Chapitre 27

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Il faut croire que Takeru commençait à trouver la situation pesante - à moins que ce soit son manque de contrôle dessus qui l'embêtait - puisqu'il s'est visiblement mis en tête de jouer les entremetteurs... La journée commence à peine qu'il me fait remarquer que les placards sont à peu près vides :

- Je pense qu'il va falloir faire le plein...

- Je m'en occupe, oui.

Evidemment, il n'allait pas s'arrêter en si bon chemin :

- Y aura beaucoup à porter... Mori ?

Aguni sort le nez de la cafetière - je crois qu'il est un peu surpris de voir le silence brisé et qu'en plus, on fasse appel à lui, il ne devait même pas écouter ce qu'on disait...

- Ouais ?

- La p'tite dame aurait besoin de bras supplémentaires pour des courses.

J'essaie de protester comme je peux, mais je sais bien qu'une fois que Takeru s'est mis une idée en tête, c'est difficile de l'en faire démordre. Aguni se lance à son tour dans les négociations :

- Dans ce cas, je peux y aller seul... Je suis capable de lire une liste de courses.

En disant ça, il m'a jeté un petit regard, mais je ne saurais dire ce qu'il signifiait... Ce n'était clairement pas une insulte, on aurait plutôt dit qu'il... me consultait, pour savoir si c'était vraiment ce que je voulais - que l'un de nous deux y aille seul. Je détourne le regard, plus très sûre de ce que je veux : après tout, il lui faut bien une occasion, si je veux qu'il s'excuse...

Takeru prend sa grosse voix pour nous faire comprendre à tous les deux que c'est non-négociable :

- Oh vous arrêtez un peu avec vos enfantillages ! Vous y allez tous les deux, et puis c'est tout. C'est pas possible d'être butés comme ça...

On détourne tous les deux les yeux, un peu honteux de notre comportement.

Sans ajouter un mot, Aguni se passe la main sur le crâne et va attraper ses clés, pendant que je me rapproche de Takeru pour qu'il me fasse la liste de ce qu'il voudrait... J'aurais clairement pu me débrouiller toute seule pour prendre ça, mais au petit clin d'œil qu'il me fait, je comprends que je n'ai pas intérêt à me plaindre...

En chemin vers le supermarché, le malaise est palpable. Aucun de nous deux ne semble prêt à prendre la parole - peut-être parce qu'on s'est retrouvés acculés dans cette situation sans vraiment ni le vouloir ni pouvoir s'y préparer. Mais je dois reconnaître que le silence me pèse... Il n'a donc tellement pas envie de s'excuser ?

Le silence est interrompu dans le supermarché par ma petite voix qui liste ce dont on a besoin, pour qu'on puisse se répartir les recherches. Alors qu'on circule entre les rayons, chacun de notre côté, je me dis qu'on aurait pu bien s'amuser, si on n'avait pas été en froid... En fait, ça aurait presque fait « sortie de jeunes mariés »... Non mais je m'emballe pas un peu ? Je ne peux pourtant pas m'empêcher de chercher Aguni des yeux, alors que le rouge me monte aux joues... Pourquoi les choses ont-elles pris cette tournure ?

Alors que je commence à me renfrogner et à désespérer qu'il me présente jamais ses excuses, le voilà de retour à mes côtés, et je sens qu'il me lance des petits regards - que je me surprends à éviter soigneusement.

Il attrape un paquet de café à notre droite :

- C'est ça qu'on prend d'habitude ?

Je le regarde, un peu surprise par sa question : après tout, c'est lui qui le boit et le prépare, il doit mieux le savoir que moi... J'en conclue à une tentative maladroite de rétablir le dialogue :

Seconde Chance (Aguni x reader)Where stories live. Discover now