•Chapitre 2

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Comme promis, Jimin aidait sa mère avec sa commande. La cliente habitait une grande maison au bord de Séoul avec un jardin si bien entretenu que l'artiste se demanda pourquoi elle avait besoin des services d'une fleuriste si la maîtresse des lieux avait elle-même la main verte. Néanmoins, il ne se plaignait pas, cela permettait à sa mère d'être heureuse après tout.
Il commença à prendre les caisses remplies de fleurs de leur petite camionnette blanche, suivant sa mère jusqu'à la porte d'entrée. Il refusait qu'elle les porte ou même ne les touche. Elle s'était faite tellement belle, portant une robe rose pâle et détachant ses longs cheveux blonds qui cascadaient ses épaules jusqu'à s'arrêter à la courbe de ses reins. Ses yeux bleus pétillaient si intensément de joie que Jimin avait l'impression d'y revoir la même flamme que quand elle regardait jadis son père danser, tournant sur elle-même et gigotant dans tous les sens, la petite flamme de ses prunelles était heureuse d'enfin renaître. Elle avait des rides aux coins des yeux et de la bouche, l'ombre de ses milliers de sourires, et Jimin ne pouvait s'étonner que malgré les années, elle était aussi ravissante. Son père avait l'habitude de lui répéter qu'elle était aussi jolie que le premier jour et qu'il devait aimer quelqu'un de tout aussi éternellement scintillant, car c'était la promesse d'un amour éternel. L'amour ne vieillit jamais, lui disait-il, l'amour s'épanouit. Il détourna les yeux de celle qui lui avait donné naissance pour se concentrer sur la femme qui ouvrit la porte, les invitant à entrer. Contrairement à sa mère qui projetait la beauté douce et innocente, la nouvelle venue projetait une beauté contrôlée et mesurée, l'image qui lui vint à sa vue fut celle d'une bibliothèque, magnifique et calme, mais intimidante par sa grandeur.

- Mary ! Entrez, ne restez pas devant le palier !

- Merci, madame Jeon.

La femme se tourna vers son fils lui faisant signe d'entrer et les yeux de madame Jeon se dirigèrent naturellement vers lui, puis sur les cartons qu'il portait. Cela ne lui prit pas plus d'une seconde pour réagir.

- Ce doit être lourd, je vais demander à mon fils de t'aider. Jungkook !

- Je vous remercie, madame, mais c'est mon travai-

- Ça n'est rien de bien grand que de t'aider à porter des cartons, tu sais. Jungkook !

À l'étage, une porte se claqua avant que des pas lourds ne s'approchent, descendant les escaliers que la maîtresse des lieux tenait tant à décorer avec des plantes vivantes. Une petite tête brune apparue, mais se figea bien assez vite en voyant l'homme aux salopettes et aux converses rouges de la boutique chez lui, regardant autour d'un regard mi-ennuyé, mi-curieux. Il avait l'air irréel, comme une petite tâche de couleur dans son salon blanc immaculé. Tout paraissait trop sobre et uni contrairement au jeune homme qui d'ailleurs avait changé sa couleur blonde décolorée pour un roux orangé, donnant à ses yeux neutres une douceur étrange.

- Jungkook, aide ce jeune homme à transporter les cartons de plantes.

L'étudiant dû se remettre tôt ou tard de son choc car l'énergumène qu'était cet étrange jeune homme était ressorti sans l'attendre, pour chercher les autres cartons. Il le suivit donc, se dépêchant pour venir l'aider. Il aurait aimé parler, il n'était pas du tout timide, mais quelque chose dans le visage vide d'émotions de Jimin le mettait mal à l'aise, il avait l'impression qu'il était tout petit et invisible alors que c'était lui qui dépassait son vis-à vis d'une tête entière. Peut-être se souvenait-il de lui ? D'à quel point il avait été mauvais, ne l'aidant même à se relever, la fois où il était tombé dans la boutique ? Ils transportèrent donc les cartons en silence, l'étudiant continuant de détailler le nouveau venu du coin de l'œil.
Une fois ceci fait, les deux femmes s'assirent pour discuter autour d'un café, et l'énergumène (ainsi nommé par Jungkook) se dépêcha d'aller vers la porte d'entrée après avoir chuchoté à sa mère qu'il l'attendait dans la voiture. C'était sans compter sur madame Jeon, qui le fit revenir, lui proposant d'aller attendre avec son fils dans sa chambre, qu'ils avaient l'air d'avoir le même âge et qu'ils pourraient devenir amis. Jimin jeta un coup d'œil à sa mère, semblant lui demander son avis, mais cette dernière se contenta de lui sourire. Madame Jeon était très gentille, mais Jimin n'avait clairement pas le même âge que le jeune homme qui avait l'air d'être à l'université. Il avait juste l'air plus jeune, et il ne tenait pas spécialement à se lier d'amitié avec quelqu'un. Pourtant, pensant toujours et encore au fait que c'était une très bonne cliente pour sa mère et qu'il fallait être professionnel jusqu'au bout, il accepta, montant les marches derrière un Jungkook qui n'avait eu le choix que d'accepter l'énergumène dans sa chambre. Sa mère ne lui demandait jamais son avis de toutes manières. Une fois dedans, il proposa au jeune homme de s'asseoir sur sa chaise de bureau pendant que lui-même prenait place sur son lit.
Il le voyait regarder dans tous les sens des yeux, ne tournant pas cependant sa tête, comme s'il ne voulait pas se faire prendre en train de détailler la chambre du jeune étudiant, son regard balayant les nombreuses toiles accrochées aux murs.
Ce dernier finit par se racler la gorge, gêné de ce silence qui se prolongeait de plus en plus sans que Jimin n'ai même l'air de vouloir rendre la chose moins gênante.

IMBER |  jikookWhere stories live. Discover now