𝟎𝟗.

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Il m'est d'abord impossible d'esquisser le moindre mouvement, tant la haine qui bouillonne dans mes veines m'est intense. Elle réchauffe mes membres, puis mon sang. Et quelques secondes plus tard, je ne réfléchis plus, je m'élance sur lui.

Je lis d'abord la surprise éclairer ses prunelles, mais il reprend bien vite contenance et me balance sur la table, évitant le coup de dague qui lui était destiné.

Mon dos percute si fort la surface en bois que celle-ci se brise en deux, n'ayant pas le temps de m'entraîner dans sa chute que je me relève déjà, m'élançant à nouveau sur ma cible, avant de la percuter d'un puissant coup de genoux dans les côtes.

Je ne vois plus rien, si ce n'est lui, qui reste droit, sans broncher, sans grogner, de manière ni joueuse, ni hostile. Juste lui.

Les seuls grognements qui se font entendre, sont les miens. Des grognements de frustration chaque fois que son corps évite de percuter le mien, de rage lorsqu'il réussit à se défendre sans pour autant me heurter.

Je veux qu'il succombe à mes coups, qu'il me supplie de l'épargner, d'être clémente, mais il n'en est rien. Au contraire, il me dévisage de toute sa hauteur.

Alors, j'attrape à nouveau une dague coincée sous ma robe, sans pour autant me cacher, et m'élance plus rapidement sur lui, à quelques centimètres seulement de sa poitrine, prête à écorcher son coeur.

Je suis prête à le transpercer, mais la lame s'arrête bien avant de déchirer sa combinaison.

La lame le caresse à peine, et plus sa poigne se resserre autour de mon poignet, plus celle-ci s'abaisse. Mais je lutte. J'use de toutes les forces dont je suis dotée. Je puise dans tout mon corps. Mais rien n'y fait. La lame finit par tomber au sol, dans un retentissement insupportable, qui sonne pathétiquement ma défaite. Il me regarde, je le sais. Mais je ne supporte pas la chaleur de ses yeux, alors je l'évite et m'éloigne, défaisant mon poignet endolori de sa poigne, vaincue malgré la rage qui m'habite encore.

Je le sens bouger, passer derrière moi, puis articuler enfin :

Dès lors, tu suivras mes entraînements, que tu le veuilles ou non.

Sa voix est froide, claire, et sans appel, et je comprends qu'il ne me laisse aucun choix.

Je relève la tête, prête à me diriger vers Azael pour lui venir en aide, mais je m'arrête bien vite en remarquant sa posture droite et hostile, comme s'il était prêt à renvoyer la lame qui s'était logée dans sa gorge un peu plus tôt.

Sa plaie s'est déjà refermée, et seule une mare de sang l'encercle, tandis que son regard est rivé sur son frère et moi. Ses yeux sont plissés, et il ne cesse d'alterner son regard, la mine déconcertée. Il ne semble pas enjoué par la situation.

Esme, la prochaine fois si tu pouvais m'aider au lieu de te faire humilier de la sorte, j'apprécierai, crache-t-il avec mépris en fusillant son frère du regard, comme s'il pouvait le réduire en cendres d'une simple oeillade.

Je lui adresse un mince sourire désolé, prête à lui répondre, mais Elijah me devance, montrant Lendric qui tente de passer par la fenêtre :

Récupérez-le, on l'amène à la base.

Non, c'était le repas de Lady Marmelade celui-là, objecte Azael avant de sauter par-dessus le bar, saisissant l'humain par les épaules, avant de lui enfoncer la dague dans le creux de sa main.

Son cri est rapidement étouffé par sa deuxième main qu'il s'empresse d'enfourner dans sa bouche, tandis que ses yeux restent fixés sur la lame qui transperce sa paume abîmée, un trou béant en plein milieu, une expression d'horreur décorant son visage.

𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant