𝘵𝘳𝘰𝘪𝘴𝘪è𝘮𝘦 𝘤𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦

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C'était enfin sa pause déjeuner et Chishiya en était ravi, bien que le mot « pause » n'existait pas vraiment. Il avait 10 minutes de tranquillité et comptait bien manger et boire le thé que sa bien aimé avait préparé. Du moins, c'est ce qu'il pensait.
À peine fut-il arrivé en salle de pause que son beeper afficha une urgence, signifiant qu'il devait se rendre impérativement dans le hall d'entrée.
Il soupira et fit demi tour pour aller à la réception. Il rumina intérieurement, rêvant de son repas qui devra attendre quelques heures de plus pour être avalé.

- Que se passe-t-il ? Demanda un des internes lorsque Chishiya arriva.

Le blond regarda autour de lui et tout était calme. Aucun trauma entrant. Et pourtant, tous les internes et chefs de département de chirurgie étaient regroupés ici.

Le bruit de la télé lui fit tourner la tête du blond en hauteur. Le son ambiant de l'hôpital couvrait ce que la journaliste disait, mais le gros titre était assez explicite : Fusillade au centre commercial.

- Il y a une fusillade au centre commercial de Shibuya, attendez-vous à des trauma. Ordonna le chef de la chirurgie.

Chishiya commença à mettre sa blouse de plastique prévue à l'arrivée des trauma, ainsi que des gants, et s'installa à l'entrée en attendant les pompiers, suivi par tous les autres médecins et internes.

- Vous pensez qu'il y aura des grands blessés ?
- Ouhhh... J'espère avoir quelque chose de compliqué !
- Imagine devoir retirer une balle logée entr-...

Et ça y est, Chishiya n'écoutait plus et fixait devant lui un point, ennuyé. Il aurait pu manger avant d'arriver, si au final il fallait attendre l'arrivée des pompiers.
Il soupira légèrement. Ah, qu'il avait envie de rentrer dans son lit confortable à côté de la marmotte qui lui servait de copine. Que devait-elle faire en ce moment ?
Chishiya eut un léger sourire en coin en y réfléchissant. Elle devait sûrement être au poste de police en train de râler de devoir travailler durant son jour de congé...

Soudain, la réalité le frappa. Emi faisait partie de l'équipe d'intervention. Une partie de son travail était certes, d'aider à résoudre les crimes, mais elle était surtout payée pour intervenir lors des situations délicates. Et une fusillade, c'était une situation délicate.
Le coeur du blond commença à battre un peu plus rapidement que d'habitude, mais bien que son cœur soit affolé, sa raison lui permit de se calmer. Rien ne servait de paniquer avant de l'avoir vue sur un brancard sur le point de mourir. Pour le moment, il devait se concentrer sur la chirurgie et sauver des vies.

Les sirènes des camions de pompiers retentirent au loin pour arriver à toute vitesse.
Les internes se précipitèrent vers le premier camion, où les pompiers ouvrirent les portes en descendant quelqu'un sur un brancard.

- Hiraki Katsudo, 37 ans, plaie à la ja-...
- Akisa Matsu, 28 ans, souffre d'un traumatisme cran-...

Les camions arrivèrent les uns après les autres et des voix fusèrent de partout.

Le chef de trauma donna des ordres pour installer les blessés, tandis que les internes souriaient d'avoir des cas intéressants à traiter.

- Daiko Haru, 42 ans, plusieurs blessures par balle et des hématomes au torse, le gilet par balle a arrêté la plupart d'entre elles. On a du le réanimer 2 fois dans le camion, il doit y avoir une hémorragie interne à cause des répercutions des balles sur le gilet.

Le regard de Chishiya fixa l'homme. C'était le boss de sa compagne, il en était sûr.
Il secoua légèrement la tête et s'avança vers un brancard.

- Kenjiu Karu, 20 ans, blessé aux bras, au pied et à la cuisse.

Le blond hocha la tête en guidant le corps à l'intérieur. Il ne portait pas d'uniforme de police mais Chishiya ne se posa pas plus de questions dessus, ne voulant pas être déconcentré en sachant si cet homme était un otage, ou un possible tueur.
Un médecin l'accompagna et ils entrèrent directement au bloc.

Juste après le brancard de Daiko et de Karu arriva le brancard d'une jeune femme aux cheveux bruns collés sur le tempe par du sang, le visage pâle et la respiration haletante.

- Emi Asako, 26 ans. Souffre d'une balle à l'épaule, ouverture au crâne, et de plusieurs coups de couteaux. Elle fait une hémorragie interne et a besoin d'assistance respiratoire !
- Au bloc ! Dégagez devant !

♦️♣️♥️♠️

Chishiya retira ses gants et poussa un léger soupir. L'homme était sauvé. Il perdra de la mobilité à une jambe, mais il était en vie et capable de marcher. Il se lava les mains à l'entrée du bloc en fixant un point vide devant lui, puis se dépêcha de revenir dans le hall pour suivre les chirurgies en cours ou à faire sur le tableau à l'entrée.
En effet, après le hall d'entrée, où se trouvait la salle d'attente et l'accueil se trouvait un long couloir qui donnait ensuite sur le hall principal.
Il était en forme de carré, avec d'autres sièges et un autre accueil. Sur un grand mur se trouvait un tableau à feutre effaçable, écrit par les infirmières et remplit par les médecins. Celui-ci était assez simple à comprendre, il y avait 7 colonnes pour les jours de la semaine et 24 lignes, pour les heures. Dans chaque case se trouvait l'heure de l'opération, le nom du patient et du médecin.

Chishiya prit l'effaceur et enleva la chirurgie qu'il venait d'exécuter.
Il regarda ensuite le reste : Daiko Haru, Hiraki Katsudo... Emi Asako.
Son corps se figea et son coeur s'emballa. Il avança rapidement, sans pour autant courir, au bloc où sa brune était, gardant un visage neutre.
Il mit un masque devant sa bouche et son nez, puis entra dans le bloc en restant à l'écart pour ne pas rompre le champs de stérilité. Toutes les machines bipaient en même temps et les infirmières trottinaient de partout.

Emi était entourée de 2 chirurgiens et 2 internes, chacun d'un côté.

- Je n'arrive pas à stopper l'hémorragie !
- On la perd. 3 ml d'api !

Un interne prit une seringue et la lui mit.

Tout le monde se stoppa pour regarder les moniteurs, sauf un chirurgien, concentré sur le flanc gauche d'Asako.

- Toujours rien.
- On perd le signal !
- Palettes ! Chargez à 200... Dégagez !

Même si le cœur d'Emi ne s'était jamais arrêté mais menaçait de le faire à tout moment, Chishiya sentit une légère gêne dans sa cage thoracique, et il n'aimait pas du tout ce sentiment. Son cœur ne s'était pas arrêté, il était simplement faible et avait besoin d'un coup de pouce, ce qui expliquait l'api et les défibrillateur. C'est ce que Chishiya se disait. Il réfléchissait de manière totalement détaché, comme s'il s'agissait d'un patient lambda, sûrement pour essayer de faire partir son inconfort respiratoire. Puis finalement, le battement de son cœur repartit plus fort qu'avant.

- 2 dose d'api !
- De suite.
- Docteur Chishiya ? Demanda une infirmière en remarquant enfin sa présence.

Celui-ci ne répondit pas, se contentant d'un geste de la tête en direction de la patiente.

- Emi Asako, 26 ans. Balle dans l'épaule et 3 coups de couteaux dans le flanc gauche. Expliqua une infirmière chargée de désinfecter les ustensiles.
- Que me vaut cet honneur dans mon bloc opératoire ? Demanda le chirurgien à gauche d'Akisa, qui devait sûrement s'occuper de ses plaies dues au couteau. Il s'agissait du chef du département de la chirurgie générale.
- Je me renseigne.
- Quel honneur de vous intéresser à notre travail, ironisa l'autre chirurgien, qui était une femme. Elle est stable, on continue.

Chishiya s'en fichait de ses collègues et s'intéressait seulement aux méthodes de chirurgies enseignées et pratiquées.

La femme brandit une petite balle métallique entre une pince, et l'interne lui tendit un pot.

- J'ai enlevé le corps étranger. On va recoudre. Et vous ?
- Il lui a bien troué le colon descendant.. Mais on a recousu la plupart des trous.
- Comment s'est passé votre opération, docteur Chishiya ? J'ai cru comprendre que vous avez sauvé le tireur. Demanda, d'une manière espiègle le chef de la chirurgie générale.

Le blond haussa légèrement ses sourcils. Il n'était pas au courant, et il n'avait pas cherché à le savoir.

- J'ai fait mon travail. La justice s'occupera du reste.

Sur ce, il tourna les talons et s'en alla. La brune était hors de danger pour le moment, et sa présence dans ce bloc était déjà très inhabituel. Il alla faire ce qu'il savait faire le mieux : être un médecin, même si son sang bouillonnait de savoir qu'il avait un contrôle sur le corps de celui qui avait blessé Emi quelques minutes auparavant.

« Shuntaro ». Chishiya X OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant