Chapitre 3

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Le réveil pique et je ronchonne. Pourquoi devons nous nous lever aussi tôt ?
Je vois Maïwenn enfoncer sa tête blonde dans son lit lorsque je passe près de sa chambre . Elle n'a jamais été du matin. Aziliz égale à elle même est entrain de se préparer le petit déjeuner, le sourire aux lèvres. Parfois j'aimerais être comme la brune, faire comme si tout va bien. Pourtant je sais que tout n'a pas toujours été facile pour elle mais elle a cette tendance à se relever qui m'a toujours fasciné. A l'inverse, je passe mon temps à broyer du noir même si généralement je ne le montre que face à mes copines.

La chaleur dans l'habitacle m'empêche de respirer correctement.  Sous mes cheveux épais, des perles de sueur dégoulinent. Les pneus crissent et la voiture s'arrête. Nous sommes arrivées sur une place.  Une église trône en plein milieu. Tout est de pierres et de dalles. Je supplie les filles de nous arrêter à un bar avant d'aller faire du cannoying.  Les rayons du soleil sont comme une caresse sur ma peau.

"Les espagnols sont vraiment trop beaux ! "

Les yeux verts de Maïwenn lorgne sur un brun, les cheveux bouclés. Sa peau est tannée par le soleil et mets en avant ses yeux bleutés.  Il est pas si moche, peut être un peu trop grand pour moi. Après avoir fini mon verre de coca et avaler un sandwich au thon, nous nous dirigeons vers le cannoying. L'endroit est incroyable. Des roches sont tapis de mousses vertes et des cascades se dressent devant nous. Quelqu'un nous tend un casque et une tenue de protection pour sauter. J'aurais préféré descendre en rappel mais les filles sont plus audacieuses et ont décidé de sauter sans rien. Mon cœur bat fortement comme lorsque je passais ces stupides oraux en cours. Je déteste la hauteur et même si je vois l'étendu sous mes pieds, je suis effrayée. Aziliz saute en première hurlant de joie. Puis je vois Maïwenn me fixer. Elle est pâle. Je comprends alors qu'elle n'est pas plus fière que moi alors je lui souris pour me donner contenance, je m'approche du bord et me jette. Le vent s'engouffre sur mon corps puis l'eau glacée réveille mes pores. Je ris. Cette sensation est exquise. Je recommence l'exercice plusieurs fois. Nous chahutons et ça me libère. Je suis heureuse.  Après cette journée exquise, nous rejoignons l'appartement que nous avons loué pour trois jours. Laissant celui à Portbou, nous profitons. Nous nous sommes renseignées, nous avons la possibilité de reprendre des appartements facilement sur la côte. Nous commençons à vivre au jour le jour et même si j'ai cette peur de l'inconnue, je commence à apprécier ce choix.
Nous nous endormons rapidement ce soir, trop fatiguées de notre après-midi.

