Chapitre 5

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Beaucoup de choses pouvaient changer en huit ans.

La dernière fois que je l'avais vu, Loïc était à peine plus grand que Solange. Une mèche « à la Justin Bieber » couvrait ses yeux noisettes, des boutons d'acné maculaient ses joues et trois poils bourgeonnaient sur son menton. Il passait son temps avachi, un air patibulaire sur le visage et quand il souriait, il faisait tout son possible pour cacher son appareil dentaire.

Désormais plus grand de deux têtes que son père, sa silhouette élancée culminait depuis le seuil de la cuisine. Ses cheveux, débarrassé de leur fidèle mèche, retombaient mollement de chaque côté de son visage, effleurant la barbe de trois jours qui assombrissait sa peau. Au vu de sa tenue, il revenait d'un footing.

Mon cœur marqua un temps d'arrêt quand il nous salua d'un signe de la tête, et je ne pus reprendre mon souffle qu'une fois sa silhouette évaporée. Cupidon s'était aventuré dans le grenier de mes sentiments, balayant la poussière qui recouvrait mon béguin pour Loïc.

« Et voilà ! Comme neuf ! », s'exclama-t-il entre deux toussotements.

Comme si elle s'y attendait, Maman intercepta mon regard. Je baissai aussitôt la tête, contemplant mes mains sous la table, masquant la teinte rosée que prirent mes joues derrière mes boucles blondes.

Seulement, ma mère n'était pas dupe : elle se doutait bien que je ressentais quelque chose pour mon voisin.

— Tu reviens manger, Loïc ? Hein ? tâtonna Solange en reculant sur sa chaise, guettant les mouvements de son fils à l'intérieur de la maison.

Loïc ne répondit pas, laissant sa mère sans réponse. Solange se tourna vers Maman et toutes deux échangèrent un regard. Maman se pinça les lèvres, tandis que Solange soupira.

— C'est de ça dont je te parlais, précisa l'hôtesse de maison en jouant avec la tige de son verre à vin.

Loïc daigna se présenter à table un quart d'heure plus tard, débarrassé de ses affaires de sport et les cheveux mouillés rabattus en arrière. Sans un mot ni un regard pour nous, il s'installa près de son petit frère et attrapa un toast dans la corbeille à pain.

— Ça nous fait plaisir que tu sois là, Loïc. On commençait à croire que tu ne voulais plus nous voir..., plaisanta Maman d'un ton léger.

Maman se dévouait toujours pour lancer la conversation, surtout lorsqu'il s'agissait d'une situation délicate. Elle ne supportait pas les atmosphères pesantes, préférant crever l'abcès avant qu'il soit impossible de le faire. C'était également un moyen pour elle d'orienter la discussion vers des sujets plus légers, de la détourner de tout ce qui pouvait contrarier.

La communication entre Loïc et ses parents faisant défaut, elle jugeait être l'intermédiaire capable de rétablir temporairement leur lien.

— Ah non, pas du tout, la rassura Loïc en grimaçant un sourire faiblard. J'étais occupé, je serais venu sinon.

TROIS, IMPASSE DES ROSES TRÉMIÈRESWhere stories live. Discover now