Chapitre 30

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Dehors, devant le lycée, personne ne m'arrête. Le peu de personnes qui s'y trouvent me suivent du regard. Je devine qu'il s'agit de loups. Alors comme ça, mon identité est censée rester secrète ?

Je m'élance dans la première rue que je vois. Je ne sais pas où je vais. Je ne suis jamais allée au-delà du lycée et, bien sûr, Aiden ne m'a encore jamais fait visiter la meute. Je voudrais parler à Aiden avant que ma colère ne diminue mais il se trouve je ne sais où en ce moment.

Je n'ai pas envie de lui demander de me rejoindre grâce à notre lien. Plus jamais il n'ira dans ma tête, plus jamais je ne lui ferai confiance.

Mon téléphone sonne mais je commence par ne pas y prêter attention. Si c'est Aiden, je préfère le voir pour déverser toute ma colère. Je le hais, je le déteste ! J'aurai préféré ne jamais le rencontrer, mieux, j'aurai préféré qu'il meurt !

Je me fige en pensant une chose aussi terrible. Comment est-ce que je peux préférer ça ? Je suis horrible, je suis une personne affreuse. Aiden voulait sans doute seulement me protéger, comme toujours.

Le téléphone sonne de nouveau et je m'empresse d'y répondre.

— Aiden ! réclamé-je affolée.

— « C'est Riley, m'informe celui-ci, qu'est ce qui se passe Kayla ? Calme-toi. »

— Je... il faut que je voie Aiden, je dois le voir maintenant !

— « Respire Kayla et souffle... me conseille-t-il immédiatement. »

Je tente un instant d'appliquer ces conseils puis je comprends pourquoi il m'a appelé à deux reprises.

— Ewen ressent mes émotions ? demandé-je en paniquant davantage.

— « On était proche de la frontière mais on s'est déjà éloigné, explique-t-il rapidement pour me rassurer. Dis-moi ce qu'il se passe, tu n'es pas en danger ? »

— Non, confirmé-je avec difficulté, j'ai quitté le lycée...

— « Que s'est-il passé ? »

— Rien, tout va bien, soufflé-je en refoulant des larmes.

Il ne répond rien, signe qu'il n'est pas dupe.

— Ma tête va exploser...

— « Alors respire, prend ton temps, ralenti... »

J'en suis incapable, tout va si vite entre nous. Mais pourquoi faut-il que mes sentiments soient si contradictoires ? Comment puis-je l'aimer à ce point et vouloir sa mort la minute d'après ? J'ai l'impression d'être constamment en colère désormais. Alors que, comme toujours, il ne réagit ainsi que parce qu'il souhaite me protéger.

Je commence à pleurer, sans trop savoir pourquoi. Je n'en peux plus d'avoir autant de pensées néfastes à son égard.

— Je ne sais pas si je vais y arriver, Riley...

Mes larmes coulent sur mes mains, en cherchant à les essuyer je me rends compte qu'il s'agit de sang. Mon nez s'est remis à saigner.

— « Dis-moi où tu es Kayla, intime-t-il, il n'y a personne avec toi ? Que fais Aiden ? »

— Je... Je ne sais pas... il..., bafouillé-je en respirant bruyamment.

— « Kayla, s'inquiète-t-il, s'il te plait, respire et essaie de trouver quelqu'un, ne reste pas seule, je t'en prie ! »

Impossible. C'est impossible. Je manque d'air, j'ai l'impression de suffoquer. Mes yeux se troublent tandis que la voix de Riley se fait plus lointaine. Il crie mais je ne sais pas quoi, je ne parviens plus à l'entendre. Je m'effondre en même temps que le téléphone que ma main a lâché.

Lorsque je rouvre les yeux, j'ai l'impression qu'à peine une seconde s'est écoulée. Ma tête ne me lance plus mais je suis aussi fatiguée que lorsque je donne mon énergie à Ewen. Je suis dans mon lit, à la maison.

— Kayla... souffle-t-on avec reconnaissance.

Je reconnais la voix d'Aiden qui se précipite près de moi. Sa main vient caresser mon front avec tendresse et je me sens immédiatement en sécurité.

— Aiden...marmonné-je encore un peu endormi.

— Je suis tellement désolé... s'excuse-t-il peiné. Je vais tout t'expliquer...

— Ce n'est pas la peine, j'ai compris... soufflé-je en posant ma main sur sa joue.

Je l'attire un peu plus contre moi souhaitant être proche de lui.

— Prends-moi dans tes bras... réclamé-je amoureusement.

Il s'exécute aussitôt allant jusqu'à me soulever pour me mettre sur ses genoux. Il me serre dans ses bras et je me blottis contre lui. J'ai l'impression d'avoir été loin de lui pendant une éternité. Pourtant, je ne peux pas me séparer de lui, je ne peux pas vivre sans lui.

— Je t'aime tellement, Aiden...

— Je t'aime, Kayla, plus que tout au monde...

Je manque de m'endormir tant je suis apaisée. Ma fatigue s'éloigne peu à peu à son contact et je devine qu'il me transmet son énergie.

— Je veux rencontrer ta meute, Aiden, réclamé-je faiblement. Je ne veux pas être une inconnue pour eux et je ne veux pas que ce qui s'est passé au lycée se reproduise.

J'aimerai également qu'il arrête de me surprotéger mais se serait sans doute comme si je lui demandais d'arrêter de respirer.

— Ça n'arrivera plus, c'est promis. Dès que tu iras mieux, nous irons dans la meute, ensemble, et je te présenterai en tant que Luna.

Je voudrais y aller maintenant, devenir la vrai Luna aux yeux de tout le monde mais la fatigue me prend encore.

— Pas maintenant, devine-t-il sans avoir à lire dans mes pensées, tu es trop faible pour sortir...

— Ce n'était qu'une crise d'angoisse, rétorqué-je doucement.

— Non, Kayla, ce n'était pas qu'une simple crise d'angoisse, le médecin ne sait pas ce qu'il s'est passé mais tu dois encore ressentir les répercussions du don d'énergie que tu as fait à Ewen. C'est une charge trop importante pour toi... Tu en as donné beaucoup trop en une seule fois...

— Mais je veux qu'il soit vite libéré de tout ça, regretté-je, il suffit qu'il soit trop proche de moi pour ressentir tout ce que je ressens, ça ne me plait pas qu'il souffre à cause de moi...

— On trouvera le moyen de vous déconnecter rapidement, mais pas au prix de ta santé, ok ?

Je sens une vague de chaleur parcourir mon corps, son énergie se déverse en moi comme une caresse, un souffle léger.

— Je ne serais pas obligé de retourner à l'école aujourd'hui ? demandé-je dans un murmure.

— Non, je te garde près de moi... répond-il sur le même ton.

— Et si je ne voulais plus y aller du tout, que ferais-tu ?

Il se redresse pour me regarder dans les yeux.

— Plus du tout ? demande-t-il en fronçant les sourcils.

— De ce que j'ai vu jusqu'ici, je suis largement en avance sur le programme, être en cours ne fait que me ralentir, j'avance plus vite seule, terminé-je.

— Mais tu vas manquer tellement de chose... tes amis...

— Des amis que tu as choisis pour moi et qui ont été obligé de me parler, ce n'est pas le genre d'amitié que je souhaite. Aiden, je suis d'accord pour avoir des gardes du corps en permanence si ça peut te rassurer quant à ma sécurité mais je ne veux plus jamais que tu décides des personnes qui peuvent me côtoyer ou non.

— D'accord, promit-il en me serrant de nouveau contre lui. 

Le Loup de KaylaWhere stories live. Discover now