Aujourd'hui, mon corps est endoloris. J'ai des courbatures mais je souris. Je suis heureuse tout du moins j'ai des heures d'insouciance à m'offrir.
Je chausse mes chaussures de marche, réajuste ma brassière de sport et fais signe aux filles que je suis prête. Nous quittons l'appartement direction les hauteurs. Aujourd'hui,  nous nous balladons dans les montagnes de Cervera.
Nous commençons à marcher sur un sentier, nos sacs à dos sur les épaules.
Les filles sont derrière moi. Je suis celle qui excelle le plus en randonnée. J'adore ça. La nature m'apaise.  Le bruit des oiseaux qui chantent, les papillons qui volent dans l'air. Parfois j'aime être seule et au détour d'un chemin quand je suis sûre que personne n'est autour, je m'abandonne à quelques notes de musique qui font se mouvoir mon corps. Aujourd'hui je ne pourrais pas faire ça mais je chantonne. Nous pouvons voir la ville s'éloigner à chacun de nos pas et plus nous nous enfonçons dans les bois verdoyants plus mon sourire s'élargit. Le feuillage cache maintenant la tour de Cervera. Nous nous posons 5 minutes sur un rondin pour boire. C'est ce moment que je choisis. Nous sommes seules et j'ai envie de partager mon moment aux filles alors je cherche la musique qui rythme mon cœur depuis quelques semaines. Le son de Camilla Cabello commence à faire son chemin à travers l'air et je commence à faire n'importe quoi. Les filles me regardent d'abord avec les yeux ronds avant de me rejoindre dans ma danse endiablée. Nous rigolons tellement que nous n'entendons le bruit des motos que quand elles sont à deux mètres de nous. Nous nous stoppons net. Le bruit d'un moteur se coupe. Un deuxième. Je vois deux hommes descendre des bécanes,  un plutôt petit et l'autre assez grand et fin. Ils commencent à enlever leurs casques. Nous nous ne savons pas comment réagir avec les filles. Nous pensions être seules. Savoir que des personnes m'ont potentiellement vu danser comme si ma vie en dépendait me fout les jetons.
Le regard du plus petit est dur. Ses yeux sombres nous fiwent attendant une réponse. Celui à côté, plus grand , lui nous fixe en souriant. A l'inverse de son camarade, ses yeux sont légèrement plus clairs tout comme sa peau qui dénote franchement du nain de jardin à côté de lui. Je soupire, me rassoit. Je le sens, leur arrivée ne nous fera pas bouger directement de notre tronc d'arbre. De plus, je ne suis d'aucune utilité, je ne parle pas un mot d'espagnol. Le plus petit me regarde faire. Il baragouine quelques choses en espagnol. Je souffle. Aziliz répond facilement. Apparemment, ça aide de faire ses études durant cinq en Espagne.

"Well..."

Je relève la tête. Ça devient plus intéressant pour moi si ça parle anglais.

"Il a demandé quoi le nain de jardin ? "

J'ai parlé avec animosité, je le sais. Je n'aime pas les inconnus encore moins quand il me regarde aussi sombrement.

"Il demandait ce qu'on foutait là."

Aziliz ajoute qu'ils vont faire l'effort de parler en anglais pour moi. Super, les filles ont décidé d'être sociales.

"Call me Al'"

Je prononce ces mots. Simple et efficace, normalement on ne m'adressera plus la parole.

"I'm Alex. This is my brother, Marc."

Alors ils sont frères. J'aurais jamais pensé à ça. L'un est pâle, les traits fins, très grand et longiligne quand l'autre est bronzé,plus trappu et petit avec  les cheveux sombres et  le regard tout autant. Alex est souriant. J'apprécie son entrain quand à son frère. Il me fatigue déjà. Je n'arrive pas à l'apprécier. Son regard pénétrant me soûle au plus au point. Je souris seulement à Alex, il a tellement la joie de vivre que ça en est contagieux.

"Bon, ce n'est pas tout mais j'aimerais continuer la balade."

Aziliz et Maïwenn me fusillent du regard. C'est vrai , je ne fais aucun effort. Pourquoi j'en ferais avec des inconnus ?

"Les garçons, vous voulez venir ? "

Note pour moi-même , pensez à enterrer Maïwenn vivante quand nous rentrerons.

"On peut pas laisser les motos comme ça."

Sa tête ne me revient pas mais sa voix est très enivrante et surtout son intervention est intelligente.

"Vous n'avez qu'à monter avec nous pour les ramener.
- On est trop nombreuses."

C'est parfait, je vais pouvoir attendre ici, le temps qu'ils reviennent après avoir déposés leurs motos.

"Vous pouvez y aller avec eux les filles. Je vous attendrais.
-Hors de question Al. On emmène les filles dans un premier temps et Marc reviendra te chercher."

Les filles sont d'accord avec Alex et Marc ne se prononce pas. Il plonge juste son regard dans le mien. Je vois que ça ne lui fait pas plus plaisir qu'à moi. Nous avons au moins ça en commun.

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Petit chapitre. Bon vous avez l'arrivée de Marc et d'Alex.
Vous en pensez quoi ?
Bisous tout le monde !

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