5-Le calme avant la tempête

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Je n'ai pas dormis de la nuit. J'ai eu beau fermer les yeux, m'inventer des histoires, rien n'y a fait. Déjà, je suis habitué aux sons de la forêt. Pas à ceux de d'autres Na'vis, à leurs présences. Sans parler de la bataille de demain. Rien qu'en y pensant, je me sens affreusement mal.

Épuisé de lutter contre mes propres sentiments, je décide donc d'aller faire une petite balade nocturne. Je me lève doucement, m'appliquant à ne pas réveiller les autres. Je m'attarde peut-être un peu trop longtemps sur le dos musclé de Lo'ak, et me dépêche de sortir de la demeure des Sully.

Je marche dans le repère, tentant tant bien que mal d'oublier mes problèmes, sans succès. Je n'ai pas l'impression d'être à ma place ici. Un étranger, une anomalie, voilà ce que je suis. En plus, la mission me préoccupe aussi. J'ai peur de tout faire foirer. Qu'on me déteste encore plus que maintenant. De décevoir la famille qui vient tout juste de m'accueillir. Je sais que pour Jake, s'est un peu un test qu'il veut me faire passer, question d'évaluer si je suis digne de leur attention ou une pure perte de temps. Puis, en tête de liste, il y a bien sûr tout ce que je ressens de si particulier quand Lo'ak ne fait que me regarder où me parler. Sans réfléchir, je me dirige vers la mini-falaise que le top de mes préoccupations m'a montré plus tôt.

Je me laisse glisser contre la paroi, fixant le ciel étoilé intensément, comme s'il pouvait me venir en aide. Je me sens déjà mieux ici, à l'air frais, avec les faibles bruits qui me parviennent de la mer d'arbres qui s'étends en contrebas. Le crâne appuyé contre la roche, je pense à tout ce qui s'est produit aujourd'hui. Encore hier, je campais dans les branches et me pensais seul au monde. C'est fou comme les choses ont évoluées en 24h.

Ce sont des bruits de pas discrets qui me tire des fonds de ma conscience. À ma connaissance, seulement une autre personne sait que ce coin tranquille existe. L'apparition de Lo'ak vient confirmer ma supposition.

-"Je t'ai entendu te lever" fait-il, répondant à ma question silencieuse. "Je savais que tu viendrais ici"

Il s'assoit à mes côtés, un peu comme l'inverse de plus tôt. Je me sens coupable de l'avoir réveiller...

-"Tu devrais retourner dormir, au lieu de devenir mon partenaire d'insomnie" je lui dis, ce qui le fait bien rire, me faisant sourire par la même occasion.

-"Si je te dis que je ne suis pas plus capable du sommeil que toi?" Me demande-t-il, plein d'espoir.

-"Dans ce cas, alors, j'accepte ta compagnie avec plaisir"

Il me sourit et je sens que mon coeur veux sortir de ma poitrine pour aller se suicider en bas de notre perchoir. Génial...Le vent qui siffle dans l'obscurité fait voler nos cheveux, nous donnant presque l'impression d'être à dos d'ikran. Il y a la même sensation de liberté, comme Lo'ak le dit si bien.

-"Noaki ? Je peux te poser une question?" Dit-il d'une voix incertaine.

-"Oui. Qu'est-ce qu'il y a?"

-"Si je peux te demander ça...Elles viennent d'où, toutes tes cicatrices?"

Ça me prends par surprise. J'étais sûr qu'il allait me demander pourquoi je vivais seul...Apparemment, il a vite comprit quel sujet ne pas aborder.

-"Aucun problème. Alors, il y a une variété de sources: généralement, les plus grandes et les marques de dents viennent de mon apprentissage de la chasse. Le reste, les plus petites et profondes, elles, ce sont des balles où des coups de couteau de ceux du ciel"

Je vois ses yeux s'aggrandirent au fur et à mesure de mes explications. Je comprends que ça doit être assez traumatisant à entendre, même si, moi, il m'en faut beaucoup plus pour être choqué.

-"Désolé...C'est atroce, franchement"

Je hausse les épaules avec insouciance.

-"C'est guéris maintenant. Et puis, ça ne fait plus du tout mal"

-"Oui, maintenant c'est certain, mais pour ça il a fallu que tu te blesses, non?"

-"Ouais, mais j'ai su rester en vie. Ne t'en fait pas pour moi, Lo'ak"

Il n'a pas l'air convaincu mais ne fait aucun commentaire. Nous nous contentons de rester en silence, et nous nous rapprochons inconsciemment l'un de l'autre. Sans m'en rendre compte, je me sens devenir de plus en plus fatigué et la dernière chose que j'entends est la voix de Lo'ak qui rigole parce que je m'endors.

***

C'est le lever de soleil qui me fais brusquement ouvrir les yeux, bien trop fort pour cette heure du matin. Puis, je réalise quelque chose...J'ai littéralement la tête posée sur l'épaule de Lo'ak, appuyé contre lui, tandis que son bras est passé autour des miennes. Je me redresse doucement et l'observe dormir un moment.

Ses traits sont détendus et pour tout vous dires, eh bien je dois sûrement avoir la plus grosse tronche d'imbécile heureux jamais vue en 10 ans d'existence.

Je me faufile à l'intérieur du repaire. Il mérite bien de se reposer un peu. De mon côté, je vais aller m'entraîner au tir avant les combats, question d'avoir au moins pu manier mon arme une fois. Je m'approche de la pile de ravitaillement que j'ai repéré, à côté des hélicos. Alors voyons voir...Aka 47, bazuka, lance-flammes. Il y a du choix, dis donc. Puis, soudain, je le repère. Un fusil identique au mien. Je m'en saisis et pars chercher des munitions, que j'accroche à ma ceinture, à un endroit facile à atteindre. Puis je vais m'entraîner à viser, testant la qualité de l'arme en noyant mes pensées sous les bruits de balles. Les autres N'avis me regardent, épatés, mais j'en ai rien à faire.

《Non, impossible. Je ne peux pas l'aimer. Pas au bout d'une seule journée et certainement pas avec Jake. Je ne veux pas. Non je ne peux pas. Mais je ne contrôle plus rien》

Lo'ak x oc Où les histoires vivent. Découvrez maintenant