Epilogue.

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Wonderwall - Oasis

Je repose chacune des lettres dans la boite à mes côtés, y ressortant à la place une autre boite, plus petite, que je regarde quelques instants. Nous sommes le 20 décembre 2010, cela fait sept mois que je me suis réveillé d'un coma sans aucun souvenir de la vie que je menais avec mon mari et mes deux enfants. Et demain, je fêterai mes 35 ans sans savoir si je retrouverais un jour la mémoire complètement. Les lettres qu'Harry m'a écrites m'aident un peu, mais c'est comme si je devais à nouveau créer les souvenirs comme il me les décrit, sans avoir l'impression de les avoir un jour vécus. Cette pensée me fend le cœur lorsque je peux ressentir l'amour qu'il me porte sans même pouvoir lui rendre en retour comme il le mériterait.

Durant ces sept mois depuis mon réveil, que j'ai pour la plupart passé à l'hôpital, il est venu me voir presque tous les jours, la plupart du temps seul jusqu'à ce que je lui demande de venir avec nos enfants. Même si je ne me souvenais pas d'eux, dès que j'ai vu leur sourire, je savais que je leur portais déjà un amour inconditionnel et c'est également pour cela que dès que j'ai pu, je suis rentré chez nous. Harry m'avait proposé de prendre du temps pour moi, d'aller habiter avec ma mère qui est une des seules personnes dont je me souviens, mais j'ai refusé. Car même si je ne me souviens pas des quatorze dernières années que j'ai vécu au côté d'Harry, depuis le début, j'ai pu voir dans son regard qu'il n'abandonnerait pas et qu'aussi difficile cela était pour lui d'être perçu comme un inconnu dans mes yeux, il serait toujours là.

Il ne m'oblige à rien, il me laisse le temps dont j'ai besoin et m'aide à chaque difficulté que je rencontre, que ce soit pour connaitre l'emploi du temps des enfants, ou pour m'aider dans les tâches quotidiennes étant donné que j'ai toujours des difficultés physiques dû aux mois passés dans le coma. Evidemment, j'ai dû prendre ma retraite anticipée de footballer professionnel suite à cet accident, mais ma vie a été tellement chamboulée cette année que je crois que je ne réalise pas encore. Je suis retourné voir mon équipe plusieurs fois depuis ma sortie de l'hôpital, aussi pour essayer de voir si cela déclencherait quelques souvenirs mais ce ne fut pas le cas. J'espère juste que le football ne manquera pas trop à ma vie, c'est vrai qu'en voyant mes anciens coéquipiers jouer, j'avais cette envie au fond de moi de courir sur le terrain pour les rejoindre. 

Depuis une semaine que je suis rentré dans notre maison, Harry m'a laissé la chambre que nous partagions et il dort dans la chambre d'ami. Je pense qu'il préfère me laisser des repères que j'avais avant, avec l'espoir que je me souvienne, sans que je ne sois encore plus désorienté en ne reprenant pas mes habitudes d'avant l'accident.

Même si je n'ai pas retrouvé la mémoire depuis sept mois, je relis régulièrement les lettres qu'il m'a écrites pour m'aider à me souvenir. Elles sont parfois difficiles à lire autant pour moi que pour lui car je peux y voir à quel point cette situation lui a fait du mal et lui en fait encore chaque jour qui m'éloigne de nos souvenirs ensemble. Mais il y a aussi eu des petits moments d'espoir auxquels je me raccroche, comme la fois où j'ai reconnu l'odeur familière du thé au pamplemousse et à la vanille qu'il semble avoir l'habitude de me faire depuis des années, ou encore les rires de mes enfants qui me font comprendre qu'il y a encore espoir pour une belle fin. Cependant, la chose la plus précieuse est probablement cette sensation que mon cœur ressent lorsqu'il sent Harry dans la même pièce que lui car même si j'ai perdu nos souvenirs, même si mon cerveau ne semble pas se souvenir de lui, mon cœur, lui, ne l'a jamais oublié.

Je me lève non sans difficulté à cause de mes jambes encore fragiles et je m'avance vers le miroir de la chambre, la petite boite dans le creux de ma main. Je relève la tête pour regarder le reflet dans le miroir, détaillant mon visage encore fatigué de ces dernières mois, et qui laisse apparaitre quelques cicatrices de l'accident. Lorsque je baisse à nouveau le regard sur le petit écrin que je tiens dans mes mains et que j'ouvre, c'est un sourire qui se dessine sur mes lèvres en pensant à ce que j'ai en tête.

À nos souvenirs.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant