Chapitre 20 : Avalanche

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Le regard braqué sur les touches de piano, j'essaye de faire le vide dans ma tête avant d'expirer. Ce piano vaut encore plus cher que celui de Méga. Il est incroyablement beau et luxueux. Le son qui en dégage doit être encore plus excellent que ce que je n'ai jamais entendu. Sans songer à l'assemblée qui s'est réuni autour de l'instrument afin de m'écouter, je tente une approche douce avec une musique que j'adore jouer en ce moment.

La valse d'Amelie de Yann tiersen. Je ne pense pas que beaucoup de gens connaisse étant donné que cela vient d'un film français mais cette mélodie est tellement idyllique pour moi. Elle représente mon état d'esprit en ce moment et elle est capable de m'emmener loin d'ici, simplement en fermant les yeux. Le silence est installé plus que jamais lorsqu'à moi seule je mène le tempo. Les regards sont captivés et probablement que j'en porte plus d'un dans un idéal qui semble casser ce monde triste et affreux.

Néanmoins cette musique touche à sa fin et les applaudissements fusent. Contente que ce morceau soit fini, je me redresse avec un léger sourire et quitte le piano avec de simples regards de remerciement. Je ne préfère pas perdre mon temps dans des courbettes hypocrites et inutiles. Je rejoints Méga qui est resté près d'Alejandro et Madison. Ils me sourient tous les trois avec des compliments à la pelle que j'ignore, bien trop gênée par autant de manière.

- Merci, merci, j'ai soif ! dis-je en essayant d'empoigner le verre du grand patron.

- C'est pas parce que tu m'accompagnes que tu peux voler mon verre.

- Je serais sage comme une image si tu me laisses boire dans ton verre.

Il tend son verre sans briser le contact visuel et esquisse un rictus lorsque je bois d'une traite son alcool. Je fais de même en lui rendant le récipient vide et dirige mon regard vers Alejandro qui ne cesse de me fixer.

- Qui a-t-il ? demandé-je.

- C'était vraiment beau ce que tu as joué.

- Je sais, tu me l'as déjà dit.

- Je ne suis pas très piano ni musicien à la base, c'est ça que je voulais dire. Mais j'ai aimé.

Méga se tourne vers Alejandro en fronçant les sourcils, l'air inquisiteur.

- Ci stai provando con la mia ragazza francese o sto sognando ?

Tu dragues ma petite française ou je rêve ?

- Non oserei guardarla, anche se è molto carina.

Je n'oserais pas voyons, malgré qu'elle soit très mignonne.

- Mega ! Il moi bellissimo amico ! Sono felice di vederti oggi, intervient un homme qui embrasse chaleureusement Méga sur la joue.

Méga ! Mon bel ami ! Je suis content de te voir aujourd'hui.

C'est un homme d'une quarantaine d'année, il a l'air très chaleureux mais je me doute que c'est une simple façade comme la plupart des gens ici. Il a les traits tirés, rasé de près avec les cheveux ramenés en arrière. C'est clair que je ne placerais pas ma confiance en un homme comme lui. C'est drôle, ils sont tous étrangement de bon ami. Je n'ai jamais vu un tel monde d'hypocrisie à ce point.

- Antonio ! Speravo di vederti. Oh hai ancora la bella signora ? répond Méga, le sourire béat.

Antonio ! J'espérais te voir. Oh tu as encore la jolie demoiselle ?

Mes yeux s'écarquillent lorsque cet homme présente la femme qui l'accompagne. Les palpitations me gagnent comme une bouffée de chaleur incontrôlable. Je ne peux m'empêcher de mordiller l'intérieur de mes joues sans oser décrocher mon regard d'elle. C'est elle.

Destin et Festin - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant