Un cœur brisé

Épilogue

Novembre 2019

-J'ai hâte que Jason le voit !, se réjouit mon neveu.
-Moi aussi, j'ai hâte, j'affirme en ébouriffant les cheveux de mon neveu.
Nous nous trouvons dans la cuisine en train de préparer un gâteau pour le dessert de ce soir.
Dehors, la pluie tombe fortement. Ce n'est pas étonnant venant de Londres.
Nous vivons au Royaume-Uni depuis bientôt huit mois et j'affectionne beaucoup trop ce pays.
Même Théo se sent chez soi, alors que j'avais peur qu'il ne s'intègre pas.
Il va dans une école française, mais il progresse très vite en anglais et j'en suis fière, tout comme mon fiancé.
Je devrais plutôt dire mon mari étant donné que nous nous sommes enfin mariés en septembre, le même jour où je l'ai revu lors de l'interview.
Théo chantonne une cantine.
Moi, j'écris une phrase sur ma pâtisserie avec le glaçage.
-Tu as presque fini, Kathleen ?
-Il me reste juste la dernière lettre.
-Kate ? Théo ?, nous interpelle une voix.
Jason.
Je dépose le gâteau au frigo.
Je prends Théo dans mes bras et nous partons à sa rencontre.
Le visage de mon mari s'illumine dès qu'il nous aperçoit.
-Salut, vous deux, sourit-il.
-Salut, mon chéri. Comment s'est passé le tournage ?
-À merveille.
Il s'approche de nous, m'embrasse et me reprend Théo des bras.
Jason cale mon neveu sur ses épaules et court dans toute la pièce.
Le petit est aux anges et ça me procure de la joie.
Ils stoppent leur petit jeu dans le salon.
-Kate, j'ai faim, m'informe Jason en imitant une voix d'enfant.
-Moi aussi !, dit Théo.
-Ce soir, c'est spaghettis au pesto.
-J'espère que tu ne vas pas te brûler cette fois, rit Jason.
Je lui tire la langue.
-Pas de pâtes pour toi, aujourd'hui, j'annonce.
-Ah ouais ?
-Hmm.
-Je m'en fiche. Je t'ai toi, le reste est inutile.
-Donc ça ne te dérange pas de ne pas manger, ce soir ?, je demande, malicieuse.
-Bah...
-Abruti.
Nous nous esclaffons, tous les trois.

-Tu peux raconter ta journée, Jason ?, demande Théo, lors du dîner.
-Oh, j'ai tourné une scène avec des araignées.
-Des vraies ?
-Non, elles étaient en plastique, mais très réalistes.
Théo et Jason continuent leur conversation.
Voir cette scène est un plaisir chaque soir.
Pour rien au monde, je n'échangerais ces moments.
-Ah oui, Kate.
-Oui ?
-Devine ce que Sean m'a demandé.
-Je n'en ai aucune idée. Il veut que tu tournes dans un film français ?
-Non. Il m'a demandé à quand l'enfant.
-Pardon ?!
Je crache l'eau que j'étais en train de boire.
-Ne sois pas surprise, Kate. Honnêtement, je souhaiterais avoir un enfant et que tu en sois la mère.
-Tu veux que je sois la mère de tes enfants ?, je questionne.
Il m'observe, ahuri.
-C'est quoi cette question ? Tu es ma femme. Bien sûr que je veux avoir des gosses avec toi.
-Je te taquinais, mon chéri. J'ai une surprise pour toi.
-Oh, c'est quoi ?!
Quand il est joyeux, Jason possède cet air de petit garçon.
-Juste une seconde. Ferme tes yeux.
Il grimace.
-Suis-je obligé ?
-On dirait moi, le soir de notre premier Noël, je remarque.
-C'est le but, ma Kate.
Il s'exécute.
-Théo, je te donne l'ordre de le surveiller.
-Oui, capitaine !
Je me dirige vers la cuisine et récupère le gâteau.
Arrivée dans la salle à manger, je le pose sur la table et murmure à l'oreille de mon mari :
-C'est bon, mon amour.
Il examine notre préparation.
Quand il s'attarde sur l'inscription, il se lève brusquement.
-Tu es enceinte ?! Kate, on va avoir un bébé ?! Vraiment ?!, s'écrit-il.
-Oui, Jason ! Je suis enceinte !
Ses lèvres s'étirent en un très grand sourire.
Ses yeux pétissent de joie.
Il sautille sur place en criant :
-Je vais être papa ! Je vais être papa ! Ma femme attend un enfant !
Théo saute partout, content.
Je suis ravie.
Mon cœur, qui était brisé autrefois, se remplit de bonheur.
Jason me soulève tout en posant des petits baisers sur ma bouche.
Nous tournoyons sur nous-même.
Je l'aime tellement.
Il est heureux.
Théo est heureux.
Je suis heureuse.
Nous sommes heureux.
-As-tu des idées de prénoms, ma Kate?, me susurre Jason.
-Oh que oui. Si c'est une fille, elle se prénommera Élisabeth. Si c'est un garçon, il s'appellera...
-Eliotte, finit-il.

                               Fin