15 AVRIL 2015
Manël hurle de joie et je lui fais signe de se taire. Elle gigote sur place et elle me prend dans ses bras.
— J'ose pas le faire! criais-je.
— Allez laisse-moi le faire, je peux plus attendre!
Elle me pousse et elle me prend l'ordinateur des mains avant de cliquer sur « envoyer ». On se met ensuite toutes les deux à hurler comme des idiotes.
— Putain c'est fait! T'es inscrite en Master à l'Université de Milan!
— S'ils m'acceptent... dis-je en grimaçant.
— Pourquoi ils refuseraient? Sérieux! Crois en toi!
Je rigole et je la serre fort contre moi.
On passe ensuite l'heure suivante à chercher l'appartement parfait pour moi, assez proche de l'uni mais pas trop cher et qui me plaise en plus de tout ça. Mission impossible donc. Le problème est que j'ai eu un coup de cœur pour un appartement regroupant tous mes critères il y a quelques mois mais il est occupé et je n'arrive pas à en trouver un autre.
— Vas-y je vais chercher sur internet tout ce que tu devras faire en arrivant et j'te fais une liste!
— Faire quoi?
— Les trucs administratifs! Y en aura tellement que si t'as une liste tu t'en sortiras mieux.
— Oui c'est vrai.
Elle fait ses recherches pendant que de mon côté je cherche les meilleurs cadeaux à offrir à une jeune mariée, j'aimerais lui faire un cadeau mémorable. J'ai peur qu'elle finisse par m'oublier... Elle aura une nouvelle vie entre Youssef et leurs 5 futurs enfants pendant que je serai dans un autre pays.
Tout devient concret pour Milan: les inscriptions sont ouvertes donc j'ai pu m'inscrire à l'uni, je suis en train de chercher un appart, j'ai assez d'argent pour partir, je cherche déjà un boulot sur place... Ça me fait quand même peur. J'ai hâte de réaliser mon rêve mais j'ai peur que tout ça soit une illusion. Et si je finissais par détester mon master et la ville italienne?
— Tu comptes en parler quand à ta famille et à tes amis?
— Ma famille, au dernier moment. Toi, Youssef, Nabil et Tarik êtes déjà au courant. Je dois juste le dire à Lucas mais ça me brise le cœur.
— Tarik est au courant? demande-t-elle en ignorant le reste.
— Oui, depuis le début. Je croyais te l'avoir dit.
Elle hausse les épaules.
— Il le prend comment?
— J'en sais rien, au début il évitait le sujet et maintenant il s'énerve.
— Il veut pas que tu partes, dit-elle avec le sourire.
— J'en sais rien... dis-je en me mordant la lèvre.
— S'il te demandait de rester, tu ferais quoi?
— Sincèrement?
— Sincèrement.
— Je pense que j'aurais une hésitation. Mais que je partirais quand même, en espérant qu'il me suive. Je peux pas abandonner mon rêve et je l'aime trop pour le lui reprocher après parce que j'aurais décidé de rester...
*
* *
Je monte dans l'ascenseur et j'attends d'arriver au bon étage, je me sens faible en ce moment alors monter les escaliers m'essoufflerait. Je pense que je suis tombée malade, j'ai des courbatures partout.
Cinq minutes plus tard, je me trouve devant cette porte que je connais que trop bien mais je n'ose pas toquer.
Tarik est revenu de Paris ce matin à peine, je ne sais pas comment je vais l'affronter. Youssef est venu me chercher au beau milieu de la nuit l'autre soir, il sonnait à la porte alors que j'étais nue dans les bras de Tarik. Je n'ai même pas eu le temps de lui dire au revoir correctement puisque mon frère m'a forcée à sortir pendant qu'ils se sont parlé les deux.
