La Loi De La Louve Tome 1 La grande aurore

CHAPITRE 17 LE LOUP NOIR

                            Teri et moi nous installâmes donc définitivement chez Eve. Je profitais de mon temps libre pour faire les travaux à l'étage, aidé de Yago et Meham. Yago adorait Eve. Il avait monté un groupe de musique rock avec Vince, Jon et Koré, la seule fille du groupe et ils avaient été autorisés à investir le garage transformé en salon de musique pour répéter. Eve les aidait à s'améliorer. De plus, ils travaillaient aussi les compositions qu'Eve avait prévu pour le mariage de Millie et Meham. Silly, Henry, Teri et moi y participions aussi.

           Eve était insomniaque. Elle s'écroulait au petit matin au pied d'un des canapés et Teri et moi avions pris l'habitude de la recoucher, quand je me levais le matin pour aller rejoindre l'atelier ou quand Teri rentrait à l'aube de ses gardes de nuit. Il était cependant vigilant quant à la consommation d'alcool qu'elle prenait pour s'endormir.

           Notre colocation s'avérait plutôt complexe. Si Teri et moi avions l'habitude de vivre ensemble depuis longtemps nous devions nous adapter au rythme d'Eve, ce qui n'était pas toujours de tout repos. Il fallait penser à la faire manger. Elle ne ressentait pas la faim, et elle avait du mal avec les horaires. Teri lui avait installé une application sur son téléphone qui lui permettait de gérer le temps entre ses périodes de travail ou ses séances de musique dans lesquelles elle se laissait complétement absorbée, et les temps des repas, de pause entre amis, et de sommeil. Cela bipait aux différentes étapes de la journée. Sans compter qu'il fallait gérer son état émotionnel et l'apaiser régulièrement sinon c'était la crise de panique et les                        « absences » !

           Quand Teri était en repos, nous partions courir, puisque nous nous entraînions régulièrement, et Eve eut envie de nous accompagner. Les débuts s'étaient avérés difficiles car elle n'était pas sportive. Elle tenait cependant de plus en plus longtemps, étant très à l'écoute de nos conseils.

           Nous avions trouvé notre rythme entre le travail, les travaux, et la préparation du mariage. Nous alternions les soirées chez nous et la maison de Meham et Millie, et les soirées chez Silly et celles chez Henry. Nos assimilations avaient changé leur lien. Même si cela restait pour le moment juste courtois, Silly faisait de gros efforts pour réinstaller leur complicité perdue. Henry apportait son aide à Teri afin de répondre à ses questions sur son rôle, et Silly et Henry formaient Eve à nos capacités particulières. Elle avait commencé à apprendre notre langue et bien évidemment ses progrès étaient fulgurants. Elle pouvait déjà suivre une conversation dans notre dialecte.

           Notre relation prenait peu à peu une tournure amoureuse même si nous n'avions pas été plus loin que quelques gestes de tendresse. Elle acceptait à présent que je la prenne dans mes bras et que je la câline. Je me languissais de pouvoir aller plus loin, mais je sentais que je devais faire preuve de patience. Nous n'étions pas souvent seuls. Si Teri travaillait la nuit, commençant le midi ou le soir et il faisait souvent des gardes le week-end, il y avait toujours du monde à la maison. Mais nous parlions beaucoup, et je la trouvais fascinante.

           Un soir, je trouvais Teri qui avait investi la chambre proche de la salle de bain, quand moi j'avais choisi le grenier, tournant en rond comme un loup en cage et il se passait frénétiquement les doigts dans les cheveux, signe d'une extrême anxiété. Il y avait posé sur le bureau tout un tas de dossiers, médicaux, à ce qu'il me semblait. La porte étant à demi ouverte, je frappais et entrais. Il referma rapidement un dossier qu'il était en train de lire.

— Ça n'a pas l'air d'aller, murmurais-je, surpris qu'il me cache le dossier.

—  Écoute, je... je lis le dossier médical d'Eve. Elle me fait confiance pour que je... ne le partage pas, me répondit t'-il, gêné.