- Qu'est-ce que vous voulez ?
Les deux hommes échangent un regard entendu. Celui qui ressemble à une hyène s'avance un peu, un sourire – tout sauf avenant – sur le visage, et prend la parole, la voix pleine d'égo et de condescendance :
- Quel accueil tu nous fais, mon p'tit Mori... Fais gaffe, je suis déjà pas de très bonne humeur.
Je ne peux qu'assister à cet échange en essayant de me faire oublier, jaugeant les deux parties qui s'affrontent autant par le regard que par les mots. Aguni prend un air étonné et inquiet :
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Un autre regard passe entre les deux hommes. Le petit se passe le pouce sur les lèvres, se demandant sûrement quelle attitude adopter. Son cou commence à se tordre un peu sur le côté, comme s'il était pris de spasmes, ou de tics, et il relève les épaules, en s'approchant dangereusement d'Aguni, qui maintient sa position.
- Tu me connais, mon p'tit Mori, j'aime pas beaucoup qu'on se foute de ma gueule...
- Je vois vraiment pas de quoi vous parlez. Il s'est passé quelque chose ?
- IL EST OU NOTRE PUTAIN D'FRIC ?
Le nerveux explose et pousse Aguni violemment – enfin, c'est ce qu'il essaie de faire, mais Aguni ne bouge pas d'un pouce, ce qui semble mettre l'homme encore plus hors de lui, alors qu'il commence à agiter son index juste sous le nez d'Aguni, qui a l'air de remettre en place petit à petit les pièces du puzzle dans son cerveau.
- Hein ? ça te revient ? Ou ça aussi, tu vas faire comme si tu t'en souvenais pas ?
Sans lâcher l'homme du regard, Aguni prend la parole, d'un ton qui se veut calme, maîtrisé, mais ferme :
- Va chercher Takeru.
Je suis figée et ne réalise pas immédiatement que c'est à moi que ces paroles sont adressées. La réaction ne se fait pas attendre, et il se met à me crier dessus :
- BOUGE, TU ME RAMENES TAKERU ET TU RESTES A L'INTERIEUR.
Je saute à terre et manque de m'écrouler sur mes jambes tremblantes, mais Aguni ne détourne pas les yeux vers moi. Je comprends que la situation est grave, et je me précipite vers la porte, malgré mon inquiétude à l'idée de laisser Aguni seul avec eux – mais, il faut bien me rendre à l'évidence : ce n'est pas moi qui pourrais le protéger, ou même lui rendre service. Je me hâte donc de faire ce qu'il m'a demandé, quand je sens un regard se poser sur moi dans mon dos, et entends une voix s'élever alors que je franchis le pas de la porte, déterminée à ne pas me retourner :
- Eh, attends, on pourrait peut-être s'arranger...
Je reconnais la voix de l'hyène, provocante et je devine aux sonorités un sourire qui déforme sa bouche fine, mais je ne m'arrête pas, courant vers Suguru et Takeru, ce dernier me lançant un regard surpris.
- Takeru, y a un problème, dehors-
Puis le bruit de quelqu'un qui tombe au sol avec un grognement de douleur.
Et un coup de feu.
Nos yeux à tous les trois s'agrandissent comme des soucoupes et en quelques enjambées, Takeru a rejoint la porte qu'il m'empêche de franchir de nouveau.
- Vous deux, vous bougez pas d'ici jusqu'à ce que je vous le dise. Faites sortir les clients par derrière.
Son ton se veut calme, mais je remarque l'inquiétude qui forme des petites rides prématurées sur son front. Une part de moi aurait voulu le suivre, ignorant son ordre, pour rejoindre Aguni dehors et savoir ce qu'il se passait, mais la part qui maintient mon corps entièrement figé est aux commandes, et je ne peux que regarder le dos de Takeru qui disparaît vite derrière la porte. C'est comme si je ne voyais, ni n'entendais plus rien, rien que mon cœur qui bat de plus en plus fort dans ma poitrine, à m'en faire mal...
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Seconde Chance (Aguni x reader)
FanfictionViolette, 17 ans, se retrouve sans toit et sans le sou. Blessée, elle a désespérément besoin de l'aide de quelqu'un, quand elle rencontre un homme qui semble prêt à lui tendre la main. Elle se retrouve ainsi embarquée dans une colocation - temporair...