Chapitre 18 - Louve

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J'ouvre les yeux d'un seul coup, quittant brusquement un rêve que j'oublie sur le champ. Me redressant dans mon grand lit, je tends l'oreille.

Quelqu'un toque à la porte ?

Effectivement, je crois entendre des voix dehors et bientôt, j'entends à nouveau frapper à la porte d'entrée. Frissonnant lorsque je quitte les draps, j'enfile une paire de chaussettes et un énorme pull-over avant de sortir de ma chambre.

Quand j'atteins le salon, je distingue en effet deux silhouettes derrière la porte – dont une plus petite – et m'approche pour accueillir ces deux casse-bonbecs. Je claque la langue contre mon palet lorsqu'on toque à nouveau.

« J'arrive, j'arrive ! » je m'agace en mettant la main sur la poignée, réveillée bien trop tôt pour être de bonne humeur.

Quand j'ouvre la porte, je dois me faire fureur pour ne pas lever les yeux au ciel.

Celle qui avait plus ou moins soigné ma cheville le jour de mon arrivée – une dénommée Alyrah que j'avais fait pleurer, si ma mémoire est bonne – se trouve sur le pas de ma porte et tiens Nathaël par la main.

« Ah, c'est vous. » je grince en haussant un sourcil, me demandant ce que cette dame peut bien me vouloir. « Qu'est-ce que vous... - Ah ! »

Je suis tombée au sol. Je viens de tomber par terre, sur les fesses pour être précise – je vous assure. Vous voulez savoir pourquoi ?

Parce que Nathaël vient de littéralement me sauter dessus – les enfants sont vraiment idiots, parfois – et puisqu'il est assez lourd, j'ai perdu l'équilibre en essayant maladroitement de le rattraper. Je ne vous raconte pas le tableau.

« L-Louve, je suis désolé ! » crie-t-il presque, sans vraiment pleurer mais semblant très ému. « Je voulais venir te voir mais Maman ne voulait p-pas et... et... »

Je soupire, et il s'interrompt quand je lui tapote gauchement la tête.

« Ça va, ça va... » je râle, à peine touchée par sa détresse. « Je vais bien. »

À vrai dire, j'ai du mal à comprendre pour quelles raisons il semble si perturbé. Je veux bien croire que l'évènement d'hier a pu être traumatisant pour lui, mais pourquoi tenait-il à venir me voir ? Est-il trop jeune pour comprendre que tout ce qui s'est passé était de ma faute ?

Je ferme les yeux tandis qu'il se recroqueville dans mes bras, renonce à comprendre cet enfant et lève plutôt la tête pour dévisager la vieille femme qui l'a amené.

« Qu'est-ce que vous faites là ? » je demande, plissant malgré moi les yeux avec méfiance. « Je vous ai fait pleurer la dernière fois, j'ai mis la vie d'un enfant en danger pas plus tard qu'hier et tout le monde me déteste. Pourquoi pas vous ? »

La dame sourit silencieusement, s'agenouillant devant moi pour inciter Nathaël à se redresser.

« Viens, Nati. » souffle-t-elle, tandis que le concerné accepte la main qu'elle lui tend. « Tu as tort sur tous les points, ma chère Louve. »

Grommelant et roulant des yeux, je me relève à mon tour et frotte mon pantalon de pyjama pour me débarrasser de l'éventuelle poussière. A côté de moi, Alyrah et Nathaël ne se gênent pas pour entrer.

« Je vous en prie, faites comme chez vous. » je bougonne, de mauvais poil.

« Ce n'est pas toi qui m'as fait pleurer, mon enfant. » déclare tout à coup Alyrah en prenant place sur le canapé, et je me fige de surprise une seconde. « Ce n'est qu'une vision que j'ai reçue à notre première rencontre et qui... m'a rendue fragile, disons. »

La louve et le rebelleNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