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« Où est-ce qu'on est Mirko ? » Adriana était debout dans un parking, un plaid la recouvrant tandis que le jeune homme retirait leurs affaires du coffre. S'ils n'avaient pas un visage si cerné et inquiet, ils auraient pu paraître pour de simples compagnons. Néanmoins, il n'y avait aucun doute sur le fait que leur situation n'avait rien de paradisiaque. Ils ne partaient en vacances dans un magnifique hôtel mais bien dans un immeuble en construction et désaffecté. « On dirait un bâtiment abandonné. »

« C'est le cas. Je l'ai acheté il y a quelques mois. Seul le dernier étage est terminé. Du moins, il y a ce qu'il faut pour s'y planquer quelques nuits. » Il avança jusqu'à l'entrée et elle le suivit, toujours aussi impressionnée par sa nonchalance lorsqu'il parlait de ses investissements. Il semblait peu fier de sa réussite, même si celle-ci avait des buts illégaux. « On va devoir prendre les escaliers, on a pas encore vérifier la fiabilité des ascenseurs. »

« Tu veux que je prenne ma valise ? »

Il refusa d'un geste et l'invita à passer devant. Ils montèrent les marches en silence jusqu'à arriver au dernier étage. Elle ouvrit la porte et fut surprise de l'intérieur, même si l'état était précaire, il était certain que cet appartement serait des plus beaux dans quelques mois. Pour le moment, il n'y avait qu'un matelas au sol, un évier sur un îlot central. En s'aventurant, elle remarqua les autres pièces et fut soulagée d'y voir une salle de bain terminée. Mirko, lui, était resté dans la pièce principale, immobile, la scrutant tandis qu'elle regardait les alentours. Elle ne cacha pas son contentement en voyant la vue sur la ville. Il en fut ravi lui-même, il avait choisi cet immeuble pour cette vue panoramique. Il s'y était perdu de longues minutes lors de la visite et avait tout fait pour pouvoir la revoir un jour.

« C'est magnifique. »

Il prit ses paroles comme une invitation pour la rejoindre. « J'ai acheté pour cette vue. D'ici, on voit toute la ville. » Elle s'approcha de lui jusqu'à buter contre son torse. Elle y appuya légèrement son dos dans un geste tendre. Plus les moments en duos se passaient, plus ils se sentaient comme deux aimants. C'était inexplicable et s'installait si progressivement qu'ils ne s'en rendaient compte que lorsqu'une décharge électrique réveillait leur corps. « J'espère que ça te va ici, pour quelques nuits. » Il passa son bras vers l'avant pour l'enrouler autour de ses épaules. « Tu as laissé ta famille pour moi. » Ils fermèrent leurs paupières, oubliant la ville. « Pourquoi ? Pourquoi tout ces risques ? Tu mérites une vie de famille tranquille. »

« J'veux pas être sans toi. J'en ai assez. » Il décala ses cheveux pour libérer un côté d'épaule et y posa son menton. « Et là, tout de suite, je me sens bien mieux que tous les autres jours de ma propre existence. »

Il répondit seulement par un souffle d'apaisement contre son cou. Contrairement à elle, il n'avait pas les mots pour ce qu'elle représentait ou même ce qu'il ressentait. C'était bien là, au fond de sa poitrine mais l'inconnu de ses sentiments et les barrières tant imposées par lui-même que sa famille, le rendait incapable de comprendre. Néanmoins, il était certaine d'une chose, Adriana lui faisait se sentir différent. En sa présence, il semblait exister et devenir autre chose qu'un simple bandit de la ville. Il était bien plus vivant qu'il ne l'avait jamais été. Alors, si Adriana ressentait elle-même des bénéfices à leur relation, il maintiendrait celle-ci coûte que coûte.

« Je commande à manger. Tu peux prendre une douche si tu veux, en attendant. »

«  Je ne dis pas non à une bonne douche brûlante. »

Il retint un baiser de se déposer contre sa tempe avant de s'éloigner. Il attrapa son téléphone de sa poche avant d'appeler un service de livraison. Adriana, elle, prit une minute pour elle-même tout en regardant distraitement la vue.

Finalement, elle s'en détacha comme si une idée venait de déclencher un courant électrique dans tous ses muscles. Elle ouvrit sa valise et attrapa quelques vêtements et affaires de toilette avant de se diriger vers la salle de bain. Celle-ci était simple et moderne et elle lui fit penser à celles de la maison Castellano. C'était comme si Mirko reproduisait son premier domicile, là où il avait vécu toute son enfance, là où sa mère avait vécu.
Elle ne s'attarda pas plus plus longtemps sur l'environnement et se déshabilla rapidement, échappant au miroir, ne supportant plus son reflet. Elle avait perdu beaucoup trop de poids et son corps ne ressemblait plus à celui qu'elle avait appris à apprécier avec le temps. Elle se dépêcha de se laver avant de se recouvrir d'un survêtement. Lorsqu'elle rejoignit la pièce principale, Mirko était déjà assis sur le matelas, une pizza devant lui tandis qu'une autre n'attendait plus qu'Adriana.

« Ça va ? » Elle acquiesça timidement, les joues roses de se tenir debout, devant lui. « Tant mieux. » Elle s'installa en tailleur en face de lui avant d'ouvrir son carton. « Ça te va ? »

« Oui, merci. »

« Qu'est-ce qu'il y a pulcino ? » Elle secoua la tête, refusant de dialogue alors qu'elle sentait un noeud d'émotion au creux de sa gorge. « Mange un peu, tu veux. Tu te reposeras un peu après. » Elle acquiesça avant de mordre dans la part. Un sourire s'afficha alors que le goût envahissait ses sens. « Voilà tout ce dont tu avais besoin, une bonne pizza. »

« Je crois bien. » Il entama son propre repas à son tour, soulagé de la voir plus détendue. « Tu préfères pizza ou hamburger ? »

« Quoi ? » Il pouffa, jamais ils n'avaient eu ce genre de discussion légère.

« Allez ! Dis-moi ! »

« Ok ok ! » Il leva les mains en l'air avant de réfléchir, un demi-sourire amusé. « J'dirai pizza et toi ? »

« Tu dis ça parce que c'est italien, pas vrai ? » Il haussa les épaules alors qu'il craquait un rictus. « Je préfère burger. »

« J'prends note. Sucré ou salé ? »

« Sucré. »

« Salé pour moi. »

« Douche ou bain ? »

« Douche, je déteste les bains, et toi ? »

« Bains. » Il secoua la tête tout en riant. « Matin ou soir ? »

« Soir. »

« Matin. »

« Est-ce qu'on a un point commun, au moins ? »

Elle acquiesça. « Plusieurs mais ils sont loin d'être représentés par de simples goûts alimentaires ou habitudes de vie. On a des souvenirs marquants en commun. Et on est là, l'un à côté de l'autre. »

« C'est suffisant. »

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