Chapitre 23

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Je suis chez mes parents.
Mon père est à son bureau. Jason et Théo jouent ensemble dans ma ancienne chambre. Quant à ma mère et moi, nous buvons du thé et regardons nos vieux albums photos.
-Oh, Kathleen, je trouve cette photographie adorable !, dit ma mère en montrant du doigt un portrait d'Eliotte qui avait environ dix-sept ans, avec moi sur ses épaules.
J'examine la pellicule.
-Tu as raison, maman. Seulement, pourquoi la joue d'Eliotte est-elle rouge ?
-Tu ne te souviens pas ?
-De quoi ?
Jason rentre dans la pièce, Théo dans ses bras.
-Puis-je savoir de quoi vous parlez ?, interroge mon petit ami.
-On se remémore des souvenirs, je réponds.
-Pour répondre à ta question, Kate, tu l'avais giflé.
-Giflé qui ?, demande Jason
-Moi ?!, je m'écris, surprise.
Ma mère commence à pouffer.
-Elle a mis une gifle à son frère, répond-elle à Jason.
-Pourquoi ?
Il me jette un regard rieur.
-Je ne me souviens plus.
-C'est parce qu'il avait cassé ta poupée préféré. Sans faire exprès, ajoute ma génitrice.
-Bah je comprends ma réaction, alors, je marmonne.
-Attends Kate, Eliotte mesure 1m90, comment as-tu réussi à le baffer ? Il y a une différence de taille, non ?
-Eliotte était couché dans son lit et c'est à ce moment-là qu'elle a débarqué. C'était la première et dernière fois que vous vous êtes disputez. Je me souviens que ton frère est entré dans la cuisine en colère et s'est énervé. Tu as eu tellement peur, ma petite chérie que tu es allée vers lui et tu l'as enlacé en répétant que tu étais désolée.
Ma mère lâche un soupire et un voile sombre s'attarde sur son visage.
Ses yeux se posent sur Théo et son visage s'illumine.
-Que des beaux moments. Je souhaite retourner en arrière et retrouver mes deux petits bouts de choux. Heureusement, qu'il y a Théo et que, peut-être, vous allez aussi avoir des enfants. Je veux encore des petits-enfants, c'est clair ?
-Maman, c'est moi qui décide si oui ou non, je veux tomber enceinte, je rétorque.
Le visage de Jason s'éclaire.
-Toi, tu as pensé à un enfant, je devine.
-Un mini nous, affirme-t-il. Ah oui, Kate, demain, nous allons en boîte.
-Quoi ?
-Demain, tu ne travailles pas. Profitons-en !
-C'est une très bonne idée, Jason !, se réjouit ma mère. Allez ma chérie, tu es jeune. Faut sortir un petit peu. Tu ne penses qu'au journalisme et à Théo. Amuse-toi, mon cœur. En plus, ton père et moi, nous aimerions passer plus de temps avec notre petit-fils. Il peut rester dormir chez nous et demain, tu le récupères. Passe ta soirée avec l'amour de ta vie !
-Oh oui !, s'égaye mon neveu.
-S'il te plaît, ma Kate, supplit Jason avec des yeux de chien battu.
-D'accord, je lâche.

