Chapitre 13

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Derek se réveilla le souffle coupé, dans un état de panique avancée. C'était tel qu'il se débattit comme un beau diable lorsque l'on essaya de le forcer à se rallonger. Il essayait de frapper ces entraves, ces chaînes qui le gardaient cloué à ce lit qui n'était rien d'autre que son ennemi.

- Calme-toi, Derek ! Calme-toi, bon sang !

Mais il ne se calmait pas. Les visions cauchemardesques qui s'invitaient de plus en plus souvent dans son sommeil agissaient comme un poison latent, quelque chose qui lui faisait perdre la raison lorsqu'il était inconscient. Parce qu'il avait beau être réveillé, il n'était pas conscient pour autant : son corps était sorti de son état léthargique dû au sommeil, mais pas son esprit, qui s'y trouvait encore. Chris Argent et Alan Deaton eurent bien du mal à canaliser ce loup en proie à une panique hors du commun, et leur seule arme fut leur patience. Ils durent attendre non pas une accalmie chez Derek, mais son épuisement. Et si cela ne fut objectivement pas bien long, à peine plus d'un quart d'heure, les deux hommes sentirent bien le temps passer. A la fin, leurs bras étaient endoloris à force de maintien et de contraction. Derek, de son côté, haletait. Il était capable d'ouvrir les yeux mais c'était tout ce qu'il pouvait faire à l'heure actuelle.

Cette fois, il était conscient. Mais pour combien de temps ? Il en avait assez de cette saleté d'aconit qui lui montait à la tête.

- Je ne pense pas que ce soit juste l'aconit, Derek.

La voix calme et inquiète du vétérinaire surprit le loup qui n'était même pas conscient d'avoir pensé à voix haute. Il voulut alors se déplacer légèrement mais se retrouva bloqué par ses deux compères qui continuaient de le bloquer. Le loup s'était peut-être calmé, mais rien ne leur disait qu'il n'allait pas repartir en vrille.

- Vous pouvez me lâcher, je... C'est bon, leur assura-t-il.

Chris et Alan se regardèrent, inquiets, mais Derek leur promit qu'il s'était complètement calmé. Dès la fin de sa phrase, il dut reprendre son souffle et se massa mollement les poignets une fois que ceux-ci furent libres. L'air de rien, ses amis avaient une poigne de fer. Même le vétérinaire ne payait pas de mine, mais il savait comment tenir. Péniblement, il leur demanda ce qu'ils faisaient là et s'attendit tout naturellement à ce qu'ils lui répondent qu'ils avaient été alertés par ses probables cris ainsi que son état – qui laissait à désirer. C'est effectivement ce qu'ils firent, mais le regard du vétérinaire lui laissa entendre que ce n'était pas tout. Il lui cachait quelque chose.

- Accepterais-tu de venir faire un tour dehors en ma compagnie, Derek ? Chris se charge de veiller sur le reste de la meute.

- Je pense pas qu'on ait le temps de...

- Chaque chose en son temps, le coupa Deaton.

xxx

Derek n'aimait pas la position dans laquelle il se trouvait. Ainsi faible, sur un fauteuil roulant, il se sentait plus vulnérable que jamais, dépendant de quelqu'un pour se déplacer. L'aconit rare utilisé par cette étrange meute coulait toujours dans ses veines et il peinait à se remettre de son agression, comme les autres. Mais derrière tout ça, il s'énervait, il s'angoissait. On ne devrait pas être là à le chouchouter, à attendre tranquillement que la meute dont il faisait partie se rétablisse. Une chose était certaine, la meute ennemie avait bien prévu son coup : en s'assurant de l'invalidité totale de la bande de Scott McCall, elle pouvait être tranquille pour garder Stiles au chaud et préparer ce rituel auquel il ne survivrait sans doute pas, d'après Deaton. Derek serra les poings sur ses cuisses en se répétant qu'il ne devrait pas rester là, à se laisser conduire en extérieur. Même faible, même rampant, il se sentait le devoir de chercher Stiles.

L'Emissaire PrimordialOù les histoires vivent. Découvrez maintenant