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Mais ce que Rhys et Aidan ne savaient pas, c'était qu'un autre drame les attendait, et celui ci arriva bien trop vite à leur goût.

Un matin, elles partirent à l'aube pour aller courir ensemble, puis allèrent à la salle, pour s'entraîner. Il était hors de question de perdre la forme parce qu'elles savaient, elles savaient, qu'un jour, les Avengers se reformeraient. Les deux amies revinrent chez elles. Aidan fut la première à rentrer : elle ôta ses chaussures et cria aussitôt :

"Maman ! On est rentrée !"

Mais aucune réponse ne vint, alors elle attendit sa meilleure amie pour chercher un mot qui expliquerait leur absence. Une fois Rhys rentrée, cette dernière et Aidan débutèrent leur recherche pour ce papier. La guérisseuse le trouva sur la table de la cuisine, au milieu d'un désordre sans nom. Un verre avait été cassé sur le sol et son liquide collant s'était agglutiné tout autour d'une des quatre chaises. Un autre récipient, contenant ce que Rhys supposait être du thé, trônait seul, sur la table et à côté se trouvait le papier. Aidan fut la première à lire le papier, et tandis que ses yeux parcouraient les lignes, le visage de la guérisseuse affichait de plus en plus d'effroi. Elle attrapa la main gantée de Rhys et sortit de la maison, avant de monter dans la voiture. Aidan la démarra pendant que son amie l'assaillait de multiples questions.

"Pitié Rhys, tais toi !" se révolta Aidan en essuyant des larmes sur sa joue.
"J'ai besoin de savoir ce qu'il se passe." s'agaça Rhys, d'un ton ferme.
"Je te le dirais sur place"

Rhys sentait la colère l'emporter mais ferma les poings pour canaliser sa rage. Ce trajet fut sûrement un des plus longs de toute sa vie, elle ne savait pas ce qu'il se passait. Si seulement Rhys avait eu le temps de lire ce papier...

Lorsque la voiture s'arrêta, Aidan posa sa main sur l'épaule de son amie.

"Il faut que tu m'écoutes." déclara t elle
"Dis moi tout"
"Ta mère a fait un malaise, et Maman l'a emmené à l'hôpital"

Rhys ne perdit pas une seconde de plus, elle se redressa et ouvrit la porte de la voiture. Elle en descendit et accouru jusqu'à l'hôpital. Aidan la suivit, sprintant pour la rejoindre, et une fois qu'elles furent à l'accueil, ce fut la guérisseuse qui demanda à l'assistante s'il était possible de trouver Lio. Elle leur donna sa localisation et les deux amies s'y dirigèrent, d'un pas tremblant pour Rhys, d'un air assuré pour Aidan. Elle avait décidé d'être le poteau de son amie, son repère.

Ce fut donc Aidan qui ouvrit la porte de la chambre d'hôpital de Lio. Aurore s'y trouvait aussi, assise dans une chaise, et se leva aussitôt en les voyant. Elle serra dans ses bras Aidan et eut un œil larmoyant pour Rhys. Cette dernière pivota aussitôt vers sa mère, qui dormait, accompagnée par un bip que Rhys haïssait sans la moindre mesure.

Ainsi passa les minutes, minutes durant lesquelles Rhys ne pouvait que constater que Aurore voulait dire quelque chose. Sa bouche s'ouvrait, et se refermait dans l'instant d'après, et ce mouvement réveillait tant de détestation que Rhys la comparait à un poisson ridicule. Un silence divin régnait et personne n'osait le briser. Lorsqu'un docteur arriva, Rhys se leva vivement et se dirigea vers lui, lui demandant alors ce qu'avait sa mère. Il la dévisagea, sans une expression compatissante, et lui apprit cette vérité cruelle.

"Votre mère va mourir. Vous pouvez déjà vous estimer heureuse qu'elle ne souffre pas"

Rhys se sentit se briser dans le vent, s'envoler. Le temps s'était arrêté et elle était figée. Plus rien ne comptait à part ce lit où était étendu sa mère, et son expression apaisée, d'une enfant endormie. Rhys attrapa sa chaise et l'enfonça d'un air décidé, avant de s'asseoir dessus. Elle resterait là aussi longtemps qu'elle le pouvait. Rhys ne pouvait pas accepter de perdre sa mère.

Mais lorsque vingt heure arriva, les infirmières arrivèrent et annoncèrent que les femmes devaient laisser Lio. Rhys se vit forcée de le faire, mais elle supplia les infirmières de l'appeler au moindre souci. Elles acquiescèrent, et la famille quitta alors les lieux.

Le lendemain, Rhys y retourna dès l'aube et y trouva sa mère, réveillée, qui eut l'air particulièrement contente de la voir. La femme n'osa pas lui demander comment elle allait, mais lorsque elle vit sa mère prendre une grande respiration, son cœur se serra.

"Je pensais pas que j'allais mourrir comme ça" avoua Lio, avec un mince rictus, et Rhys conserva le silence. "Je n'aurais jamais revu Domino"
"Je suis désolée maman" l'interrompit Rhys. "Je t'en ai presque voulu toute mon enfance, de m'avoir mit au monde." poursuivit sa fille
"Je m'en suis voulue aussi. Parfois, je regarde ce que tu vis, et je me dis que je suis cruelle."
"Mais non. Tu étais simplement amoureuse de Papa, à l'époque. Ne t'en veux pas. Moi je ne t'en veux plus"
"Tant mieux alors"

Ce que Rhys considérait comme une bonne chose, ce était que sa mère ne paraissait pas sur le point de faire ses adieux.

"Tu continueras de sauver la Terre ?" s'enquit Lio, en posant un regard empli d'espoir sur sa fille
"Bien sûr maman. Je ne m'arrêterais jamais."

A ces mots, Rhys hocha la tête pour appuyer son propos.

"Tant mieux. Allez. Va t'entraîner"

Lio lui offrit un sourire et lui tapota le dos de la main. Rhys se dirigea alors, larmes aux yeux, vers la porte et avant de l'ouvrir afin de sortir, elle se tourna vers sa mère.

"Je t'aime maman" souffla la femme. "Je t'ai toujours aimé"
"Moi aussi Rhys." confirma Lio. "Tu es ma petite fille, et tu le resteras toujours. Bats toi, je sais que tu en es capable. Je resterais avec toi tout le long."

Rhys hocha la tête, ne pouvant plus alors retenir ses larmes.

"Et ne perd pas de temps pour ce Bucky. Je veux que tu sois heureuse. Fais moi pleins de petits enfants"
"Promis, maman. J'irai sur Domino pour toi."
"Ne t'oublie pas"

La femme posa sa main sur la poignée et ouvrit la porte.

"A bientôt Maman"
"Au revoir, Rhys."

Cette dernière fondit en larmes lorsqu'elle passa la porte, à nouveau dans le couloir.

Elle traversa l'hôpital sans attendre et rentra chez elle, sans s'arrêter une seule seconde, puis, devant sa maison, Rhys se rendit compte qu'elle ne voulait pas voir ni Aidan ni Aurore. Elle ne voulait pas voir leur regard de compassion et de douleur, elle n'en avait franchement pas besoin. Alors, sur la pointe des pieds, Rhys rentra à l'intérieur et se glissa dans sa chambre. Elle attrapa des billets et rassembla ses affaires dans un sac. Elle mit ce sac sur son dos et sortit de la maison, sans que personne ne l'ai vu. Rhys savait qu'elle allait revenir, mais elle avait simplement besoin d'espace, d'enlacer sa douleur et de pouvoir revoir toutes ces années au côté de sa mère. Et surtout, Rhys désirait prendre conscience que la vie de sa mère allait bientôt s'achever, afin de profiter d'elle.

Rhys marcha jusqu'à un hôtel, où elle rentra et demanda une chambre, la plus petite possible. Elle estimait qu'elle ne méritait pas une grande chambre parce que cela n'aurait aucune utilité. La femme s'installa, posant son sac au sol, et se laissa ensuite tenter pour une douche. Plongée dans ses réflexions, elle ne sut pas combien de temps elle était restée en dessous, mais quand elle sortit, son téléphone vibrait, indiquant qu'elle avait reçu un message. A vrai dire, Rhys savait ce qu'elle allait lire sur son téléphone, alors elle ne montra pas pressée de découvrir l'innommable vérité. D'un pas délicat, elle avança jusqu'à être en capacité de l'attraper, et une fois chose faite, Rhys s'installa sur le lit, croisant les jambes au passage, et laissant le froid de la pièce la glacer. Elle déverrouilla son téléphone et se dirigea dans l'application "message", où elle constata que les deux personnes qui lui avaient envoyés des messages Aidan et Aurore. Abattue, elle constata également que l'hôpital l'avait appelé. Elle lut les messages que lui avait transmit sa meilleure amie, et, malgré tous les mots qui s'y trouvaient, elle n'y comprit rien. Son cerveau restait focalisé sur cette information : sa mère s'était éteinte. Elle était partie, c'était fini. Rhys jeta son téléphone sans répondre, et se dirigea vers la salle de bain. En croisant le regard de son reflet, elle fut prise d'une envie de s'arracher le cœur, et de le jeter au sol afin de mourir à ses côtés. Mais à la place de s'arracher le cœur, elle glissa sa main jusqu'à son cuir chevelu et tira sur ses mèches, laissant des cheveux tomber jusqu'au sol, avec une douleur qu'elle aurait ressentir, mais qu'elle n'éprouvait pas.

POISON [Bucky Barnes]Where stories live. Discover now