-Viens, on va aller danser, crie Jason dans le but d'être entendu malgré la musique forte.
Nous nous trouvons au bar de la discothèque.
-À une seule condition.
-Laquelle ?
-Tu danses avec moi.
-C'est ce que je voulais de base. Au moins, je sais que, toi aussi, tu en as envie.
Il sourit, puis me prend la main et nous nous dirigeons vers la piste de danse.
Nous bougeons au rythme de la chanson sans nous soucier des autres.
Nous sommes seuls au monde.
Il m'attire contre lui et pose son menton sur ma tête tout en m'enlaçant.
-Tu es magnifique, Kate. Et pas seulement aujourd'hui. Tous les jours, tu l'es.
-Merci, Jason. Et toi, tu es incroyable et...mignon. Beaucoup trop mignon, même.
-Oh, arrête, je vais rougir.
Nous nous esclaffons.
Jason Bryan Kent est une personnalité connue, mais je m'en fiche. Je ne suis pas tombée amoureuse de cet acteur
Je suis tombée amoureux de Jason. Mon Jason.
Et ça, c'est le plus important.
-Oh ! C'est Jason Bryan Kent !, hurle une femme.
Toutes les personnes présentes dans la salle se retournent.
Les regards se rivent sur nous.
-Peut-on faire une photo, s'il te plaît ?, demande une jeune femme.
-Un autographe !, tonne un homme.
-Une dédicace !
-Êtes-vous le vrai Jason Kent ?
Le brouhaha débute.
Les fans commencent à crier le nom de Jason.
J'ai mal à la tête.
Je veux quitter cet endroit.
-Bouge, ordonne une fan en me poussant.
Je tombe par terre.
Je me retrouve entourée de jambes et je ne peux pas me remettre debout.
Il y a beaucoup trop d'individus.
On marche même sur ma main.
Je grimace.
-Kate ?!
Jason s'agenouille à côté de moi.
-Sortons d'ici, décide-t-il.
Il m'aide à me relever et passe un bras protecteur autour de mes épaules.
-Ça va ?, me chuchote-t-il à l'oreille.
-Oui, ça va.
-Oh une photo, je vous en supplis !, dit quelqu'un.
-Rien qu'une seule !
-Laissez nous tranquille !, s'énerve Jason. Dégagez !
-Jason..., je commence.
-Non, Kate, on y va, m'interromp-t-il.
-Mon chéri, ceux sont tes fans. Va te photographier avec eux...
-Kate, c'est hors de question. Je veux passer ma soirée avec toi. Est-ce clair ? Je t'emmène chez moi. Là-bas, nous serons tranquille.
Nous quittons la boîte de nuit et nous nous installons dans la voiture.
Il allume le moteur. Ses prunelles se posent sur ma main.
Sa mâchoire se contracte.
-Ça va ? Tu n'as pas trop mal ?
-Je ressens un petit picotement, mais rien de grave.
-C'était une mauvaise idée, soupire-t-il.
-Non, Jason...
-Kate, s'il te plaît, ne me dis pas que c'était parfait. C'était tout le contraire !
-À Londres aussi, ça t'arrive souvent ce genre de mésaventure ?
-Oui. Il y a mes gardes du corps là-bas donc en soit je suis plus en sécurité.
-Pourquoi ne sont-ils pas venus avec toi ?
Il détourne son attention de la route et me regarde.
-Ici, je suis Jason, l'homme qui est en couple avec la plus belle des femmes. Je ne suis pas Jason Bryan Kent. Un point c'est tout. Mais ça ne marche pas. Du moins, les gens ne comprennent pas.
-Oh...
Nous continuons le trajet jusqu'à chez lui, en silence. Comme la première fois où je me suis assise dans ce véhicule.
Je me rends compte que, depuis qu'il est en France, je ne suis pas allée chez Jason une seule fois.
-Nous sommes presque, m'informe-t-il.
Je vois le domicile de ses parents apparaître.
Un sentiment de nostalgie naît en moi. C'est l'endroit que je fréquentais le plus lorsque j'étais adolescente.
-Je ne pensais pas que tu vivais encore ici.
-J'aime trop cet endroit pour aller vivre ailleurs. Cette maison m'avait manqué et je veux y rester quand je suis dans ce pays. Sache-le, rien n'a changé. À l'exception que mes parents sont à Londres.
Nous sortons de la voiture.
Jason ouvre la porte d'entrée et nous pénétrons dans son humble demeure.
Il allume la lumière et le salon s'éclaire.
Jason avait raison : rien n'a changé en dix ans.
Les vieux meubles sont toujours présents, à leurs places, les murs possèdent encore leur couleur beige et les rideaux rouges sont accrochés au fenêtres.
Des souvenirs remontent et un sourire se crée sur mes lèvres.
-Bienvenue chez moi, Kate, dit Jason.
Il me fait tournoyer avant de me soulever.
-Je veux descendre, j'ordonne en rigolant.
-Non, répond-il simplement avec son habituel sourire.
Ce sourire que j'affectionne.
-Je me souviens de quelque chose que j'aimais te faire subir et que toi, tu détestais.
-Ne me dis pas que tu parles de...
Il ne me laisse pas finir.
Il me dépose sur le canapé et commence à me chatouiller.
-Stop ! Tu sais que je suis chatouilleuse !, je m'exclame en me tortillant dans tous les sens et en pouffant.
Il recule d'un pas et m'observe tendrement.
-Tu veux boire quelque chose ?
-Hmm. Tu vas de nouveau m'attaquer ?
-Promis. Plus de chatouilles.
Il pose une main sur le cœur pour accentuer sa parole.
-Peux-tu m'apporter du coca ?, je demande.
-Bien sûr, très chère. Je vais aussi nous chercher à manger.
Jason dépose un baiser sur mon front, puis va dans la cuisine.
Je m'allonge, mais me redresse aussitôt car le téléphone fixe sonne.
-Jason ! Téléphone !, je hurle.
Il ne m'entend pas.
La sonnerie s'arrête.
Cependant, je remarque que la lumière rouge, qui indique que quelqu'un a laissé un message vocal, clignote.
Je m'avance vers l'appareil.
J'hésite à l'écouter. Ce ne sont pas mes affaires, mais je suis beaucoup trop curieuse.
Néanmoins, c'est mal. Le message ne m'est pas destiné.
Après un moment d'hésitation, je décroche.
-Jason, c'est moi, Sean, ton agent, déclare une voix d'homme avec un accent anglais. Tu ne réponds pas à ton portable. Du coup, je t'appelle sur ton téléphone fixe, mais tu ne décroches pas. J'espère que tu écouteras vite ce que j'ai à te dire. Tes billets d'avion sont prêts. Ton avion décollera à 9h du matin. Je compte sur toi pour que les bagages soient préparés d'ici là. Bon retour parmi nous, Jason. Londres n'attendait plus que toi.














Un cœur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant