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Ils se retrouvèrent tout deux dans le dernier étage de l'immeuble, silencieux. Malgré la fatigue, l'adrénaline dans chacun de leur corps les maintenait si éveillés qu'ils étaient incapables de dormir avant plusieurs heures. Mirko prit place au bord d'une fenêtre. À cette hauteur, il était impossible de l'ouvrir mais malgré tout, il s'alluma une cigarette. Il avait besoin de nicotine pour calmer la brûlure dans son ventre. Adriana, elle, prit place au bord du matelas, sa valise a ses jambes croisées en tailleur.

« Ne fais pas ta valise. » Elle leva le menton pour le regarder. Lui, ne le faisait pas, trop intéressé par la ville qui s'animait sous ses yeux alors que le soleil se levait. « Je ne compte pas te laisser repartir tout comme je ne compte pas donner Sacha. Je voulais juste te sortir de là vivante. » Elle se leva immédiatement pour le rejoindre, manquant de trébucher dans les draps tant elle voulait le retrouver. « J'ai refusé d'abandonner pour toi. » Avant elle, il n'aurait eu aucune raison de se battre. Il se serait donné sur un plateau d'argent. Il éteignit sa cigarette à peine entamée pour libérer ses mains ainsi que l'air. « J'sais pas où on va, j'sais pas comment ça va se terminer mais ce qui est sûr, c'est qu'on sera ensemble. » Il attrapa son poignet puis entrelaça leurs doigts tandis que de son autre main, il l'invitait à approcher. « Ne pars plus comme ça. »

« D'accord. » Elle s'installa entre ses jambes et se libéra de leur lien pour croiser ses bras autour de ses épaules. « On trouvera une solution. » Il acquiesça tout en relevant le menton vers elle pour se perdre dans son regard. « On trouvera une solution ensemble. Toi et moi. » Elle prit son visage en coupe. « Merci d'être la personne que tu es. » Il attrapa ses hanches pour la rapprocher suffisamment près de lui pour qu'il puisse coller son front contre le sien. «  Et si on quittait le pays ? »

« Je ne suis pas du genre à fuir, pulcino. »

« Alors qu'est-ce que tu comptes faire ? »

Il n'en avait aucune idée. Toutefois, il se battrait, jusqu'à son dernier souffle, pour ses valeurs, pour le sentiment d'être vivant qu'éveillait Adriana. « Pour le moment, tout ce que je veux, c'est t'embrasser. » Elle s'humecta les lèvres à ses mots. « Ne joue pas comme ça avec moi, pulcino. Tu sais très bien l'effet que tu peux avoir sur moi, j'en suis sûr. »

Elle secoua la tête, les joues roses et le cœur palpitant. Puis, finalement, alors qu'elle se perdait dans ses prunelles sombres, elle se rapprocha pour toucher ses lèvres aux siennes. Elle le sentit sourire contre elle et ne put se retenir de faire de même. Néanmoins, en repensant, aux derniers événements, elle le perdit immédiatement. Le souffle court, elle l'embrassa une nouvelle fois, plus intensément comme si elle voulait lui montrer tout ce qu'il provoquait en elle. Il accrocha une main à sa nuque tandis que l'autre tenait son bassin pour la garder collée à lui. Il ne tarda pas à approfondir le baiser, trop impatient et désireux de la goûter sincèrement. Épris par l'adrénaline et l'ocytocine, il se redressa sans rompre le contact, souhaitant dorénavant mener la danse jusqu'à rejoindre le matelas ou le comptoir. Adriana sentit l'atmosphère changer et reposa sa main contre son torse, ce qui le fit s'arrêter immédiatement.

« Tout va bien ? » Son souffle erratique se posait sur ses lèvres humides. Elle en frissonna. Pour sûr, elle n'avait jamais ressenti telle passion.

« J'veux prendre mon temps. » Il acquiesça avant de déposer un baiser sur son front puis de l'enlacer. « La situation est beaucoup trop... incompréhensible et difficile pour y rajouter des sentiments qu'on ne maîtrisera pas. » Il passa ses bras contre son dos, l'entourant si facilement. Il ne put que penser qu'elle était bien trop frêle et trop fragile. « J'veux être certaine que si on s'aventure dans cette... direction... J'veux être certaine que ce n'est pas lié à ce qui nous arrive mais bien parce qu'il y a sincèrement quelque chose d'autre. »

« J'ferai tout ce qui est en mon possible pour arranger les choses. J'te le promets. J'veux pas penser que tout ça se terminera par une fin médiocre. Et... j'veux que tu saches que j'ai parfois été con et je le serai encore, je ferai encore des erreurs mais j'ai besoin que tu continues d'y croire, de croire en moi. J'ferai tout pour te garder près de moi, pour toujours. »

« Je te crois. » Il marcha tout en la tenant contre lui jusqu'à rejoindre le matelas. Ils s'allongèrent l'un face à l'autre, jouant avec leurs doigts tout en se regardant. « Les problèmes ne font que commencer, pas vrai ? »

« Je crois bien, ouais. Le pire est sûrement à venir. Beto n'était qu'un connard pourri et les trafiquants des gamins jouant à la... poupée. Mon père est... l'homme le plus effrayant que je connaisse. Il a tous les pouvoirs. » Il se mordit l'intérieur de la joue, anxieux de prononcer à voix haute les peurs du petit garçon au fond de son cœur. « Je crois qu'il a toujours préféré Beto. Ils étaient toujours ensemble, même quand on était gamin. Beto le suivait dans tout, sans réfléchir. Il n'avait aucun scrupule, que de la colère. Moi, j'étais plutôt réservé et j'avais besoin d'une bonne raison pour agir. Je ne suivais pas toujours ses demandes, du moins, pas de la manière dont il me le demandait. La mort de ton père en est l'exemple parfait. J'ai refusé de le tuer devant toi malgré sa demande explicite de le faire. Pour moi, tu ne méritais pas de voir ça, d'être traumatisée à vie par un tel geste. »

« Alors Beto s'en est chargé pour satisfaire ton père. »

« Et quand il t'a vu, il y a vu une nouvelle opportunité de faire de l'argent. Mon père n'aurait pas été contre si je n'avais pas été là, j'en suis certain. »

« J'aurai aimé que ta mère soit encore en vie, je suis certaine que tout serait différent aujourd'hui. »

« Il n'y a aucun doute là-dessus. » Il secoua la tête pour fuir ses pensées. « Mais ce n'est pas le cas et maintenant, mon propre père va vouloir ma mort quand il saura que je l'ai berné. »

CosmosWhere stories live. Discover now