Chapitre 8 : Couloir

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Point de vue Iago ( Ozcer ) :

La façon dont elle me regardait avant de sortir de la salle m'effrayait.

Avant aujourd'hui je n'avais connu que par son regard la colère, la tristesse, ou l'incompréhension.

Je peut maintenant en rajouter une : la rébellion et la rage qu'il l'animait.

Pour une fois j'ai su lire en elle, j'ai su ressentir son désespoir, j'ai su comprendre son appel à l'aide.

Ça doit maintenant faire cinq minutes qu'elle est sortie.

Et environ deux minutes que j'ai envoyer Elyo la chercher.

Je ne veux pas qu'elle rate mon cours.

Mais pourquoi il est aussi long à la trouver ?

J'essaye tant bien que mal de me concentrer sur mes élèves qui sont encore dans la salle, tous stylos en mains, rédigeant le brouillon de leur dissertation.

J'allais aider un de mes élèves à développer son idée lorsque la porte s'ouvre.

Elle est la.

Devant la porte, les yeux rougis par les larmes que j'ai faites couler, elle tient fermement son sweat entre ses poings et l'abaisse au maximum.

Comme pour se cacher du regard des autres.

J'essaye de trouver son regard, mais elle m'évite.

Est ce que je l'ai blessé ?

J'aperçois Elyo derrière elle, ce n'est pas compliqué de l'apercevoir, il fait trois tête de plus qu'elle.

Lui a un sourire triomphant scotché au visage, lançant des clins d'œil à quelque un de ses camarades.

Pourquoi il a l'air si fier de lui ?

- Elyo enlève moi ce sourire et va continuer ta dissertation, m'exprimai je a son attention.

Il n'attend pas une seconde de plus et retourne à sa place, en gardant néanmoins ce sourire de con.

Avant de s'asseoir, il se retourne vers Maïna et lui lance un clin d'œil.

Elle évite son regard et baisse immédiatement le sien vers le sol.

Mais qu'est ce qu'il se passe ici ?

- Tu peux venir avec moi dans le couloir quelques secondes ?

Pour la première fois elle ose me regarder, cherchant sûrement si c'était bien à elle que je posais la question.

Elle ne prend pas la peine de répondre et sort directement sur le regard attentifs de ses camarades.

Je laisse en plan ma classe pour la rejoindre.

Je la retrouve assise sur le carrelage froid du couloir, tenant ses genoux entre ses bras.

J'ai l'impression qu'elle a peur, peur que la regarde, peur que je fasse attention à son corps, peur de mon regard.

Je ne sais pas trop par ou commencer.

M'excuser ?

Non je suis son prof en aucun cas je devrais m'excuser d'avoir choisi pour elle ce sujet.

Je m'asseois en face d'elle, et la regarde pleurer.

Pourquoi je ne fait rien putain ?

Quelques minutes passent sans qu'aucun de nous deux ne bouges.

Puis elle se décide enfin à relever sa tête, elle détourne son regard dans un premier temps, sûrement honteuse que je vois ses larmes.

Elle m'a l'air pensive.

Malgré ça, des pleurs silencieux continue leurs routes, se stoppant au niveau des pommettes de ses joues.

Et moi je ne fait rien, je suis la comme un con devant elle et aucun mot ne franchit la barrière de mes lèvres.

Et puis merde il faut que je mette la fierté de côté.

- Tu veux en parler ? dis-je comme un con et comme si elle allait vouloir me parler.

Elle essuie ses joues avec ses deux avant bras et tourne son visage en ma direction.

Elle me dévisage quelques instants, ou plein de questions fusent dans ma tête.

Est ce qu'elle me prend pour un fou ? Pour un bipolaire ? Peut être les deux non ? Est ce qu'elle veut que je la laisse seule ? Est ce qu'elle a besoin de quelque chose ?

Mais contre tout attente, sa réponse va faire le vide dans ma tête.

Elle se jette dans mes bras.

Elle entoure ses petits bras autour de mon cou et pose sa tête entre mon épaule et mon cou, pleurant encore à chaud de larmes contre moi.

J'ai un temps de réaction avant de comprendre ce qui se passe.

Qu'est ce que je dois faire ? La pousser ? L'envoyer boulet en lui disant que son geste était plus que déplacé ?

Mais a la place, j'enroule mes bras autour de son bassin et la sert un peu plus contre moi.

Son parfum arrive rapidement dans mes narines, remplissant ce moment d'encore plus de délicatesse.

Elle, elle pleure toujours contre moi, me resserrant toujours un peu plus contre elle a chaque sanglot.

J'essaye de la rassurer comme je peux, je lui caresse ses cheveux, je lui souffle dans l'oreille des mots rassurant, je la sert un peu plus contre moi.

Au bout de quelques minutes, ses larmes ont cessées de couler, les seuls qui restent sont sur mon sweat.

Malgré ça, elle ne sépare pas nos deux corps qui sont encore collé l'un a l'autre, son souffle court et chaud vient caresser la peau de mon cou.

Je n'est pas envie qu'on nous surprennent en plein milieu du couloir, les bras enlacés, alors je quitte cette étreinte, a contre coeur.

Une fois nos peaux séparés, elle n'ose déjà plus me regarder dans les yeux.

Est ce qu'elle a vraiment honte de pleurer devant moi ?

Est ce qu'elle est gênée de ce qu'il vient de se passer ?

Est ce qu'elle regrette ?

Dans un geste doux, je saisis entre deux doigts son menton et la force à relever son visage vers moi.

Ses yeux sont rouges écarlates, son corps tout entier tremble, son souffle a du mal à retrouver un rythme normal.

Tout ces symptômes me mène à une conclusion rapide.

Elle a frolée la crise d'angoisse.

- Si tu veux parler il y a des psychologues, et ne refait plus jamais ce que tu viens de faire Maïna.

Ces mots sont sortis de ma bouches sans aucun contrôle et je les regrettes déjà.

Merde pourquoi est ce que j'ai dit ça, c'est quoi mon problème putain.

Elle va penser que je suis un profiteur, que je suis lunatique, alors que ce câlin m'a autant rassurée qu'elle.

J'en avais besoin.

Mais ça je ne le dirai jamais.

Après cette dernière parole, je retourne voir mes élèves, la laissant seule dans le couloir comme si c'était un chien.

Je suis un monstre.

OzcerWhere stories live. Discover now