Destin et Festin - Tome 1

Chapitre 12 : Chute libre

Je sens que je vais bientôt réussir à ouvrir cette fichue porte. Cela fait maintenant des semaines que j'explore cette maison et que la seule pièce qui ne m'est guère possible d'accéder est son maudis bureau. A en juger, je suis ici depuis presque un mois et le temps me semble bien plus long que ce qu'il n'est réellement. Je n'ai pas repris le travail car Méga a constaté que j'avais beaucoup maigri et que je refusais de manger. J'ai tenté de rester fidèle à moi-même et d'être forte en m'entrainant et en mangeant mais mon corps s'est affaibli malgré tous mes efforts. Lorsque je touche à la nourriture, je ne peux m'empêcher de régurgiter l'entièreté de mon pauvre estomac.

Je suis toujours très impactée par ce qui m'est arrivée et je crois que je ne m'en remettrais jamais, c'est un fait. Mon corps a développé beaucoup d'anxiété depuis et réagit instinctivement. Néanmoins, ça ne m'a pas freiné quant à la quête de ma liberté et je persiste à tenter de récolter des informations en entrant dans son bureau. J'ai tout essayé ces derniers jours mais rien n'y fait pour crocheter la serrure, rien n'est adapté.

Heureusement, ce matin j'ai fini par retrouver des épingles à cheveux que je portais quand je travaillais. C'était stupide de ne pas les avoir supprimées définitivement, il devait simplement les avoir caché. La serrure opère et émet un cliquetis qui me fait sourire victorieusement.

Enfin !

Je peux au moins compter sur l'absence des gardes qui m'est encore inconnue et pénètre dans le bureau silencieusement. Je referme la porte machinalement et analyse la pièce dans les moindres détails avant de me précipiter vers le bureau.

- Je n'ai pas le temps pour une visite guidée, il faut que je me grouille, parlé-je à moi-même.

Les tiroirs sont ouverts et refermés à la vitesse de la lumière dans le but de tomber sur quelque chose qui me serait utile à connaitre. Beaucoup de paperasse m'interpelle quand je décide de feuilleter rapidement leur contenu. Il n'y a rien qui m'intéresse. J'attrape un classeur et fais de même jusqu'à ce que je tombe sur un document où je figure sur la photo.

Natacha Romano.

Ma main se pose sur ma bouche dans un sentiment d'effroi. Il comporte tout sur qui je suis, ma vie privée et les personnes que je côtoyais. Ma respiration s'accélère au rythme que je lis jusqu'à ce que mon doigt s'arrête sur une information pertinente.

Je crois que mon cœur cesse de battre, je sais où j'ai été envoyée. Enfin. Tarente dans les Pouilles. Je ne sais pas comment vais-je m'en sortir mais au moins je pourrais avertir ma mère lorsque j'aurais la possibilité de lui envoyer des lettres. Je referme rapidement le classeur et range le tout.

Soudain je suis prise d'une angoisse à l'entente du bruit d'une clé insérée dans la serrure. Je ne réfléchis pas davantage et me précipite derrière la porte en retenant ma respiration par automatisme. Celle-ci s'ouvre lentement alors que je reconnais les injures de ce chef de la mafia. Il pénètre tranquillement dans la pièce avant de soupirer d'un lasse en refermant la porte sans se retourner. Mon dos collé contre le mur, je sens que c'est fini pour moi. Il suffirait qu'il se tourne et je serais à sa merci.

- Natacha, qu'est-ce que tu fais là ? dit-il de sa voix suave sans bouger.

Je lâche un souffle que je retenais depuis trop longtemps. Je comprends que c'est trop tard et me glisse derrière lui en tentant de partir. Une main se referme sur mon bras en me tirant vivement. Je tombe à la renverse sur le bureau, face à Méga et essaye de ne rien laisser transparaître malgré sa proximité évidente. Son corps penché sur le mien, son souffle me percute jusqu'à me faire des frissons tout le long de l'échine. Le visage niant le sien, je n'ose guère le regarder jusqu'à ce que sa main passe dans ma nuque.