dix-neuf -

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j'ai souvent essayé de m'écrire,
sans véritable succès.
ce désir est vain car je n'ai jamais vraiment su ce que j'étais.
il est difficile de savoir ce qui nous compose quand on a tenté pendant des années de se faire disparaître.
alors parfois j'ai peur,
peur de n'être que ça,
mes tentatives qui me promettaient une mort certaine et indolore,
libératrice, presque,
enfin je crois qu'elle semblait l'être.
ce n'est pas sans regrets que je pense à ces échecs dont j'ai longtemps voulu écrire l'aboutissement, mais je crois que je ne veux pas être ça, une urne ou une dalle de marbre blanc abîmée par la pluie.

j'existe mal.
je n'ai jamais vraiment compris comment les autres faisaient pour y parvenir,
pour paraître vivant et ce,
sans difficultés aucunes.
sans douleur.
comme si tous les mots du monde glissaient sur une peau lisse et belle, douce et calme.

je n'ai jamais vraiment su me fondre dans le monde qui m'entoure.
je n'essaie plus de le faire.
je suis épuisé.
ça me lessive, me détruit et m'éreinte alors,
lâchement,
j'abandonne.
tout compte fait, j'aime être asymétrique.

je ne sais pas me raconter mais j'essaie quand même, en vain, pour tenter de combler ce besoin insatiable de réussir, un jour où l'autre, à me connaître sans douleur.
je ne sais pas comment exister car, comment fait-on pour être en ayant voulu mourir pendant toutes ces années ? alors je cours.
désespérément je cours,
le corps à l'abandon








je cours après mon nom et mes vieilles peaux, je cours après la mémoire de ma mort, je cours après mon sang et les pieds dans les flaques je cours derrière la pluie, derrière le rouge, le bleu les promesses et le violet.
je cours après tout ce qui n'existe pas encore.

je suis prête à me laisser vivre.


fin.

maïaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant