Louis

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« You were riding your bike to the sound of "It's No Big Deal"
And you're trying to lift off the ground on those old two wheels
Nothing about the way that you were treated ever seemed especially alarming 'til now
So you tie up your hair and you smile like it's no big deal »
-Matilda, Harry Styles

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Si une mouche était passée par là, on l'aurait entendue voler. Louis en était pas mal sûr. Il se disait ça à chaque repas de famille, c'est-à-dire à chaque soir.

Chaque soir, c'était la même routine.
Sa mère avait arrêté depuis longtemps d'essayer d'instaurer une conversation, lors de ces repas. Son père, quant à lui, mangeait silencieusement. Juste dans la manière qu'il engouffrait sa nourriture, on sentait sa violence, sa colère mal contenue. On le sentait hautain, mastiquant son poulet lentement comme s'il vous disait: le mien est meilleur que le vôtre. Ce qui était complètement stupide, puisque Louis et sa mère avaient exactement le même poulet que le sien.

Ce jour-là , c'était pire, mais c'était plus supportable, d'une certaine façon. Parce qu'il avait quelque chose à annoncer, parce qu'il savait que son père le prendrait mal, sortirait de ses gonds. Mais c'est mieux parce qu'il est amoureux et que tout ça en vaut la peine.

Ce jour-là, Louis tremblait, la gorge sèche, il était affreusement nerveux. Et il savait que son père le sentait ainsi, puisque celui-ci en profitait pour le fixer méchamment, prenant plaisir à augmenter le stress de son fils.

Après quelques minutes à continuer son manège, il s'est lassé.

-Bon, Louis, tu vas nous dire ce qui t'arrive ? Tu trembles comme une mauviette, ressaisis-toi, à la fin!

Et ça a été trop pour lui, c'était la goutte qui faisait déborder son verre déjà trop plein, qui le faisait exploser, même. C'était tout le stress des derniers mois, son ambivalence sur le fait d'enfin révéler à ses parents qu'il pouvait tomber amoureux d'une femme, mais aussi d'un homme. Tout ça le gardait éveillé beaucoup trop tard le soir, traçant des sillons noircis et rougis par ses pensées nocturnes, sur la peau mince et fragile sous ses yeux.

Et c'était lui qui était un peu trop fragile et qui était écrasé par le fait qu'il connaissait déjà la réaction de son père. Un dégoût, un dégoût total qu'il imaginait dans ses pires cauchemars et qui l'écrasait. Il aurait dû s'en foutre, après tout, il était loin d'apprécier son père. Mais le problème était dans ces deux mots: son père. Voilà qui il était, qui il serait toujours, alors malgré tout, il voulait, il espérait une validation de sa part. Une trace d'amour, dans son regard, dans sa voix ou même dans ses actions.

Avec tout ça, Louis savait qu'il devait annoncer sa relation avec Harry. Parce qu'il voulait avant toute chose être libre. Il faut aussi dire que cette relation l'avait poussé à parler de ses attirances avec ses parents plus tôt que prévu. Alors, il n'en pouvait plus et c'est sorti plus durement qu'il l'aurait souhaité.

- Je sors avec un garçon.

Ça ressemblait presque à un murmure, le murmure d'une personne qui n'arrivait pas à prendre confiance, à être elle-même.

-Quoi ?

Son père avait enfin arrêté de mastiquer de manière hautaine, il s'était arrêté avait posé ses ustensiles de manière choquée, presque pensive et avait blêmi considérablement. Sa mère s'était tourné vers son fils, bienveillante. Si Louis avait hérité d'un horrible père, il avait au moins sa mère et une chance, se disait-il, car étant enfant unique, s'il avait eu deux parents des plus cruels, ça aurait été plutôt dûr, horrible même.

-Je sors avec un garçon.

Cette fois il avait repris confiance, il avait presque crié cette affirmation, sortant du même fait toutes les angoisses créées par ce sujet, par ce moment auquel il avait tant pensé. Il voyait dans les yeux de son géniteur qu'il ne savait pas comment réagir. Qu'il avait été complètement pris par surprise, alors il a rigolé. Son père a rigolé, d'un rire jaune, forcé.

T'aimer sur papier Where stories live. Discover now