Chapitre 4

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Diana

« Nos prédictions sont parfois vouées à ne pas dépasser la limite de nos désirs »

Je me remuais dans tous les sens.

Il m'était impossible de fermer l'œil. Agacée, je m'extirpai de mon lit afin de me défaire de cette boucle infernale.

Je me rendis au salon et pris place près de la fenêtre arquée pour admirer la rue enneigée. Je remontai le plaid, que j'avais ôté du canapé, sur mes épaules lorsque l'envie de me retrouver au milieu de cette neige me reprit.

Il n'était pas si tard que ça, et Daniel était déjà bien endormi. Je pouvais me permettre une petite ballade nocturne.

J'allai discrètement dans ma chambre en prenant soin de ne pas faire grincer le parquet sous mes pieds. J'y récupérai mon manteau avant de quitter l'appartement.

La ruelle était déserte. Je rejoignis la rue principale en laissant mes pas me guider.

Je tentais de fuir les pensées qui m'empêchaient de dormir, mais me retrouver dans le silence de la nuit n'avait pas l'air de m'aider plus que ça. J'espérais au moins que la marche suffira à me fatiguer pour ne plus continuer à fixer le plafond de ma chambre une fois de retour à la maison.

Je m'en voulais de n'avoir rien remarqué concernant les bleus de Daniel. Je m'en voulais de l'avoir laissé recevoir des coups. Et je m'en voulais encore plus quand je me souvenais de son sourire pendant que j'essayais de lui dire de faire attention lorsqu'il jouait.

Peut-être qu'il me comprenait. Peut-être qu'il ne me comprenait pas. Il ne savait pas s'exprimer avec des mots et parfois il ne savait pas du tout se faire comprendre. Il subissait presque. Il ne pouvait pas faire entendre sa voix, ce qu'il avait à dire ou ce qu'il pensait.

Combien de choses horribles a-t-il pu vivre sans que je ne sois au courant, sans que je n'aie rien pu faire ? Et combien en vivra-t-il une fois adulte ?

J'étais tellement désolée pour lui de n'avoir rien vu. Et désolée pour tout ce que je ne verrais pas dans les années à venir.

Je pris une grande et profonde inspiration, comme pour tenter de me soulager. J'admirais les alentours lorsque mes yeux se posèrent sur quelqu'un, au beau milieu du parc où je me trouvais.

L'homme que j'aperçus, adossé à une rambarde surplombant une large étendue d'eau, était la première personne que je croisai depuis plusieurs minutes maintenant.

Je l'observai, et le doute fit froncer mes sourcils.

Les lampadaires n'éclairaient que très peu, alors je m'approchai lentement de lui pour confirmer ce que je voyais. Mon cœur fit un bond lorsque je réalisai que l'hallucination que je croyais avoir était en fait réelle. Sans réfléchir, j'accourus vers lui, attrapai son bras, et le tirai de toutes mes forces pour le faire passer par-dessus la rambarde.

— Qu'est-ce-que vous faites ? Descendez de là ! Ne faites pas ça, descendez !

Il ne me répondait pas. Ou bien je ne l'entendais pas. J'avais l'impression de n'entendre que mon cœur battre la chamade. Il tambourinait tellement vite que je ne sentais plus rien d'autre dans mon corps. Je ne contrôlais même plus ma respiration et je tentai tant bien que mal de retenir les larmes que je flairais arriver.

S'il te plait... ne fais pas ça...

Son corps passa finalement par-dessus la barrière et je sentis mes jambes se dérober.

— Je ne vais pas sauter, je ne vais rien faire, l'entendis-je près de mon oreille.

Les mots parvenaient difficilement jusqu'à ma bouche. Et l'air que j'inspirais me brûlait les poumons.

THE LITTLE ANGELWhere stories live. Discover now