17- La Petite Fille Aux Allumettes

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Chapitre totalement facultatif ^^

Dès l'arrivée des premières neiges, Marisa s'était blottie dans le creux d'un tronc mort, mêlée aux écorces et à la boue. Elle soufflait dans ses mains, en quête d'une petite flamme.

Terence... Où es-tu ? murmura la jeune fille en grattant un peu de chaleur dans la fourrure qu'osa lui offrir un écureuil.

Elle regrettait. Elle n'aurait jamais dû partir à sa recherche , alors qu'il s'était risqué à courir derrière cette maudite princesse.

Mais, au bout d'une heure et demie, il n'était pas revenu et son âme de petite sœur l'avait titillé.

Elle lui avait soufflé une question. Pourrait-elle encore seulement se regarder dans la glace si son si gentil frère périssait, de la main de son altesse ou d'une vilaine créature  ?

Alors pour n'avoir jamais à trouver une réponse, elle avait dérobé un étalon, le plus rapide de l'écurie et s'était lancée à sa suite.

Se transformer aurait attiré l'attention. Impossible non plus de filer à travers les bois, avec ses deux grandes ailes osseuses.

Mais la neige avait commencé à tomber, brûlant la peau de la pauvre palefrenière. Affolée, des étincelles avait crepité de ses mains. Son étalon avait bondi, et de sa croupe, elle avait chuté.

Amazone s'était enfui, hennissant comme un deraté. Marisa avait eu juste le temps de se relever, les bras griffés, qu'elle n'entendait déjà plus les claquements de ses sabots sur le passage granuleux.

Ses grands yeux s'étaient embués de larmes. Pas à cause de la douleur qui grimpait jusqu'à ses coudes. Pas à cause de la trahison ignoble de son étalon favori.

Non, elle pleurait, parce qu'en dépit de tous ses efforts, de sa conduite exemplaire et de l'amour qu'elle portait à sa famille ou à ses chevaux, elle sentait qu'elle ne les reverrait plus jamais.

Tandis qu'elle se recula dans son abri de fortune, l'écureuil lui jeta un regard peiné, lui qui supportait mieux le froid qu'elle.

Il se faufila sous son bras sanguinolent, et s'enfuit dans la mousse gelé. Des petites traces de pas apparurent, très vite effacées par les effroyables flocons.

Je suis désolée, songea-t-elle en claquant des dents.

Le petit rongeur revint quelques minutes plus tard, avec un paquet de brindilles dans la main. La pauvre dragonne les saisit, fébrile, surprise de sentir encore ses doigts.

— Tu crois... que je devrais les allumer, murmura-t-elle à son ami à fourrure, et il hocha lentement la tête comme s'il l'avait comprise.

Elle acquiesça. Après tout, cela pourrait la réchauffer un peu. Peut-être que la garde royale avait déjà envoyé une armée pour la retrouver. Peut être que Myo, un loup garou écuyer, s'était lancé à sa recherche. Myo...Elle regrettait de ne lui avoir jamais déclaré sa flamme, lui qui prenait tellement soin d'elle. Lui qui la relayait quand elle s'epuisait à brosser les chevaux. Lui qui nouait ses cheveux en tresse.

Celui qu'elle aimait.

Ses paupières papillotèrent. Son instinct parla pour elle, et le bout de la brindille se mua en chandelle. Une flamme d'un faible éclat scintilla, et la jeune ombrume crut que le décor  avait changé.

L'écureuil se blottit dans ses bras. Elle aperçut ses chevaux, son écurie chérie, ses amis et surtout le beau loup-garou. Il lui glissait des mots doux, la cajolant dans ses bras, et elle regardait crépiter sur un tas de bois le feu  qu'il avait allumé pour elle, de ses propres moyens. Sans magie, ni soufflet.

— Tu vas t'en sortir lui murmura-t-il d'une voix suave.

Mais le bois se consuma, le vent d'hiver revint et tout autour d'elle l'illusion se dissipa. L'écureuil la secoua, plantant ses griffes minuscules dans ses manches, et à force de coups de pattes, Marisa se réveilla.

Sa peau avait pâli, son souffle flottait comme de la fumée, et sa vue s'était troublée. Aurait-elle seulement la force de se lever si la neige cessait enfin de tomber ?

Elle l'ignorait, et accrochant entre ses doigts engourdis, une seconde brindille, elle essaya de retrouver cette chaleur si courte... pour se sauver.

La demeure familiale apparut. A l'intérieur, son père embrassait sa mère sur le front. Elle les avait quittés, depuis si longtemps que Marisa ne pouvait retranscrire son portrait que grâce à un croquis qui trônait près de la cheminée. Un sapin avait été décoré de bougies. Un millier de petites lucioles qui volaient sur la cire.

Lumière, qui s'éteignit aussitôt lorsque le clocher sonna.

Sans l'effleurer, la neige tourbillonnait. Elle formait un voile blanc, une allure d'oreiller qui incita la jeune femme à se reposer dans son lit de fortune. Ce cylindre, qui n'arrêtait ni le vent, ni la mousse trop humide pour bien brûler.

Alors, la dragonne empoigna les dernières brindilles, releva d'un geste lent son poignet et alluma, pour un ultime mirage, son dernier feu.

— Marisa !

Encore une illusion ...
Terence apparut derrière le rideau blanc.  Il la sortit de sa cachette de bois, et la souleva, une main sous ses genoux, une autre derrière son dos.

— Tu es glacée... Scorpion, tu peux la réchauffer ?

Elle put distinguer le corps d'une étrange créature qui gigotait sur son épaule et qui brillait sous un halo d'argent. Épuisée, le sommeil finit par l'emporter et elle relacha ses bâtons de bois, aussi sombres que la cendre.

Quand elle se réveilla, elle n'était ni aux cieux, ni au palais, mais chez elle. Dans son lit de paille, à contempler le ciel bleu qui venait s'étendre au travers des fenêtres.

La tempête s'était apaisée, et dans ses habits de boue, Terence s'était assoupi sur une chaise, auprès d'elle.

***

Bonsoir à tous, comment allez-vous ?
Tout d'abord je vous souhaite un joyeux Noël ❤️😘

Ensuite, ça y'est nous avons dépassé le 24 . Il reste 4-5 chapitres qui paraîtront du 26 au 30 (si tout se passe bien 😘).

Merci de Suivre cette histoire ❤️
Des bisous ❤️❤️

Brun Cannelle (terminée) Where stories live. Discover now