7- Disparue?

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— Comment va-t-elle ?

Le roi Emiguel plissa le front. Il releva la tête, et se pinça l'arrête du nez. Ses yeux rouges comme les braises trahissaient de récents sanglots, et la journée fastidieuse qu'il avait dû passer.
Tilly osa à peine pénétrer dans son bureau, de crainte d'entendre mieux la vérité, la triste vérité. Le voyage au pays des fées ne  s'était sans doute pas déroulé comme prévu.

— Ma chérie, ta mère ne... ne va pas mieux. Elle n'a pas pu faire le voyage retour et est encore auprès des fées guérisseuses. Je crains que... son état ne soit plus grave que nous le pensions.

— Tu... as prévenu Cali ?

Sans doute pour ne pas inquiéter tout le palais, Cali n'avait pas été mise au parfum  de l'état de sa mère. Absente lors de ses premiers malaises, son père avait préconisé l'idée d'éviter toute panique inutile. Encore un secret, avait maugréé sa fille cadette en son for intérieur.

Son père comme elle s'étaient  convaincus que ce n'était qu'une passade. Un mal dû à l'hiver naissant dans les autres royaumes. Cela arrivait souvent chez les dragonnes.

Ils croyaient dur comme fer que la Reine Enora serait de nouveau sur pieds après un passage chez les plus expertes guérisseuses du monde des ombrumes.

À présent, ils n'étaient plus certains de rien.

— J'ai chargé Edward de le faire. Il est son fiancé, il saura quels mots utiliser pour... ne pas la brusquer.

Bien que ses paroles pesent lourds sur le cœur de Tilly, elle admit que son père ne mentait pas : Edward connaissait très bien Calissa. Trop bien, parfois.

— Cela va sans dire, poursuivit le roi sans remarquer son trouble, cette année, nous ne participerons pas à la fête des lumières.

Tilly s'entortilla les doigts, nerveuse. Les cartons d'invitations avaient déjà été lancés aux onze royaumes, allaient ils devoir annuler ? Comment ? La fête avait lieu dans quelques heures : certains invités prestigieux avaient déjà pris place dans leurs appartements— Edward et sa famille notamment.

De plus, la princesse connaissait  les priorités de son père : les apparences comptaient beaucoup pour lui, il n'envisagerait jamais d'annuler un événement aussi important . Un rendez vous que beaucoup attendaient.

— Tu veux dire que... je dois renvoyer les invités chez eux ?

Il se racla la gorge.

— Non, ta sœur se chargera de nous représenter. Elle est très douée pour ça...

Il hésita. Et ajouta.

— Mais si tu le désires, tu pourras te joindre à elle ?

Effarée, Tilly secoua la tête vivement. Elle préférait encore se tailler les griffes !

Généralement, si elle filait  un coup de main pour l'organisation, la décoration et les activités, elle s'éclipsait toujours au moment du bal, et des banquets. Cali attirait l'attention pour elle, ne manquant jamais de lui partager quelques potins croustillants.

C'était mieux ainsi.
Pourrait-elle  simplement s'immiscer dans une conversation sans bafouiller, sans rougir, sans accrocher un seul regard à son petit copain ?

— Très bien, comme tu voudras, abdiqua le roi en levant sa plume —de phénix probablement.

Elle crut être tirée d'affaire mais il reprit, d'un ton des plus doux.

— Tu sais, je pense qu'il faudrait que tu t'ouvres un jour aux autres, mon ange. Les rois et les reines seraient tous ravis de te rencontrer. Ils ne cessent de me demander de te rencontrer et...

Brun Cannelle (terminée) Where stories live. Discover now