quatorze -

8 3 1
                                    

quelques fois je suis vide pendant très longtemps.
je suis sans identité.
ça fait peur d'abord,
puis on s'y habitue,
lentement.

je deviens l'innommable - l'indicible - l'inexistant parce que je ne sais pas même me voir.
je ne me connais plus.
je disparais dans le noir,
mon être comme du sable fin dans la paume de ma main.
j'ondule dans le vide je me perds dans l'immense je suis soluble comme du vent je me dissout dans l'absence et je ressemble soudainement à toutes mes photos d'enfance, comme si rien de tout ça n'avait jamais existé.

je suis une étrangère.
je ne pleure pas.
je marche sur la plage en plein hiver et je ne pleure pas.
mon père meurt en continu et à chaque fois, un morceau de mon corps s'en trouve détruit. j'éprouve ses asymétries, lentement
et je voudrais arracher ma peau,
dans un calme et un silence qui jamais ne m'ont été donnés à voir.
je me couche dans le sable et je m'endors.

quelques fois je n'existe plus. je suis autre. je suis inaccessible.
quelques fois j'aimerai ne plus exister
arrêter la cacophonie insoutenable qui se déploie dans mon crâne.
quelques fois j'aimerai arrêter de respirer
la tête sous l'eau
une deux trois heures
sans mourir
juste ne plus exister,
me glisser sous les parois des murs à la recherche de chaleur.
je deviens alors, comme anesthésiée.
je regarde le ciel et j'attends l'orage, je ne bouge pas, immobile, je sursaute quelques fois mais je ne bouge pas - clouée - stagnante - inerte - le monde s'écroule dans mes mains et je ne pense à rien sauf à ma mort, et encore, il devient même difficile de penser à se faire mourir, alors je me contente de regarder le ciel, qui sait, peut être qu'il en pleuvra des cordes qui s'accrocheront à mon plafond.

il y a un tabouret renversé sur le sol de ma chambre.
quelques bouquets de roses pendent du plafond.
mes os s'y exposent.
ils sont bruns et gravés de tous les noms du monde,
de toutes mes euphories et de toutes mes morts,
de mes morts en juillet à mes morts en novembre,
accrochée à une corde, vidée de mon sang ou morte dans mon sommeil, morte amoureuse, suicidée ou morte assassinée.

je deviens alors, comme anesthésiée.
je regarde le ciel et j'attends l'orage, je ne bouge pas, immobile, je sursaute quelques fois mais je ne bouge pas - clouée - stagnante - inerte - le monde s'écroule dans mes mains et je ne pense à rien sauf à ma mort, et encore, il devient même difficile de penser à se faire mourir, alors je me contente de regarder le ciel, qui sait, peut être qu'il en pleuvra des cordes qui s'accrocheront à mon plafond.

il y a un tabouret renversé sur le sol de ma chambre.
quelques bouquets de roses pendent du plafond.
mes os s'y exposent.
ils sont bruns et gravés de tous les noms du monde,
de toutes mes euphories et de toutes mes morts,
de mes morts en juillet à mes morts en novembre,
accrochée à une corde, vidée de mon sang ou morte dans mon sommeil, morte amoureuse, suicidée ou morte assassinée.

maïaWhere stories live. Discover now