𝖑𝖊𝖙 𝖙𝖍𝖊 𝖗𝖊𝖎𝖌𝖓 𝖔𝖋 𝖙𝖍𝖊 𝖇𝖆𝖘𝖙𝖆𝖗𝖉𝖘 𝖇𝖊𝖌𝖎𝖓𝖘
Le néant, voilà à quoi elle était destinée.
La douleur, la misère et la tristesse.
C'était ce que son rang avait décidé pour elle.
Mais elle allait réécrire son destin.
Briser ses c...
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______________________________________120.
Les colossales portes de bronze du Donjon Rouge les surplombaient, écrasant les frêles ossatures des enfants, de leur ombre pesante. En les franchissant, Maelakai, sur son destrier cobalt, se sentait fatiguée, chagrinée, et un brin effrayée.
Le périple avait été d'une lenteur effrayante —à contrario de leur premier trajet, trois ans auparavant, qu'y s'était passé dans les meilleures conditions. Deux lunes, sous des conditions déplorables. La Baie de Néra s'était montrée d'une rare violence envers les voyageurs, tempêtant, foudroyant le Galion avec des vagues monstrueuses, manquant d'en fendre le bois.
Ce temps des plus lamentable reflétait assez bien l'humeur de Kai, aussi, il ne l'avait pas dérangé.
Lorsque Daemon, abordant un sourire contrit, était venu la trouver dans sa chambre, quelques jours avant le départ, elle avait su que ce ne serait pas pour lui conter de bonne nouvelle. Tout, de sa posture courbée, au frémissement intempestif des muscles de sa jambe, montrait sa réticence à ouvrir la bouche. Pourtant, prostrée contre une poutre, dans la semi-pénombre de la large pièce, il avait finit par parler;
— Il faut que tu fasses quelque chose pour moi, ça ne va pas te plaire...
En effet, c'était loin d'être plaisant. Être envoyée comme espionne, seule, ou presque, au Donjon Rouge était risqué, voire suicidaire, mais apparemment, Père n'en avait cure. Ses adieux avec lui avait été affreusement court. Il l'avait ébouriffé, pris soin de lui rappeler l'importance de sa mission, avait tourné les talons, et s'en était allé.
En opposition à sa rustre démonstration d'affection —si tant est que l'on puisse la qualifier ainsi— Laena avait été éplorée. Du mieux qu'elle le pouvait, la princesse avait retenu ses larmes, mais, l'étreinte dans laquelle elle avait enserrée sa fille avait été si longue et tenace, que Kai s'était étonnée de ne pas en ressortir avec une côte brisée.
Rhaena avait pleuré, comme le marmot qu'elle était, jusqu'à ce que le Galion soit loin, et à peine visible par delà l'horizon. Baela, comme attendu de sa part, n'avait pas émis le moindre mot de tendresse, se contentant d'au revoir simple et protocolaire. En grimpant sur le bateau, Alenis lui avait joyeusement fait un geste obscène de la main, sous l'œil amusé de Rhaena, et celui réprobateur de Mère.
