🏮 La rose bleue (FxF)

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La Princesse et la rose bleue, conte populaire chinois compilé par Martine Laffon dans le recueil Princesses de légende, aux éditions De la Martinière, 2014.

Il était une fois, dans le vaste empire où se couche le soleil, l'empereur et son épouse qui venaient d'avoir leur deuxième enfant, une petite fille adorable qu'ils avaient prénommées Mei-Yan. À peu près dans les mêmes temps, un musicien du palais qui avait pour épouse une danseuse d'un grand talent, célébrait lui aussi la naissance d'une petite fille. Parce que l'enfant avait les yeux d'un bleu saisissant, elle reçut le nom de Huaqing qui signifie, comme chacun le sait, «Rose Bleue».

Ce musicien et son épouse étaient très célèbres dans l'empire tout entier, et la danseuse avait l'amitié de l'impératrice depuis de nombreuses années. Pour cette raison, Huaqing reçut la même éducation que Mei-Yan et les deux fillettes grandirent ensemble, entourées de l'amour de leurs parents et de chacun des autres enfants de l'empereur dont elles devinrent vite les grandes sœurs. Leurs journées se partageaient entre les classes des plus grands professeurs de l'empire, le temps passé en famille, et des moments de jeux et de complicité, à courir dans les jardins ou se cacher dans la garde-robe de l'impératrice. Mei-Yan savait qu'un jour elle deviendrait la première conseillère de son grand frère Jiahao quand il serait empereur, et elle travaillait dur pour être à la hauteur de ce rôle, Huaqing à ses côtés.

Les années passèrent, renforçant leur amitié et leur relation qui, façonnée par le temps, devint peu à peu autre chose. Tant et si bien que, lorsqu'elles atteignirent leurs vingt-cinq ans, elles étaient éperdument amoureuses l'une de l'autre, sans jamais l'avoir dit à qui que ce soit. On était alors une année après les noces de Jiahao avec le premier prince du Fleuve Hai-Ju, et les plus beaux partis de l'empire tout entier songèrent qu'il était temps d'envoyer leurs demandes pour la main de la princesse Mei-Yan.

En l'espace de quelques semaines seulement, le palais impérial fut envahi de lettres, de messagers et de convois d'ambassadeurs, chargés de présents, d'artistes et de lettres fleuries. Il y avait des demandes très poétiques et d'autres plus pressantes, des serments d'amour éternel et de grands compliments, des objets merveilleux, précieux et exotiques, et tout ce que l'on pouvait imaginer de plus beau et rare pour une demande en mariage. Mais puisque son cœur était déjà pris, Mei-Yan n'entendait certainement pas accepter une seule de ces demandes, aussi elle s'en alla trouver son frère et son époux pour chercher conseil auprès d'eux.

- Da-ge ! J'ai besoin de ton aide, et aussi de celle d'Hai-Ju !

Un peu désespérée, elle leur exposa son problème en avouant qu'elle aimait déjà quelqu'un et ne pouvait pas se résoudre à accorder sa main à une autre personne. Elle avait entièrement confiance en son grand frère, qui devinait très bien à qui elle avait donné son cœur mais qui ne dit rien à ce sujet. À la place, il se tourna vers son époux avec un sourire doux qui pétillait d'intelligence.

- Demande une condition à toutes les personnes qui prétendent à ta main, lui conseilla le prince du Fleuve. Une condition qui peut paraître impossible à remplir, mais que ton véritable amour saura accomplir sans difficulté. Tu es la première fille de l'empereur, tout le monde comprendra que tu réserves ta main à quelqu'un qui en sera digne.

À eux deux, ils eurent tôt fait de l'aider à trouver quoi demander à ses prochains prétendants, avec l'espoir que son véritable amour comprenne l'allusion et en profite pour venir faire sa propre demande. Une fois leur plan arrêté, Mei-Yan remercia son grand frère et son mari, puis elle alla trouver ses parents pour leur annoncer.

- Je ne souhaite pas unir ma vie à n'importe qui, dit-elle doucement. Voir Jiahao heureux aux côtés de Hai-Ju me conforte dans ma certitude de vouloir me marier à quelqu'un que j'aimerais de tout mon cœur. Voilà pourquoi je ne veux épouser que la personne qui saura m'apporter une rose bleue.

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