CHAPITRE 9 LA GRANDE AURORE

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                                       Ainsi Dean m'avait assimilé ! Et je ressentais en effet une étrange sensation de bien-être à être à ses côtés bien plus puissante encore que celle que j'avais déjà ressenti lors de notre première rencontre. Les événements s'enchaînant depuis quelques heures j'eus besoin de me plonger dans mes pensées afin de faire le point. Je pris un moment, lorsque nous quittions la petite maison si agréable de Meham et Millie, après le repas, et mon esprit divagua au gré de ses recoupements, me laissant guider aveuglément par Dean sur le chemin pour rentrer chez moi, comme si tout était tout à fait normal. Il semblait ne plus vouloir me quitter et j'avoue qu'étant complétement perdue, sa présence me rassurait. Il voulait m'aider. J'avais besoin de comprendre.

           Meham s'était interrogé à propos de la constitution d'une meute complète et je sentais que tout cela m'échappait. Millie avait aussi évoqué un second alpha qui serait au côté de Dean afin de me protéger. Tout ce que Silly m'avait confié leur semblait si vrai. Et j'avais bien l'impression que nos destins étaient à présent liés et je ne savais quoi en penser. Autour de moi, Silly et Dean, Meham et Millie, s'accordaient sur le fait que j'avais une aura et que mon assimilation avec Dean faisait de moi une Wakan. Quelques jours plus tôt je n'avais même pas connaissance de ce que c'était. J'avais l'intuition que nous parlions d'une femme particulière, très respectée et qui avait un don pour entrer en connexion avec les esprits de la tribu. Une chaman sans doute. Chez les Nashoba il l'appelait Wakan. Dans mon monde on parlait de médium. Peu importait le nom qu'on lui donnait, cela ne pouvait être vraisemblable et encore moins dans le milieu rationnel et étriqué duquel j'étais issue. Et je n'avais jamais eu le sentiment d'avoir cette capacité. Mes absences semblaient expliquer ce don mais je n'avais jamais le souvenir d'avoir eu des « visions ». J'étais juste inconsciente pendant un certain temps et revenais épuisée et glacée. Une maladie mentale sans aucun doute qui faisait partie de moi depuis mon enfance et que j'avais bien tenté de soigner un temps mais qui ne pouvait apparemment pas l'être. J'avais abandonné les médicaments qui avaient un effet pire que mieux sur moi, et tentais de m'adapter à mes étranges errements, sachant bien qu'on me prenait souvent pour une folle.

           Je découvrais que le fait de rejeter Dean physiquement le plongeait dans d'intenses douleurs et j'en étais extrêmement affligée. Tout se bousculait dans ma tête et je tergiversais entre l'idée de jouer le jeu et de voir jusqu'où cela pouvait aller afin de faire avancer mes recherches et fuir. Mais je ne pouvais pas fuir. Pas encore. Je m'étais mise à l'abri au sein de cette tribu et je voulais que cela dure un peu. Il finirait par me retrouver mais au moins pendant un temps je me sentais en sécurité ici, pouvant ainsi souffler.

           Je décelais les liens qui régissaient la tribu et le profond respect qu'ils avaient les uns envers les autres et même si une hiérarchie existait, leur attachement était fort et ils étaient solidaires. Chose que j'avais rarement vécu. Cela me comblait. Je prenais une place dans leur petit groupe que je n'avais pas cherché et j'en étais bien entendu gênée.

            Millie m'avait expliqué la connexion qui devait se produire entre mon esprit et celui de Dean, point clé de l'assimilation, qui en faisait donc bien plus qu'un simple sentiment amoureux ou coup de foudre. Elle s'étonnait que cela ne se soit pas produit. Je l'avais sans doute empêché volontairement. Il faut dire que l'intrusion dans mes sentiments m'effrayaient au plus haut point et je n'étais pas prête à me laisser ainsi investir. Un esprit qui entre en télépathie avec un autre esprit ? Balivernes ! Et puis même si cela était possible, je n'avais pas envie de partager mes pensées les plus personnelles avec un inconnu, même si celui-ci me plaisait beaucoup. Et puis, sa force en serait décuplée. Elle était déjà extraordinaire, je ne voyais en quoi cela pouvait le rendre encore plus fort. Il m'avait porté sur son dos afin de nous redescendre et je n'avais vu que des ombres qui filaient sur le chemin tant il était rapide. Cette célérité était juste incroyable. Je m'avouais donc que là, je ne pouvais que l'intégrer. Je l'avais vécu. Je ne pouvais pas m'inventer cela. Et puis ses pas silencieux, sa vision dans le noir que j'avais remarqué plus fine que la moyenne le soir où il m'avait raccompagné, même si je me l'étais expliqué par sa bonne connaissance du chemin, piquaient tout de même ma curiosité. Il restait aussi sa chaleur... Une personne normale serait au bord de la convulsion avec un tel degré de fièvre mais Dean semblait aller tout à fait bien. En tout cas, cette chaleur irradiant à mes côtés pendant que nous marchions jusqu'à chez moi me comblait de quiétude et j'approchais une certaine forme de béatitude. Le froid que je ressentais constamment en moi et autour de moi, me faisait souffrir depuis bien longtemps et pouvoir profiter de ce chauffage central humain me séduisait beaucoup, il faut bien le dire.

            Je ressentis de nouveau une gêne quand il entra chez moi. Cela n'était pas très décent.

La Loi De La Louve Tome 1 La grande auroreWhere stories live. Discover now