Chapitre 17

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Alors que je profite que Djamila soit au garage, je fouille sa chambre dans la maison des filles, je remarque que la décoration est plutôt ordinaire. Le lit est défait et des vêtements traînent un peu partout. Je prends des photos des portraits accrochés aux murs. Sur ces photos, je vois une jeune fille souriante, joyeuse lors des selfies, mais plus réservée lorsqu'elle est en compagnie d'autres personnes et porte le Hijab. Cela correspond à l'identité qu'elle a créée. Il y a aussi quelques citations encadrées sur l'acceptation, la liberté, certaines écrites à la main et punaisées. Un tableau représente les attentats du 11 septembre avec le drapeau américain en arrière-plan.

La chambre est parfaitement composée de l'amour d'une jeune femme pour son pays, la liberté et l'indépendance. C'est tellement parfait que cela semble presque trop parfait. Même chez moi, il n'y a pas autant de références patriotiques, et pourtant j'aime mon pays et je valorise mon indépendance. Chez mes grands-parents, il y a des drapeaux, certes, mais le 11 septembre... Cette perfection apparente me pousse à poser des questions, à ne pas accepter l'évidence sans un minimum de réflexion, comme mes grands-parents me l'ont appris.

« Aaah ! » souris-je en découvrant des versets du Coran concernant les mécréants et les pécheurs écrits dans un carnet caché sous le plateau de la table de chevet. « Eh bien voilà. »

Nous avons une petite djihadiste dans la famille, c'est attendrissant.

« Konichiwa, Lieutenant Nakamura, je vous envoie des photos.

— Oooh, c'est tellement mignon. Ils grandissent si vite. Un jour, elles jouent à la poupée, et sans que l'on s'en aperçoive, elles décapitent des mécréants sur internet.

— N'est-ce pas adorable ? J'ai envie d'en ramener une à la maison.

— Tu as besoin d'une extraction ?

— Suivez-la, il faut que l'on sache où elle va le soir, à ses fameux cours. Ensuite, on l'extrait et on l'interroge. Peux-tu lancer une reconnaissance faciale sur la photo que je viens de t'envoyer ?

— C'est en cours.

— Regarde cette vidéo, cette chambre est parfaite.

— Magnifique même, chaque détail a été pensé avec soin.

— Elle est forcément ici pour autre chose qu'une extorsion d'argent.

— Tu penses qu'elle sait, Emi ?

— J'en suis persuadée, mais comment se fait-il que celles qui lui sont les plus proches l'ignorent ?

— Je peux te procurer des uniformes pour effectuer une filature, mais il va falloir déposer une demande auprès du sergent, de notre agent de liaison et de leurs supérieurs. Plus il y aura de personnes impliquées, plus cela risquera de compromettre l'opération et la sécurité de la Première Dame.

— Je suis seule sur ce coup-là... bien, je dois me changer, louer un véhicule et acheter du matériel. Je n'ai pas le temps de trouver un endroit pour l'interroger, je vais louer un camion-cube. Trouve-moi une zone dégagée, désaffectée où personne ne pourra l'entendre crier.

— Que puis-je faire d'autre pour toi ?

— Je vais installer une caméra, tu seras en direct et enregistreras le flux au cas où je manquerais un passage pendant son interrogatoire.

— Tu penses qu'elle va avouer ? Elle cherchera à te toucher à travers tes sentiments envers Kinsley et April. Elle tentera de te provoquer pour t'empêcher de parler.

— Je le sais, c'est la meilleure stratégie, si elle est prête à mourir. Mobilise ton équipe, ne la perds pas de vue dès qu'elle sortira du travail. Profitez de chaque caméra pour obtenir des informations en temps réel sur ses déplacements. Sécurisez la zone au cas où il y aurait plusieurs accès. Si c'est possible, j'entrerai, sinon je l'intercepterai à la sortie. Au fait, as-tu parlé de l'adoption à ma grand-mère ?

The First Lady's mission - Reaper # 3Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang