TRY TO LOVE | Rédemption| Tome 2

1 | ☂︎︎ Elle

༆ Blonde is the new black ༆

Avec des yeux sobres, tout paraissait si fade. Éteint.

Dans un ultime soupir, derrière ma fenêtre, je contemplai les âmes errantes comme des échos lointains dans le brouillard du temps.

J'aimais les détails.

Et dans ce théâtre du monde où je n'étais qu'une humble spectatrice, je saisissais chaque mirage, chaque histoire inconnue gravée dans l'éther, chaque lueur d'espoir, les sourires éphémères et les regards à miroir.

Comment le monde pouvait-il autant changer et rester le même à la fois ?

Les heures filaient et les minutes s'égrenaient en silence tandis que les visages se succédaient, se mêlaient et se confondaient dans un océan de vie où la mienne n'était plus qu'illusoire.

Le vieux mendiant qui tendit sa main tremblante.
Le jeune amoureux à la tristesse feutrée.
Le voyageur solitaire aux yeux empreints de rêves.
Et l'enfant à la joie énigmatique, devant sa glace à la vanille, malgré le temps hivernal qui commençait à poser son empreinte.

J'aimais les détails et avec des yeux sobres, le monde entier semblait être une scène conçue uniquement pour moi.

Comme cet abruti là-bas, debout près du kiosque à hot-dog qui ne pouvait s'empêcher de reluquer avec insistance la jeune femme dégustant sa sucette avec nonchalance, inconsciente des regards qui la déshabillaient virtuellement. L'obsession de certains hommes pour les objets en forme phallique m'avait toujours dépassée ; autant que leur tendance troublante à regarder les femmes comme des simples morceaux de viande, réduites à leur physique. Une fille ne pouvait manger une banane et où acheter un concombre au marché sans éveiller les pensées d'un passant pervers.

Ma psychologue me répétait souvent qu'il était important de trouver de l'humour dans les petites choses. Voilà pourquoi, je ne pus réfréner mon sourire devant le petit garçon qui trébucha violemment de sa trottinette, manquant de se briser un membre.

Soudain, j'inspirai brusquement, en proie à une crise de panique imminente dû à un accès de claustrophobie mentale, mais la voix de ma marraine qui s'éleva derrière moi me sortit de ma torpeur, teintée de son ironie habituelle.

— Ma foi, on croirait presque que tu as retrouvé la joie de vivre.

Il s'agissait d'une femme, vieille d'une soixantaine d'années, avec des yeux marron empreints de douceur et des cheveux noirs mouchetés de gris. Elle partageait mes jours depuis maintenant dix-neuf mois et si j'avais une grand-mère, j'imaginais qu'elle serait comme elle.

Lorsque son regard croisa le mien un bref instant, je n'hésitai pas à lui faire sentir mon mécontentement quant à l'épreuve quotidienne que j'étais obligé de subir sous son bon vouloir.