Aguni et moi nous retrouvons dans la petite cour, en bas de leur immeuble. Le ciel me semble bien bleu, d'ici. Je remarque notre troisième homme, comme il l'était hier, accroupi sur les cagettes de supermarché, sa tasse à la main. Il nous regarde un moment, puis demande :
- Vous allez où, comme ça ?
- Chercher ses affaires, répond Aguni.
- Ah. Elle reste donc ?
Il a l'air plus surpris que ravi, son habituel sourire en biais n'apparaissant pas sur son visage, au contraire fermé, presque sérieux. Se serait-il comporté comme ça parce qu'il voulait que je parte ? Il ne semble pas non plus particulièrement déçu de l'apprendre... Je me contente de baisser la tête, comme pour m'excuser de ma présence, et on s'en va. Je compte bien profiter du temps que j'aurai seule avec Aguni pour essayer d'en apprendre plus sur mes hôtes !
Marcher avec lui est plus difficile que ce que j'aurais imaginé. Il marche vite, d'un pas énergique, et mes petites jambes se retrouvent à trotter pour rester à sa hauteur pour pouvoir lui indiquer le chemin, mais cette course m'essouffle et chacun de mes pas répercute une douleur sourde dans mes plaies. Pas facile de discuter dans ces conditions. Arrivés à une intersection, Aguni me lance un regard interrogateur : quel côté ? Je profite de cette opportunité pour lui demander : « Est-ce qu'on pourrait... aller un peu moins vite ? ». Il s'arrête un instant pour me laisser passer devant, à mon rythme, consulte son téléphone, « ça va, on a le temps », et reste comme ça à un pas derrière moi. Mon souffle repris, je débute ma mission :
- Dites, je me demandais...
- Takeru a dit que tu pouvais nous tutoyer.
- Ah, oui, pardon... Hum, je me demandais..., j'hésite quant à comment formuler ma question, si c'est pas indiscret, pourquoi vous vivez avec...
- Suguru ?, haussement d'épaules, comme la première fois que j'ai posé la question, il est plus ou moins à la charge de Takeru – il pourrait pas faire grand-chose, tout seul. Alors il vit et travaille avec nous.
- Mais ils ont pourtant pas vraiment l'air de s'entendre, si ?
- Suguru était pas comme ça, avant, mais ils ont toujours eu une relation un peu particulière. Jamais été vraiment proches. Mais c'est la famille... Takeru doit considérer que c'est quand même sa responsabilité de pas laisser son frère à la rue.
Je garde le silence un moment, méditant sur tout ça. Et si moi, j'avais eu un frère, ou une sœur ? A quel point les choses auraient été différentes ?
- Et vous-, regard en biais, -toi, comment tu les as connus ?
- Au collège. J'étais dans la même classe que Takeru.
- Vous êtes tout de suite devenus amis ?
Il me regarde, semblant moins enclin à parler de lui-même, mais finit quand-même par répondre, sa manie de chercher les phrases les plus courtes possibles de retour :
- On peut dire ça.
- Vous avez l'air très différents, pourtant.
On dirait qu'Aguni ne compte rien ajouter. Bien décidée à ne pas m'arrêter en si bonne voie, je poursuis :
- Vous disiez que vous travailliez ensemble ? Vous faites quoi ?
Il semble avoir abandonné l'idée de me faire le tutoyer, puisqu'il ne relève pas :
- On a un bar, pas loin. The Beach. Takeru est le gérant.
- Et vous et... Suguru ?
- Suguru reste au bar, pour que Takeru puisse garder un œil sur lui. Je surveille les entrées et sorties.
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Seconde Chance (Aguni x reader)
Hayran KurguViolette, 17 ans, se retrouve sans toit et sans le sou. Blessée, elle a désespérément besoin de l'aide de quelqu'un, quand elle rencontre un homme qui semble prêt à lui tendre la main. Elle se retrouve ainsi embarquée dans une colocation - temporair...