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22 AOÛT 2014


Je me retiens de rire face à leurs conneries. Apparemment, Sami est en couple depuis de nombreuses années avec une meuf de Paris et tout le monde est persuadé que ça me pose un problème. Même Youssef m'embête avec ça. J'ai oublié Sami depuis un moment et puis je n'étais même pas vraiment intéressée par lui. Je ne suis pas intéressée par une histoire d'amour maintenant, et puis je me tire d'ici à la première occasion de toute façon.

- Comme si j'allais laisser ma sœur sortir avec un de vous de toute façon, leur dit Youssef en riant.
- Sah? Aucun de nous genre? lui demande Sami.
- Non en sah, les plus respectables c'est Karim ou Lucas.

Les gars se mettent à rire et je pouffe. Je ne sais pas vraiment comment j'ai atterri dans cette soirée mais Manël ne voulait pas être seule.

- Lucas il est plus jeune que moi, c'est pas possible, finis-je par dire.
- L'âge c'est qu'un chiffre, si c'est que ça qui te pose problème! me dit Lucas.
- Ouais calme-toi aussi, t'es trop à l'aise là! lui dit Youssef.

On rigole tous et je sens le regard de Tarik sur moi. Manël le remarque et elle me fait un clin d'œil.

- T'es plus âgée que Lucas toi? me demande Tarik.
- Ouais, j'ai bientôt 23 ans moi.

Il hoche la tête et je me lève.

- Bon je vous laisse. Je vais prendre l'air sur le balcon.
- Tu veux que je t'accompagne? me demande Lucas en me faisant les yeux doux.
- Il veut que je lui nique sa mère celui-là ou quoi? demande Youssef en regardant les autres.

Je pouffe de rire et les garçons disent à Lucas de se calmer. Je sais bien qu'il fait ça pour rire, sinon j'aurais été mal à l'aise et Youssef n'aurait pas ri.

Je m'en vais donc seule sur le balcon pour prendre l'air et surtout ne plus être en compagnie de Rina, la "meuf" de Tarik. Je ne sais pas exactement ce qu'ils sont, j'ai simplement l'impression que c'est son plan cul officiel puisque depuis qu'on "travaille" ensemble, je l'ai vu partir avec de nombreuses femmes et aucune d'entre elles n'était Rina.

Je dois finir par me l'avouer: Tarik me dégoûte. Il change de meuf comme de chaussette et je trouve ça répugnant. Je le trouve extrêmement attirant et je ne peux plus le nier mais le nombre de ses conquêtes me repousse, pour le bien de tous. Cela rendrait la situation encore plus compliquée.

Je retourne à l'intérieur après une demi-heure passée sur ce balcon et je m'assois à côté de Lucas qui me tape tout de suite la conv'. C'est un des seules personnes normales et humaines dans ce quartier, j'en suis persuadée.

Je croise le regard de Tarik pendant que je ris à une blague de Lucas et l'algérien-corse sourit en coin.


*
* *



Je rejoins Tarik à notre lieu habituel et il ricane avant de relever enfin la tête vers moi. Ses yeux sont rouges et il est de nouveau en train de rouler. Il lèche sa feuille en me regardant droit dans les yeux, je me sens bizarre tout à coup. Je fronce les sourcils parce que je ne comprends pas ce qu'il m'arrive et il sourit en coin.

- Salut, dit-il avant de placer le joint entre ses lèvres pulpeuses.
- Je dois te parler, dis-je en croisant les bras sur ma poitrine.
- Je t'écoute. Il recrache la fumée de son joint.
- J'ai besoin d'en savoir plus sur ce qu'il s'est passé ce soir-là, dis-je en chuchotant.

Il se lève des marches et il se met à ma hauteur. Il a l'air énervé par ma réplique mais je continue.

- C'est ce soir-là que tu t'es fait arrêter? Pourquoi t'es allé en prison, exactement? C'est à cause du sac que j'ai vu?

Soudain, il me tire par le bras et plaque mon dos contre le mur, collant son torse au mien. Je commence à paniquer intérieurement. Son corps est trop proche du mien, je ne me sens pas bien. Il rapproche son visage du mien.

- À partir de maintenant, tu vas plus jamais me poser de question sur ce fameux soir où on s'est rencontrés, compris? hurle-t-il dans mon oreille.

Je respire fort contre lui, je n'ai jamais eu autant peur pour ma vie qu'à cet instant. Il sourit en regardant ailleurs et il se mord la lèvre. Je me rends compte qu'il n'a plus son joint, je ne me rappelle pas à quel moment il s'en est débarrassé.

- J't'ai déjà dit de fermer ta gueule sur ce soir-là, oublie ce qu'il s'est passé! dit-il sèchement.
- J'y arrive pas! répondis-je d'un ton désespéré. Je dois savoir ce qu'il s'est réellement passé. J'te promets qu'une fois que tu m'auras dit, j'oublierai tout.

Il me regarde avec un demi-sourire.

- Toi tu crois que j'suis con. Tu veux aller parler aux flics, c'est ça?
- T'es con ou quoi? Si j'avais voulu en parler, je serais allée porter plainte y a 3 ans et demi!
- Ouais sauf qu'y a 3 ans et demi tu savais pas que c'était moi. Maintenant que tu connais mon identité, tu veux tout savoir pour tout raconter aux keufs! hurle-t-il en chuchotant.

Je m'arrête et je souris sournoisement.

- T'as peur?
- Peur de quoi? dit-il en évitant mon regard.
- J'ai ton avenir entre les mains donc t'as peur, dis-je en rigolant.

Il reprend son sérieux et il me fusille du regard en me collant un peu plus à lui. Son haleine sentant le tabac et la beuh me fait l'effet d'une gifle en plein visage.

- T'as l'avenir de personne entre les mains, petite, c'est clair? C'est plutôt moi qui ai le tien entre les miennes là. Si je parle de ton projet à Youssef, tu crois qu'il te laissera vivante? Il s'imaginera les pires choses venant de sa petite sœur.

Je déglutis et baisse le regard sur mes pieds. J'entends Tarik ricaner et il me force à le regarder en relevant mon menton avec sa main. Son regard est menaçant, il me fait peur.

- Au cas où t'aurais pas bien compris: parle de cette histoire à qui que ce soit et je tue, compris?

Je le regarde avec haine et j'ai une forte envie de lui cracher dessus.

- Compris?

Je hoche la tête à contrecœur.

- Dis-le. Je veux l'entendre sortir de ta belle bouche, dit-il avec une voix plus tendre qu'avant.

Il me dégoûte.

- J'ai compris.

Il sourit.

- Ah bah tu vois, on arrive à se mettre d'accord. Maintenant je veux plus t'avoir dans mon champ de vision, c'est clair?

Je m'éloigne de lui et je lui montre mon majeur.

- Commence pas à me donner des ordres. J'me tais, c'est déjà suffisant.

Il rigole et il me plaque à nouveau contre le mur. Il effleure mes lèvres avec les siennes, je sens mon coeur battre si fort qu'il doit le sentir contre son torse.

- Emna, sois gentille, chuchote-t-il. Si tu veux continuer à bosser avec moi pour partir d'ici, sois gentille. Mentionne plus jamais ce sujet et tout ira bien. Cette fois-ci, j'oublie ce que t'as dit. Mais la prochaine fois, je serai pas aussi gentil. Réfléchis-y.

Les larmes me montent aux yeux. J'ai la haine contre lui pour ce qu'il a fait. J'ai la haine contre moi-même parce que peu importe à quel point il me dégoûte, tout ce que j'attends à cet instant c'est qu'il m'embrasse.

PAS D'JASMINE POUR JAFAR - ADEMOМесто, где живут истории. Откройте их для себя