Chapitre XI : Rituel ancestral

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" Fala inanma, falsız kalma "

" Ne crois pas en la divination , mais ne te prive pas de la connaître. "

***

Je m'attendais à ce que ce lieu mystérieux se niche au cœur d'une ruelle dissimulée, dans un décor mystique.
Il n'en est rien, c'est un petit café à la devanture semblable aux nombreuses autres de la Ville, juché sur quelques marches qui surplombent une charmante cour fleurie. L'endroit dégage une certaine sérénité et je m'y sent tout de suite bien.

A vrai dire, je suis soulagée d'arriver enfin dans un lieu calme et serein alors que ça fait trois jours que je ne fais que crapahuter dans l'immensité d'Istanbul. Je suis exaltée à l'idée de rencontrer la tante d'Aylin et qu'elle m'éclaire sur mes problématiques personnelles. Néanmoins, je ressent aussi une certaine anxiété.

Aylan pousse la porte et salut de la main un homme moustachu qui s'affaire derrière le comptoir. Il a l'air d'être un habitué des lieux, et se dirige vers une petite table à côté d'une fenêtre donnant sur une autre petite cour. Une femme est assise sur cette petite table et sirote un thé. Son visage m'est familier.

- Salut Emine ! Je t'amène quelqu'un qui a besoin de toi. lance Aylin.

Stupéfaite, je reconnais la dame qui travaille dans l'Hôtel, que je croise les matins en prenant mon petit-déjeuner. Je me demande ce qu'elle fait ici, peut-être travaille-t-elle également ici ? Si c'est le cas, elle est littéralement au four et au moulin.

- Hello ! La dénommée Emine se fend d'un sourire chaleureux dès qu'elle nous aperçoit.

- Bonjour, je ne sais pas si vous me reconnaissez, je suis une touriste qui séjourne dans l'hôtel où vous travaillez.

Emine me fixe. Son regard perçant et la régularité de ses traits lui donnent un air noble et presque distant, mais dès qu'elle s'exprime, tout en elle laisse apparaître la prévenance et l'amabilité.

" Je te reconnais. Bienvenue ! Je ne travaille pas aujourd'hui, j'en profite pour me détendre. Et maintenant, voir mon neveu en bonne compagnie. Asseyez-vous ! "

Aylin et moi nous asseyons sur la petite table à la nappe cirée.

- Je te présente Lucie, ma nouvelle amie venue de France. Visiblement vous vous connaissez déjà. Lucie et sa pote sont venues dans ma boutique du Grand Bazar et j'ai deviné leur signes. Depuis, Lucie me cuisine sur l'astrologie. Elle semble être en crise existentielle. Bref, je sais que tu ne peux jamais dire non à une personne en quête de vérité.

- Oui on s'est croisées ce matin sur la terrasse.
Emine hoche la tête les yeux rivés sur moi, affichant toujours son sourire cordial.

- Tu viens d'où ? De Paris ?

- Exactement !

- Ah, la capitale. C'est une ville romantique, il paraît.

Je ne sais pas s'il s'agissait d'une question ou d'une affirmation. Je me contorsionne sur ma chaise.

-  Il paraît oui. Mais je n'ai pas encore eu le temps de le vérifier. 

Olala... a chaque fois je suis embarrassée, je botte en touche pour ne pas me mouiller, ou, à l'inverse, je parle trop. En l'occurrence, personne n'avait besoin de cette information supplémentaire.

Les flammes pluriellesWhere stories live. Discover now