Chapitre 3 Pan !

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Pendant les 4 jours à patienter avant la vraie rentrée, ma mère avait du travail et la météo était maussade alors j'ai passé quasiment tout mon temps sur mon téléphone ou mon ordinateur. J'ai fait pas mal de parties de jeux vidéo avec Emile et Tara, et Juliette m'a renvoyé quelques messages bien qu'elle semblait plutôt occupée. Hier, Julien m'a proposé de sortir, mais j'étais au restaurant avec mon père. Il m'a raconté son récent voyage en Colombie et m'a même ramené quelques feuilles de coca à mâcher. Il m'en a carrément vanté les vertus, notamment pour la concentration durant les examens.

Dit comme ça, on dirait franchement un père indigne qui refile de la drogue à son fils en plus d'être absent, mais ça n'en a que l'apparence. Bon, je l'admets, j'ai d'abord été un peu surpris voire même sur la réserve. Parfois, j'ai l'impression d'être plus responsable et normal que mes parents et peut-être qu'au fond, ça peut parfois m'agacer à cause des regards extérieurs, mais en vérité, ça n'a rien avoir avec une question de responsabilité. Mon père a tellement voyagé dans sa vie, il a tellement vu de cultures, de personnes, qu'il ne peut qu'avoir un regard différent, et je dirais même, plus ouvert, sur la plupart des choses. Après tout, ces feuilles de coca ne sont pas vraiment plus dangereuses qu'une canette de Coca remplie de sucre tous les soirs. Je lui ai donc dit que j'essaierai les feuilles uniquement s'il est avec moi le moment venu.

De mon côté, je lui ai raconté plus en détail le déménagement, mes premières impressions dans cette ville et ma rentrée. J'ai notamment évoqué Freddie, chose que je n'avais pas eu le courage de faire au téléphone. Il n'a pas réellement eu l'air de comprendre ce que je ressentais même s'il n'a eu aucune parole décourageante. J'en ai déduit qu'il n'avait jamais connu pareil sentiment lui non plus. Cela m'a donné envie de lui poser davantage de questions sur sa vie sentimentale, mais je n'ai finalement pas osé. Il est assez mystérieux à ce niveau-là et je crois que j'ai toujours eu peur d'en savoir trop. Je lui ai également rapidement parlé de Juliette et pour le coup, il a eu l'air plus à l'aise. Nous nous sommes ensuite quittés en nous donnant rendez-vous le week-end d'après pour une après-midi randonnée.


Ce matin, je me réveille presque plus angoissé que le jour de la réunion sans vraiment comprendre pourquoi. Je fais de nouveau un petit effort vestimentaire en enfilant un short beige et un polo blanc et face au miroir de la salle de bain je mets plus longtemps que d'habitude à coiffer le peu de cheveux que j'ai sur le crâne. Je ne suis certes pas du genre à accorder beaucoup d'importance à mon apparence, ça n'empêche que ça joue toujours un peu au début. Il faut être réaliste.

Dans le bus, j'ai le même réflexe qu'il y a quatre jours. Je scrute chaque visage dans l'espoir d'y voir une tache de vin, sans résultats.

Sérieux, je crains ! Je déteste ce sentiment de frustration ! J'ai presque envie de me promettre de m'empêcher de faire ça.

Je passe une main sur mon visage pour calmer ma frustration et tente de penser à autre chose.  A la place, focalisant mon regard sur les bâtiments qui défilent à travers la vitre du bus, je repense à la perspective de croiser Juliette, sa sœur, Elliot et Julien. Si je m'écoutais, j'irais directement voir Elliot, mais je ne veux pas me montrer intrusif. Soit je trouverai un moyen de m'approcher qui ait l'air naturel, soit je prendrais mon mal en patience.

Une fois arrivé sur le domaine universitaire, je trouve assez facilement l'amphithéâtre où je m'apprête à suivre mon premier cours de psychologie du développement. A l'intérieur, il y a déjà près d'une quarantaine d'étudiants déjà installés alors que je suis plutôt en avance. Je fais un tour d'horizon pour voir si je reconnais une tête familière. En contrebas, assez proche du tableau, je repère assez facilement les jumelles. Je prends un instant pour me demander si je les rejoins tandis que d'autres étudiants passent les portes derrière moi. Seulement, avant d'avoir le temps de me décider, Juliette tourne la tête vers moi, comme si elle m'attendait. Le sourire timide et pétillant qu'elle m'adresse prouve qu'elle m'a vu et reconnu. Pendant une fraction de seconde, ce court échange me fait me dire que je ne vais pas pouvoir me dérober à venir m'installer près d'elle, mais elle détourne son regard sur son ordinateur comme si, finalement, elle ne m'avait pas vu.

"L'amour" selon AndyWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu