Chapitre 3: Je t'aime

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Je respire l’air frais matinal, accoudée à la fenêtre de ma chambre, essayant de soulager mon mal de tête dû à la soirée d’hier, un peu trop arrosée. C’est dans ces moments que les gens font cette soit disant promesse du genre “je ne boirais plus jamais” alors qu’on sait tous que la semaine suivante on se saoulera à nouveau la gueule. Je déteste ça, les promesses ne sont que des paroles dites pas les humains pour rassurer et être tranquilles. Mais on sait qu’elles ne seront jamais tenues. Ma mère dort encore et Gribouille ronfle, étendu sur mon lit. 

                                                             ***

Le centre ville est animé cette après-midi. Certaines personnes sont pressées et marchent à grands pas, d’autres ont le nez dans leur portable et esquivent les autres passants. Certains sont en groupe, d’autres sont seuls. L’air froid s’écrase sur mes joues et les fait rougir. Je rentre dans le brandy Melville de Chueca, l’ambiance change dès que mon corps est totalement recouvert de cette chaleur et de ce parfum à la vanille. J’en ressors à peine 30 min plus tard. Un sac à la main. Je lève la tête vers le ciel et prends une grande respiration, longue et profonde. Puis je me dirige vers la bouche de métro pour rentrer à la maison. J’aime bien analyser les gens dans le métro. Leur inventer une vie, une famille, des amis, un passé. En jean, en jupe, en robe. En t-shirt, en chemise, en pull. Les vêtements peuvent en dire beaucoup sur une personne. Mais le visage et la gestuelle encore plus. La façon dont ils se tiennent, leur regard. Et lorsque je suis arrivée chez moi j’ai trouvé une enveloppe accrochée à la porte. Je l’ai prise et je suis rentrée et j’ai jeté mes affaires sur le canapé et j’ai ouvert l’enveloppe avec curiosité. De là j’ai sortie une lettre:

“Ma petite Hailey,

C’est maman qui t’écrit cette lettre pour te dire qu’elle est partie en vacances. Loin, très loin. Je ne sais pas exactement quand je reviendrai. Ne cherche pas à me joindre car j’ai vendu mon portable et j’ai cassé ma carte sim. Surtout ma chérie ne t’inquiète pas tout va bien, j’ai juste besoin de décompresser et comme tu as toute ta vie ici je ne voulais pas t'imposer ce changement. Je sais que tu t’en sortira toute seule, tu es une grande fille débrouillarde. Je t’ai laissé de l’argent dans ta chambre, un chèque. Je t’ai ouvert un compte avec aussi de l’argent dessus et ta carte est avec l’argent. Occupe toi bien de Gribouille et fais lui de gros bisous de ma part. Prends soin de toi ma puce. 

Je t’aime mon amour et je suis désolé.”

Une première larme a dévalé ma joue, puis une deuxième et ce fut ensuite un flot de larmes qui se déversa sur mes joues. Puis je me suis écroulée sur le canapé. Ma respiration était incontrôlable et je tremblais. J’aurais voulu crier, hurler tout ce que mes poumons pouvaient supporter. J’aurais voulu frapper les murs, les portes, les fenêtres. Essoufflée. En colère. Triste. Tout ce que j’ai pu laisser sortir, c’est un petit cri de douleur étouffé. Mon intérieur brûlait. Je me suis recroquevillé, sur le sol froid et dur. J’étais seule alors. Toute seule. 

                                                            ***

Quand je me suis réveillé, mon dos me faisait horriblement mal. Mon corps était contracté. J’ai utilisé le peu de force qu’il me restait pour me redresser et m'asseoir. J’ai frotté mes yeux afin de voir plus clair. Pas de lumière. Seulement les lampadaires dans la rue. Puis on a sonné à la porte. Je n’ai pas réagi. Je suis restée assise par terre, le regard dans le vide. Ma tête tournait et mes yeux étaient flous. Deuxième sonnerie. J’ouvre la bouche mais rien ne sort. Aucun son ne parvient à se former. Troisième sonnerie. Je rampe jusqu'à la porte. Puis je me soulève lourdement en m’appuyant sur tous les murs. Quand je parviens à ouvrir la porte je suis d’abord éblouie par la lumière du hall. Puis une silhouette se dessine peu à peu jusqu'à ce que je vois le visage de Evan, Nael et Abi. Evan m'a pris dans ses bras en voyant que je commençais à tomber. Nael et Abi sont entrés aussi et ont allumé les lumières. Il m’a déposé sur le canapé et m’a couvert d’une couverture. Et puis plus rien.

                                                               ***

Quand je me suis réveillée. Evan était sur le canapé avec Nael, et Abi était par terre. Ils me regardaient tous. Evan ma caresser le dos en me souriant.


U̸s̸...Where stories live. Discover now