𝟐𝟎.

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Enfilant de nouvelles chaussures précipitamment, c'est en courant presque que je rejoins Elijah, posté sur le ponton du chalet, l'air impatient, et toujours aussi hostile.

En m'apercevant, il désigne le panier en osier que je tiens fermement.

—Tu penses qu'on va cueillir des fleurs ?

Je lève les yeux au ciel.

—J'ai cru voir des myrtilles sur le chemin. Et si nous allons réellement rendre visite à cette sorcière, nous ferions meilleure impression sans les mains vides, rétorqué-je en atteignant sa hauteur, les yeux rivés sur ses traits serrés, qui semblent détruits par la fatigue et l'inquiétude, même s'il s'évertue à le cacher.

Cela doit bien faire trois jours que nous attendons le retour de nos amis, chassant, cueillant, s'entraînant, en espérant les voir jaillir sur le ponton en bois, mais plus les heures passent, et plus nos espoirs s'obscurcissent. Nous manquons de sang, mais plus important encore, nous manquons de temps. Il nous est désormais impossible de rebrousser chemin.

Et la meilleure option qui s'offre à nous, semble être cette sorcière, terrée dans la forêt depuis une décennie, qui par chance, connaît peut-être Judas.

—Tara se fiche de ces fichues baies des bois, tonne-t-il avec dédain, avant de m'emboîter le pas, nous plongeant à nouveau dans cette forêt imposante et menaçante, avec l'espoir d'obtenir des indices sur l'endroit où ils se trouvent.

Lui, qui, avant qu'on ne les laisse au village, avait l'ultime conviction que Judas et Noah sauraient s'en sortir seuls. Et moi qui, malgré mes doutes et mon désaccord, l'avait crû.

Moi qui l'avait suivi bêtement, sans un regard en arrière pour les rares personnes qui m'affectionnent.

Je m'en veux terriblement.

Mais je continue de le suivre, écartant les branchages sur notre passage, à mesure que nous nous éloignons des chalets, et que nous nous rapprochons des montagnes qui les surplombent.

—As-tu averti Azael ? questionné-je subitement en observant ses muscles tressauter sous l'effort.

Je ne l'ai jamais vu aussi vulnérable.

Sa tête se tourne vers la mienne, et ses iris s'assombrissent.

—Et comment espères-tu que je le fasse ? Nos fumigènes censés donner l'alerte sont restés dans le sac de Noah, ainsi que le reste de nos provisions.

Son regard devient trop insistant. Je détourne la tête pour éviter une ronce qui s'apprête à griffer mon visage, ne m'attardant plus sur ses traits agacés.

Il semble être sur les nerfs. Pour changer.

Mais cette fois-ci, c'est différent. Je peux le sentir.

—Dans le meilleur des cas, il s'apercevra que nous prenons trop de temps et enverra des renforts. Dans le pire des cas, il en profitera pour prendre le contrôle de la Base, et s'emparer de ma place, continue-t-il d'une voix glaciale, les mâchoires serrées en regardant droit devant lui, vêtu d'une épaisse cape en peau d'animal.

Son grand-père n'était peut-être pas un vampire, mais sa soif de tuer égalait presque la nôtre.

—Pourquoi Azael ferait une telle chose ? m'inquiété-je en plongeant mes mains dans mon nouvel accoutrement, Elijah m'ayant prêté une ancienne combinaison de chasse appartenant à sa grand-mère.

Je suis presque certaine d'entendre les dents d'Elijah grincer d'agacement.

—Pourquoi ne le ferait-il pas ? Azael me déteste, et il en va de même pour moi. Ne pas saisir cette opportunité serait stupide de sa part, gronde-t-il sans pour autant m'adresser un regard, ses pas précipités s'avançant davantage dans la neige, comme s'il tentait à nouveau de me distancer.

𝐖𝐇𝐄𝐑𝐄 𝐖𝐄 𝐁𝐄𝐋𝐎𝐍𝐆.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant