Chapitre 41 - Rebel

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C'est un vrai cirque dans le village depuis maintenant vingt bonnes minutes.

Les loups travaillant pour Tiego sont peu nombreux, mais ils sont bien plus solides que le sont les miens et font ainsi de gros dégâts – d'autant plus que nous nous remettons à peine de l'attaque de la dernière fois.

Je ne prétends pas non plus que nous perdons, car il est difficile d'évaluer la situation sans avoir une vue d'ensemble. Le lien étant actuellement très agité, je ne peux me renseigner sur l'état de la meute.

Je sais au moins qu'il n'y a aucun mort pour le moment et que nous n'aurons cette fois aucun problème d'organisation. Je suis là en cas de problème – je veux dire, en cas de plus gros problème que celui auquel nous faisons actuellement face – et ai ainsi la certitude que nous ne nous ferons pas autant massacrés que la dernière fois.

Alors que je terrasse un loup sans pitié, le frappant suffisamment pour qu'il ne soit plus un problème mais pas assez fort pour le tuer, Antos surgit à côté de moi. Me défendant d'un deuxième ennemi dont je m'apprêtais à esquiver l'offensive, je ne comprends pas tout de suite ses agissements.

Il est vrai que nous sommes particulièrement efficaces lorsque nous combattons côte à côte, mais il ferait mieux de venir en aide à un loup plus faible s'il est parvenu à se faire oublier.

Tiego, me transmet-il sans me regarder, déjà très concentré sur son combat. Occupe-toi de Tiego.

Je ne prends pas la peine de répondre et fais immédiatement demi-tour, songeant qu'il a finalement agi avec intelligence. Si vous voulons gagner ce combat, nous devons absolument supprimer le père de Louve.

Je ne prétends être capable de le tuer – à vrai dire, je n'en ai pas la moindre idée. Je l'ai battu il y a plusieurs années, mais c'est en partie lié au fait que je suis parvenu à le prendre par surprise et que certains des loups qui lui obéissaient à l'époque se sont retournés contre lui dès lors qu'ils en ont eu l'occasion.

Aujourd'hui, c'est différent. Nous sommes tous les deux bien plus vieux, et les circonstances ont beaucoup changées.

Pourtant, il va bien falloir que j'essaie de le battre. Parce que si je ne suis pas à la hauteur, alors personne ne l'est au sein de ma meute.

Il est là.

Alors que je cherchais le père de Louve depuis un moment déjà – il était difficile de se débarrasser de quelques loups désormais occupés par Antos – je le vois enfin. Je suis extrêmement rassuré de le voir en train de se battre contre Lys. Pendant qu'il galère à contrer ses fines stratégies et ses mouvements vifs, il ne tue personne.

Parce que mes loups ont toujours eu pour consigne de ne pas tuer – à quoi bon, quand on peut se contenter d'assommer ou de blesser ? – mais je ne suis pas assez naïf pour croire que ceux de Tiego feront la même chose. C'est un bourrin, et tous ceux qui sont avec lui l'ont accepté. 

Je vois aux mouvements de ma Bêta qu'elle fatigue. Elle qui parvient parfois à me déstabiliser lorsque nous prenons le temps de nous entraîner, elle semble préoccupée et ne parvient pas à contrer des attaques qui ne devraient pas lui causer de soucis.

Il était temps que j'arrive, je suppose. 

Je ne perds pas une seconde et m'élance sur le père de Louve, parvenant à lui attraper la patte tandis qu'il veut empêcher Lys de s'éloigner. Il ne tarde pas à reporter son attention sur moi, et je me maudis quand je perds l'équilibre en voulant me retirer - évidemment, il ne passe pas à côté de l'occasion et me griffe méchamment au visage. 

Immédiatement, la panique m'envahit. Je recule d'un bond et reprends position de défense, voulant à tout prix l'empêcher de recommencer. 

La blessure est localisée juste à côté de mon œil droit, je le sens. Je crains un instant qu'il ne m'ait crevé un œil, puis souffle de soulagement lorsqu'une douleur lancinante me reprend de la pommette jusqu'au front. 

La louve et le rebelleWhere stories live. Discover now