop savants pour toi.

- Ta gueule.

Innove, mec.

Je finis par prendre quelques trucs qui me semblent faire l'affaire, en espérant que nous n'abimerons pas plus la vieille maison, qui risquerait de ne pas s'en remettre.

Une fois que nous sommes sur le chemin du retour, je me sens l'âme curieuse.

- Dis-moi, tu comptes rester dans cette maison combien de temps ?

- J'sais pas.

- Et tu vas faire quoi après ?

- Essayer de me remettre des traumas d'avoir vécu avec toi.

Je lève les yeux au ciel pour la énième fois de la journée.

- Des fois tu me fais penser à mon père, il avait cette tendance à toujours tout dramatiser.

J'ai l'impression qu'il se crispe légèrement à l'entente de mes paroles, mais je ne relève pas, j'ai sans doute mal interprété.

- De nous deux, tu es -et de loin- la plus dramatique. Je sais à qui le blâmer maintenant.

Je lui montre mon majeur et plus aucun de nous ne prend la parole jusqu'à ce que nous soyons rentrés. Allez, maintenant il va être temps de se mettre au boulot. Et j'ai comme l'impression qu'avec Nex pour partenaire, ça va être très, très compliqué.

N & JTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon