Chapitre 7

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Les préparatifs pour accueillir les ambassadeurs étaient achevés. Deux mois étaient passés et Luinil s'apprêtaient à les recevoir pour le lendemain.

L'angoisse lui rongeait le sang. Elle pressentait grandement l'événement.

Ces réunions interraciales lui permettraient d'avancer ses propres pions. Elle devait tourner les choses à son avantage, faire pencher la conclusion des accords en sa faveur.

Assise sur un banc de jardin, elle observait son arataya jouer dans la neige.

Cadeau d'Handelë, l'énorme reptile aux pattes puissantes se dotait exceptionnellement d'une carapace dorée. Ses écailles solides renvoyaient une teinte mordorée partout où il allait.

Si l'animal ne montrait à cet instant aucune agressivité, la longueur de ses crocs traduisaient sa réelle nature.

Un épais collier serti d'émeraudes entourait son long cou, ce qui permettait à sa propriétaire de le tenir en laisse.

D'habitude, ces créatures vivaient en meutes, dans les vastes déserts de Narraca. Luinil en avait fait ramener quelques-uns pour constituer un élevage assez macabre : ces monstres servaient la plupart du temps aux exécutions. Voir les criminels dévorés amusait la cour.

Fimou se roula dans la neige, sa longue queue battant l'air. Sa race s'apparentait sans aucun doute à celle des dragons du grand Nord.

— Curieux animal de compagnie !

Luinil lança un regard au duc sans le saluer. Elle se demanda où était Alma, à cet instant.

— Les aratayas ont une mâchoire capable de sectionner des membres d'une simple claquement. J'aime cette puissance.

Elle se leva et se dirigea vers ses appartements. Ilvanar la suivit avec un sourire en coin. Sa forte carrure intimidait comme sa chevelure flamboyante, coupée court. Un bouc de plusieurs jours affinait son visage légèrement méprisant alors qu'un regard en coulisse en disait long sur ses réelles intentions.

— Êtes-vous toujours décidé à couper le financement de nos armées, Ilvanar ?

Ils passèrent l'entrée pour retrouver la chaleur des appartements. Le duc retira le manteau de sa souveraine avec une prévenance que la reine n'apprécia guère.

— J'ai longuement étudié la question et j'en ai conclu que je n'avais plus d'intérêts à entretenir l'armée.

Luinil piqua un fard :

— Que voulez-vous exactement, Nilcalar ?

Le duc s'adossa à un mur sans lâcher la reine du regard :

— La peur se lit sur votre visage, Majesté. Vous ressemblez à une bête traquée.

Elle pouffa de dédain :

— Mais encore ?

— Ce ne sont pas n'importe quels diplomates qui nous viennent. Les rois ont envoyé leur atout les plus fidèles pour nous réduire en cendres.

— Je suis au courant.

— Vous savez que le prince des Falaises Sanglantes sera présent. Il sèmera des morts sur son passage, quoi que nous fassions. Et vous serez la première cible.

Danse Macabre - Tome 1 - AmbassadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant