BELLADONNA (Dark Romance, en librairies)

CHAPITRE 8

JADEN

Tout en observant les gens autour de moi, je ne peux m'empêcher de masser ma pommette. À force, je risque de retirer le concealer que j'ai mis pour dissimuler la trace du coup qu'Iniesto m'a mis mais je ne peux pas m'en empêcher.

Comment vais-je justifier ça auprès de Tante Dawn ?

Mes yeux furètent dans tous les sens pour s'assurer qu'aucune personne que je connaisse ne puisse m'identifier. Des mecs d'Alexander Whitaker discutent près de la fenêtre tandis qu'une partie du groupe de Willow discute non loin. Il manque juste Ivy et Ellen.

Un homme d'une cinquantaine d'année, les cheveux rasés de près et les sourcils broussailleux, s'excuse en passant près de moi.

C'est plutôt moi qui suis désolé...

En une fraction de secondes, son destin bascule. Lorsque son torse frôle le mien, ma main gauche glisse dans la poche intérieure de sa veste pour en récupérer un portefeuille en cuir. La droite s'attaque à sa montre dont le fermoir ne résiste pas. Le temps d'un regard et d'un sourire poli, ma première victime est dépouillée.

Cerise sur le gâteau : j'ai laissé ma carte de visite en lieu et place de son portefeuille. Profitant que personne ne me prête attention, je fouille à l'intérieur pour en sortir le liquide que je range soigneusement, avant d'abandonner le reste sur une console. Je poursuis mon exploration de la soirée, évaluant les proies les plus fragiles.

Les hommes riches adorent les montres de luxe pour étaler leur fortune aux yeux de tous. Ils les brandissent fièrement devant des nanas de vingt ans de moins qu'eux, comme s'il s'agissait d'une formule magique pour les mettre dans leurs lits.

Seul bémol : certains bracelets possèdent un fermoir plus résistant que d'autre. La première leçon du pickpocket, c'est de sélectionner méticuleusement ses cibles. On n'attaque pas n'importe qui, sans préparation. Il faut être sûr de réussir son coup. Si l'estimation mentale n'avoisine pas les quatre-vingt dix neuf pour cent, je passe mon tour.

Le jeu n'en vaut pas la chandelle.

En croisant Dylan et Mandy, deux lycéens de ma promo, je tourne le dos et prétend reboutonner ma veste. Mon cœur bat à toute vitesse. Ils s'éloignent sans se douter de ma présence.

Je soupire de soulagement.

Mon expédition se poursuit au milieu de tous ces pourris de fric qui ne s'aperçoivent pas qu'une taupe évolue parmi eux. La seule chose qui les intéresse, c'est que le champagne coule à flot et que leurs voisins comprennent bien combien ils sont puissants. Les discussions sont de perpétuelles surenchères pour savoir qui a l'appartement le plus spacieux, le plus gros yacht, la meilleure destination de vacances.

Ridicule.

Avant de mourir étouffé par ces démonstrations de vanité et de velléité, je sillonne la rangée face à moi. Une femme dont le sac à main est entrouvert attire mon attention. L'anse en maillon de chaîne pendouille maladroitement sur le bord de son épaule et elle est tellement occupée à raconter comment elle a humilié sa femme de chambre la veille qu'elle ne prête pas attention à ses affaires.