Pour une bonne raison

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Je n’ai pas réfléchi. Grâce à mes rollers, j’ai pu rejoindre Evan au dernier moment pour le pousser de toutes mes forces et qu’il soit à l’abri du danger. Mais moi je n’ai pas réfléchi au sort que je pouvais avoir. Je n’ai pas eu le temps non plus de partir avant que la camionnette arrive. Allongée sur le sol, je ne peux rien faire à part attendre l’inévitable. Mais au bout de quelques secondes, je finis par ouvrir les yeux, me rendant compte de l’absence du choc dont j’étais préparée. Je suis morte sur le coup ? Non non. En ouvrant les yeux, la première chose que je vois, ce sont les roues du véhicule à quelques centimètres de mon corps. Heureusement qu’il avait de bons freins. Tout en me remettant de mes émotions, je me relève tranquillement alors que Michael me rejoint, paniqué et Evan toujours par terre, choqué par ce qui aurait pu se passer. Mais je lui communique un sourire rassurant pendant que son grand frère m’ausculte de partout en me demandant sans s’arrêter si je vais bien ou si j’ai mal quelque part.
« - Je vais bien Michael, ne t’en fais pas.
Entre-temps, le conducteur est sorti de la voiture aussi paniqué que mon copain pour connaître mon état. Et pendant qu’il me demande si je vais bien et s'excuse mille fois pour la peur que j’ai pu avoir, Michael se tourne vers Evan, en colère par ce qu’il aurait pu provoquer.
- Ça va pas de traverser en courant sans regarder devant toi !?
- Je.. Je… Je suis désolé, je ne voulais pas…
- Tu aurais pu te faire écraser ! Et Amy aussi !
- Je ne pensais pas… Je suis désolé…, dit-il en sanglotant, les larmes aux yeux et encore bouleversé. 
- Ne t'en fais pas, je vais bien Evan.
Je m’avance vers lui et je m'agenouille pour le prendre dans mes bras et le rassurer. Celui-ci ne peut retenir ses larmes et s’excuse encore, ne sachant pas pourquoi il a réagi de la sorte. Mais il a fait ce que n’importe qui aurait pu faire. Il voulait simplement qu’on le laisse tranquille avec cette histoire si traumatisante. D’aileurs, je ne peux que lancer un regard noir vers Michael, l’ayant disputé au lieu de le rassurer comme ce dont il avait besoin.

Une fois dans la voiture pour rentrer chez nous, je sens encore Evan qui réfléchit trop à ce qu’il s’est passé. Même mes papouilles sur la tête n’arrivent pas à le détendre. Pendant ce temps, alors que Michael est devant à côté de son père, il brise ce silence installé depuis le début du trajet pour s’adresser à William.
- Tout à l’heure. Tu n’aurais pas dû dire aux parents de Gabriel et Susie qu’ils étaient morts. Ils essayent juste tout et n’importe quoi pour trouver un minimum d’indices pour les retrouver. Je les comprends au fond.
- Ils ont fait quelque chose de grave, Michael. Tu ne demandes pas à un enfant de te suivre pour ensuite l’emmener chez toi et lui poser des questions sur une affaire comme celle-ci sans que ses parents le sachent. J’aurais même dû appeler la police pour ça. Mais tu as raison. J’aurais peut-être fait la même chose pour vous. Et je n’aurais pas dû agir ainsi.
Monsieur Afton peut être très paternel apparement. Sa voix est si douce. Elle reflète bien son regret d’avoir prononcé ces mots. Je ne l’ai jamais entendu parler de la sorte. C’est plus souvent une voix forte et autoritaire face à son fils aîné quand il est contre lui. Les deux se disputent souvent. Michael qui fait l’ado perturbateur et son père qui n’est pas souvent là et qui lui prête de l’attention que quand il fait des bêtises. Mais les deux sont tout de même complices parfois. Du moins c’est ce que je ressens. Surtout pour montrer à Evan qu’il faut être plus courageux dans la vie…
Une fois rentrés, le repas est déjà prêt et nous prenons le dîner tous ensemble avant d’aller se coucher ou de vaquer à nos occupations. Comme toujours, pendant que leur mère va coucher Evan, Michael et moi restons un moment que nous deux dans ma chambre pour discuter et s’enlacer à l’abri des regards. Allongés sur le lit, on regarde le plafond tout en parlant de tout et de rien. Mais notre discussion tourne très vite sur ce qu’il s’est passé aujourd’hui.
- Tu te rends compte de la détresse qu’ils ont pour prendre mon petit frère et lui poser des questions sur la disparition de leur enfant.
- Ouais… Le pauvre, il doit être traumatisé. Déjà qu’il a eu beaucoup de mal à penser à autre chose.
- Faut qu’il se durcisse aussi un peu. D’ailleurs, tu le chouchoutes trop, dit-il en me regardant. A cause de lui, t’as failli te faire renverser et à la place de le disputer tu lui as fait un câlin.
- Je le rassure, c’est normal ! je lui réponds en me redressant.
- Mais il ne va jamais s’endurcir et comprendre que ce qu’il a fait était mal ! On ne traverse pas sans regarder à droite et à gauche.
- Mais il était paniqué !
- Car il est trop sensible ! Tu vois, c’est mauvais.
- Attends, attends. Je te rappelle qu’il est parti en panique car on parlait de ses amis qui ont disparus et qui peut être sont morts, sachant que sa meilleure amie est vraiment morte il y a quelques mois. Sa réaction était tout à fait normale, encore plus car il est très sensible !
- Tu le chouchoutes trop, c’est tout.
- Bah c’est pas en le terrifiant comme tu faisais avant qu’il va se sentir mieux dans sa peau.
- Et c’est pas en le chouchoutant comme tu fais ACTUELLEMENT qu’il va aussi l’être.
- Je lui donne confiance en lui. Je lui montre que je suis là s’il a besoin et qu’il n’est pas seul. Surtout face à ce traumatisme.»

Five Night At Freddy's : Amy SchmidtWhere stories live. Discover now