Chapitre 9 - Les ténèbres de la mine

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Rappel : italique = elfique

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La voix de Gandalf résonna dans le silence de la mine alors que la faible lumière de son bâton repoussait les ténèbres.

— Nous n'avons plus le choix désormais. Il nous faut affronter les ténèbres de la Moria. Soyez sur vos gardes ! Il y a des êtres plus anciens et plus répugnants que les orcs, dans les profondeurs du monde. Ne faites pas de bruit. Il nous faudra quatre jours de marche pour atteindre l'autre coté. Espérons que notre présence passera inaperçue.

Une sphère de lumière blanche s'éleva alors des mains d'Ilona. Tous les regards se tournèrent vers elle. Elle tenta un sourire crispé.

— Quoi ? Quand j'ai dit que je faisais de la magie, ce n'était pas des paroles en l'air. Bon, et si on avançait ? Je ne voudrais pas passer dans ces mines plus de temps qu'il n'en faut.

Lentement, ils se mirent en route. Gandalf marchait devant, éclairant le chemin, pendant qu'Ilona fermait la marche, dernier rempart contre l'obscurité. Toute la communauté se tenait entre ces deux sources de lumière, tressaillant à chaque son. Et ils descendaient, toujours plus bas dans les mines.

Ilona regardait fixement sa sphère de magie, se concentrant sur sa douce lumière. Elle tentait d'occulter les ombres mouvantes les entourant et le plafond de pierre au-dessus de sa tête. D'ordinaire, elle n'avait pas peur du noir. Elle aimait la nuit. Mais la nuit n'était pas aussi sombre que les mines de la Moria. Même quand la lune était invisible, la douce clarté des étoiles illuminait le ciel, réchauffant le cœur de ceux qui les observait. Ici, l'obscurité était différente. Étouffante. Elle avait l'impression que les murs de pierre gorgés d'ombre s'était insinués jusque dans son corps, enserrant son cœur jusqu'à la mort.

Elle n'entendait plus que son cœur à l'agonie tentant de s'échapper de sa poitrine. Les conversations de ses compagnons l'effleuraient sans l'atteindre, si bien qu'elle n'entendit pas lorsqu'on l'appela et sursauta quand une main se posa sur la sienne. Elle releva la tête et vit Legolas qui la regardait d'un air inquiet.

Tout va bien ? murmura-t-il.

Oui, oui, c'est juste...

Elle fit un geste vague qui englobait l'obscurité, le plafond de la caverne, la vie, et l'univers tout entier. Bizarrement, il sembla comprendre ce qu'elle voulait dire et lui adressa un sourire compatissant.

Parlez-moi, s'il vous plaît, lui demanda-t-elle.

De quoi voulez-vous que je vous parle ? répondit-il, surpris.

De ce que vous voulez, juste parlez-moi.

— Et bien... Avez-vous déjà voyagé ?

— J'ai vécu un temps en Lothlorien mais sinon je n'ai jamais quitté Imladris. Et vous ?

J'ai beaucoup voyagé. J'ai vu des déserts arides, des forêts luxuriantes. Des terres froides et inhospitalières, d'autres chaleureuses et accueillantes. J'ai vu des montagnes si hautes qu'elles semblaient toucher les nuages, et l'océan, qui s'étend à l'infini. J'ai vu des villes bondées, et des plaines vides de toute présence. J'ai vu beaucoup de lieux magnifiques, mais il m'en reste encore tellement à découvrir.

Et pendant qu'il décrivait les mille facettes du monde, Ilona le regardait, les yeux grands ouverts, émerveillée. Elle peinait à imaginer ces lieux merveilleux, et brûlait du désir de s'y rendre. Elle voulait parcourir le monde à son tour, découvrir ses secrets, s'abreuver de sa beauté. Elle voulait tout voir, tout toucher, tout sentir, tout goûter, tout entendre. Tout vivre.

— Et de tous ces endroits que vous avez visité, lequel préférez-vous ? murmura-t-elle, les yeux plein d'étoiles.

Legolas eu un sourire. Il avait réussi à capter l'attention d'Ilona. Désormais, elle avait l'esprit empli de lieux enchanteurs, et non de l'angoisse que lui inspirait les mines.

Les hobbits répondraient la comté, Boromir décrirait Minas Tirith et Gimli s'exclamerait Erebor. Pour moi, il s'agit de Mirkwood, la Forêt noire, Vertbois-le-Grand, ou encore la forêt de Grand'Peur, selon le nom que vous lui donnez.

Et à quoi cela ressemble ?

La forêt en elle-même est sombre. Dangereuse. Ce qui n'est pas surprenant vu les noms qu'on lui donne désormais. Autrefois, c'était une magnifique forêt, lumineuse, pleine de vie. Mais les ténèbres s'en sont emparées. Des araignées géantes y vivent désormais, tuant quiconque s'y aventure. Nous avons fait tout notre possible pour les chasser, mais quand une mourrait, dix prenaient sa place. Nous avons du reculer, et nous réfugier dans l'extrémité nord de la forêt. Nous vivons dans des cavernes, mais elles n'ont de caverne que le nom. Elles sont immenses, lumineuses. De nombreuses plantes y poussent, se mêlant à la pierre. C'est un endroit magnifique.

Et ils continuèrent à discuter, dérivant de plus en plus de leur sujet initial. Ils en vinrent de manière incompréhensible à comparer leurs recettes de lembas. Et pendant qu'ils parlaient de tout et de rien, ils traversaient d'étroits couloirs, des escaliers donnant sur le vide, et d'immenses salles, toutes tristement vides. Ils suivaient Gandalf, sans prêter une grande attention au chemin parcouru. Mais celui-ci finit par s'arrêter face à un embranchement.

— Je ne me souviens pas de cet endroit, marmonna-t-il.

Tout le monde garda un silence angoissé. Tout le monde sauf Pippin et Merry.

— Sommes-nous perdus ? demanda le premier.

— Non, répondit son ami.

— J'penses que si.

— Chut ! Gandalf réfléchit.

— Merry ! J'ai faim.

Ilona n'en pouvait plus du babillage des hobbits. Bien que rafraîchissant, il pouvait aussi se montrer agaçant. Alors elle se concentra sur la conversation entre Gandalf et Frodon. D'abord surprise d'apprendre que Gollum les suivait, elle s'en voulu de ne pas l'avoir remarqué. En tant qu'elfe, elle avait une meilleure vision que les hobbits, elle aurait donc dû remarquer Gollum avant Frodon !

— Oh ! C'est par ici ! s'exclama alors le magicien.

— Ah ! Ça lui revient ! soupira Merry, rassuré.

— Pas du tout ! Mais l'air est moins nauséabond en bas. Dans le doute, Meriadoc, il faut toujours suivre son flair.

Ils poursuivirent leur route et finirent par atteindre une immense salle. Bien que plongée dans l'obscurité, on devinait déjà sa beauté.

— Risquons-nous à faire un peu de lumière, reprit Gandalf. Regardez ! Le Grand Royaume de la cité des Nains de Cavenain.

— Sûr que c'est artistique, répondit Sam, admiratif. Y'a pas d'erreurs !

Héritage (LOTR)Where stories live. Discover now